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NINA BOURAOUI

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Nina Bouraoui est née en 1967 à Rennes. Elle est notamment l’auteur de “La voyeuse interdite”, qui fut couronné du prix du Livre Inter 1991, “Le jour du séisme”, “Garçon manqué”, “La vie heureuse” et “Poupée Bella”, parus chez Stock. Sans oublier que son livre “Mes mauvaises pensées” a obtenu le Prix Renaudot en 2005. Le prochain “Appelez-moi par mon prénom” paraît en septembre aux Editions Stock. Le BSC NEWS Magazine a rencontré pour vous Nina Bouraoui.

propos recueillis par

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Nina, comment en êtes vous venue à l’écriture?
J’ai toujours voulu écrire. Dès la maîtrise des mots, à l’âge de huit ans. J’y voyais un formidable espace de liberté, une force aussi, propre à la création. Je n’ai jamais perdu mon élan. Je me suis toujours considérée comme une artiste avant d’être un auteur. J’avais cette deuxième vie en moi, ce regard qui voit derrière les choses. L’écriture a été une manière de fixer le temps, la mémoire, de redéfinir le monde qui m’entourait.
Faire publier son premier livre, facile ou difficile, au regard de votre expérience?
J’ai envoyé mon premier roman par la poste fin mai 1990. Les Editions Gallimard m’ont répondu trois jours après. Pascal Quignard a été mon éditeur pendant trois ans avant ma rencontre avec Jean-Marc Roberts que je n’ai plus quitté. Je crois que la rencontre d’un texte avec son futur éditeur relève en partie du rendez-vous amoureux, avec toute la part de hasard et de subjectivité que cela implique. Je n’avais que vingt trois ans et on m’a donné ma chance. Je n’oublie pas.

D’après vous, qu’est ce qui fait la différence pour parvenir à séduire un éditeur?
Je crois qu’il faut avant tout s’adresser aux éditeurs qui publient des textes qui vous ressemblent.
Ecrire n’est pas séduire. Il faut rester au plus près de soi, ne jamais se trahir. Et puis, travailler, travailler, travailler. J’ai toujours un souci de perfection. Une volonté aussi d’avoir ma propre voix. Un jeune auteur devrait toujours se soucier de son style, de son souffle. L’écriture est une course qu’il faut savoir tenir.

Comment expliquez-vous toutes les difficultés que rencontrent les auteurs méconnus pour publier?
Je n’ai pas vraiment de réponse à cela, chaque cas étant différent. Je sais que les éditions Stock publient régulièrement des romans arrivés par la poste. Il y a peut-être aussi le facteur chance. Je ne sais pas. Je comprends le désarroi d’un auteur qui n’arrive pas à se faire publier.


Quel est le ou les conseils que vous donneriez à nos lecteurs qui cherchent à publier mais sans succès?

Si l’écriture devient un impératif et non un simple plaisir, il faut continuer. Ne pas hésiter à envoyer ses textes. Tenir compte des remarques. Se remettre, sans cesse, en question.

Nina, comment votre succès est-il arrivé?
J’ai eu la chance d’obtenir le Prix du Livre Inter dès mon premier roman. J’ai été « exposée » très jeune. Mais j’ai aussi dû faire mes preuves, après. Construire un édifice, recommencer à chaque fois. J’ai connu des périodes assez terrifiantes, de non-écriture. Chaque nouveau roman est un premier roman pour moi. C’est ma manière de travailler et d’avancer. En période d’écriture, j’ai le sentiment d’avoir accès à un deuxième monde. C’est une façon de doubler la vie. C’est une expérience sensuelle, je n’ai jamais séparé le corps de l’esprit. Je reste, avant tout, une artiste. J’ai eu une deuxième chance : Le prix Renaudot en 2005. J’ai connu certains échecs aussi même si le véritable échec selon moi est de ne plus écrire du tout.
Il n’ y aucune explication au succès ou au manque de succès. Mon éditeur a cette phrase très juste: Un écrivain n’est pas coupable.

Que diriez-vous à nos lecteurs pour les inciter à lire votre dernier roman « Appelez-moi par mon prénom » à paraître le 4 septembre aux Editions Stock?
Mon prochain livre, “Appelez-moi par mon prénom” est une histoire d’amour entre une femme qui écrit et un jeune homme qui la lit. J’ai voulu écrire une histoire très romantique, proche de l’amour courtois, reposant sur une correspondance et des projections. C’est mon premier roman écrit à l’imparfait (temps de la mélancolie selon moi). J’ai choisi une forme classique pour d’écrire les débuts de la passion.

Pour finir, vous avez déclaré dans l’un de vos interviews précédent « L’écriture, c’est mon vrai pays, la seule terre que je maîtrise « . Est-ce plus vrai aujourd’hui qu’avant?

Oui, de plus en plus. Chaque livre est mon nouveau continent. L’écriture est devenue ma seule définition. J’aime appartenir au pays des mots, au pays de la création. Avec l’amour, c’est la seule façon pour moi de supporter la violence du monde et son écrasement. Il me semble vivre une époque qui manque de sens. L’écriture est une forme de résistance au vide.

Propos recueillis par Nicolas Vidal

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