Ian Kershaw : la tentative d’élimination du Führer
Par Régis Sully – bscnews.fr/ Le 20 juillet 1944 Hitler et certains de ses collaborateurs échappaient miraculeusement à un attentat . La bombe avait été placée par les soins du colonel Claus von Stauffenberg au QG du Führer situé en Prusse orientale. Cette tentative d’éliminer le dirigeant nazi est connue. Ce qui l’ est moins c’est que cet attentat avait été précédé de plusieurs essais qui poursuivaient le même objectif: débarrasser l’Allemagne d’Hitler. Le livre de Ian Kershaw, l’opération Walkyrie juillet 1944 relate les multiples épisodes qui faillirent coûter la vie au dictateur surtout à partir de mars 1943.
Les conjurés étaient tributaires des opérations militaires sur les différents fronts. La défaite de Stalingrad en février 1943 qui mit fin au mythe de l’invincibilité des troupes du troisième Reich stimula les ardeurs des opposants au régime nazi. Le Reich était sur la défensive et les perspectives de la victoire s’éloignant créaient les conditions favorables à une telle entreprise. Eliminer le Führer n’était pas suffisant il fallait s’emparer du pouvoir, bref l’assasinat du dirigeant nazi devait être suivi d’un coup d’Etat. C’est l’opération Walkyrie ourdie depuis Berlin par des officiers de l’armée de réserve.
Le mérite du livre de Ian Kershaw, outre celui de rappeler les nombreuses tentatives qui ont précédé le 20 juillet 1944 est de dresser la liste des principaux conjurés, de leurs motivations et des difficultés à franchir le pas car n’était-ce pas trahir sa patrie alors que celle-ci était en danger?Dans l’armée allemande, la légende du coup de poignard dans le dos était encore vivace depuis la première guerre mondiale. Désobéir n’était pas simple pour des officiers qui avaient prêté serment. Qu’envisageaient-ils après le coup d’Etat? Comment voyaient-ils l’issue du conflit dans l’hypothèse où l’attentat réussirait? Le livre apporte des indications sur les différents groupes d’opposants malgré la volonté des Alliés d’obtenir une capitulation sans conditions. Hitler survécut à l’attentat et le coup d’Etat avorta. Quelle fut l’ampleur de la répression? Comment l’opinion allemande reçut-elle la nouvelle ? S’était-elle réjouie de voir Hitler vivant? C’est à toutes ces questions que le livre de Ian Kershaw apporte une réponse.
Dans la plupart des cas, le renversement d’un régime dictatorial ne peut venir que des cercles dirigeants proches du pouvoir avec le concours des militaires ou de l’effondrement du pays sous l’assaut des armées ennemies. Ce qui fut le cas pour le régime nazi. Si on se réfère au livre du même auteur « La Fin » publié au Seuil, en l’espace de dix mois de juillet 44 à mai 1945 le nombre de civils allemands qui ont trouvé la mort fut supérieur à celui des années précédentes. L’invasion puis l’occupation après janvier 1945 furent la cause d’un demi million de morts.Les conjurés voulaient abréger les souffrances de leur pays, ils n’y sont pas parvenus. Ce livre retrace avec minutie le contexte dans lequel a eu lieu l’attentat du 20 juillet 1944.
L’opération Walkyrie juillet 1944 – la chance du diable
de IAN KERSHAW
Collection Champs histoire Flammarion – 7 euros
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