Le dico des gros mots cachés – Une impertinence cultivée et rigolote
C’est bizarre les mots ; ça tient à peu de choses. Un peu trop d’académisme, un rien d’indifférence et les voici noyés dans les flots trop larges des indispensables sur lesquels on ne pose jamais le regard. Petites mains des moindres pensées, des embryons d’idées, des grands projets et des rêves assumés, chair à stylo des grands textes et des petits billets, squatters anonymes des coins de table et des incunables millénaires.
Les mots restent et nous passons, eux mendiants de la rue, nous fanfarons ingrats… Heureusement, certains d’entre nous savent prendre le temps. De s’arrêter, de savourer l’instant, de profiter de la rencontre. S’arrêter sur les mots, c’est un peu comme croquer un bonbon inconnu : l’enveloppe est souvent trompeuse, qui réserve des saveurs acidulées souvent, pimentées parfois.
Edith a la curiosité saine des enfants coquins. C’est d’ailleurs une conversation avec sa fillette qui est à l’origine du « Dico des gros mots cachés dans les mots » (Libres et ris ! éditions). Une discussion qui s’est terminée sur ce petit conseil malin : « Si tu veux dire des gros mots sans te faire gronder, tu ne dis que des gros mots qui sont cachés dans les mots normaux, d’accord ? Ouvre bien tes oreilles ! Allez file ! »
L’impertinence cultivée et rigolote, on ne fait pas mieux. Car ne vous y trompez pas : Edith ne joue pas innocemment au pipi caca. Ici on « fait » certes, mais on fait dans la scatologie lettrée, dans l’étymologie qui ne poète pas plus haut que ça mais se réfère au très sérieux « Nouveau Petit Robert ».
Bien sûr, certains fronceront le nez, sentant dans cette valeur sûre au « caca rente » comme un appel salace et espiègle à sortir les gros mots de leur fange. Le quatrième de couverture annonce fièrement que ce petit pavé rose fera la joie des « zobs cédés textuels » bloqués dans des coinstots bizarres.
Le dico présente un peu plus de 250 gros mots cachés dans les mots, de « acculé » à « les obtus », avec bien sûr, pas mal d’entrées en « bit »,, « con » et « pine »… De quoi faire fuir, à défaut des serrés du cul, les étroits d’esprit qui confondent audace et vulgarité. A ceux-là, Edith rétorque : « Si votre pif est pudibond au point de défaillir, reposez cet ouvrage. Sinon, abordez-le avec humour et pertinence ».
Au final, vous ne regarderez ni n’entendrez plus les mots de la même manière… Du container à la compote, du suspect à la pipelette. Petites définitions piochées au hasard : « Compassion : sentiment qui pousse les femmes à partager le mâle d’autrui » ; « connue : qui passe inaperçue quand elle est habillée ».
Il faut prendre garde à ne pas tout dévoiler des définitions et laisser à chacun le plaisir de suivre les circonvolutions linguistiques de Madame Edith. La place est libre, profitez-en !
Le « Dico des gros mots cachés dans les mots » (Libres et ris ! éditions).
Par Olivier Quelier
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