Les opportunistes : le portrait d’une Italie vénale et jamais satisfaite

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Par Ewa Crétois – bscnews.fr/ A la veille de Noël, un cycliste est renversé par un SUV sur une petite route provinciale de la Brianzia où vit, près du lac de Côme, la très riche famille Bernaschi. A la tête de cet empire: Giovanni Bernaschi, grand magnat de la finance. Courtisé de toute part pour son argent, il fait la rencontre de Dino Ossola, agent immobilier véreux, au bord de la faillite. Tous deux partagent les mêmes idéaux: argent, pouvoir, profit. L’un rêve d’une richesse perpétuelle tandis que l’autre désire la chair de cette-dernière: pour preuve le baiser que Dino quémande pitoyablement à Carla Bernaschi, cette riche et belle femme qu’il ne pourra jamais posséder. Alors que la caméra change de point de vue, on en apprend davantage sur les circonstances de l’accident. La division par chapitre pour chaque personnage fait tomber les masques, écaille les dorures, et laisse entrevoir une réalité humaine, bien trop humaine pour ces gens que l’on admire, tant pour leur richesse, leur éducation que pour leur raffinement.

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Mais tout le monde a ses failles… Véritable analyse sociologique du bien-être sans bonheur, Les Opportunistes nous offre à voir une Italie cupide, vénale, éternelle insatisfaite, courant à sa perte, au risque d’entraîner bien du monde dans sa chute.
Si le changement de point de vue permet un éclairage nouveau indispensable à la bonne compréhension du film, il va s’en dire que la redondance de certaines scènes, même avec le changement de point de vue peut s’avérer agaçante. On peut également reprocher aux distributeurs français la mauvaise traduction du titre « Les Opportunistes« , « Il capitale umano » en version originale, littéralement la pièce manquante du puzzle.
On salue la performance de Valeria Bruni-Tedeschi dans son rôle de Carla Bernaschi, bien trop consciente de n’avoir plus aucun intérêt aux yeux de son mari, pas plus qu’aux yeux de son fils. L’univers luxueux dans lequel elle évolue ne suffit plus à la satisfaire et lui renvoie une image de femme au foyer esseulée qui la ronge. Mais également celle de Fabrizio Bentivoglio (Dino Ossola), très convaincant en archétype du nouveau bourgeois arriviste qui cherche à se faire une place dans un monde qui n’est pas le sien, en se liant d’amitié avec le grand homme d’affaire qu’est Bernaschi et en envoyant sa fille Serena, dans un lycée huppé qui ne correspond pas à son milieu social. Paolo Virzi signe ici un drame de tout un monde, pas seulement italien : une métaphore de notre monde contemporain. Récompensé de 7 David di Donatello par l’Académie du film italien, en lice pour les oscars 2015, Les Opportunistes a su largement convaincre le public. Un énième drame chez les bourgeois ? Certainement pas. Les vingt premières minutes sont là pour vous induire en erreur mais c’est à voir absolument !

Les Opportunistes ( Titre original :Il capitale umano)

Date de sortie dans les salles en France : 03 décembre 2014
Durée :1h51 min
Réalisateur : Paolo Virzi
Avec : Valeria Bruni-Tedeschi, Valeria Golino, Fabrizio Gifuni…

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