Dominique Barbéris : l’eau qui dort
Par Marc Emile Baronheid – bscnews.fr/ Une petite localité de montagne, proche de la frontière. L’an 2000 se fait pressant. Un homme en rupture de ban est venu s’y réfugier. Il se dira employé par EDF, attendant les travailleurs qu’il va diriger. Il a commandé le menu le plus cher agrémenté d’un vin de qualité, tant il est vrai que dépense inspire confiance. Pourtant il n’a plus le sou, faute d’oser encore les transactions bancaires qui laissent des traces.
Il se promène dans l’indifférence générale. Plus tard, des langues se délieront. Surtout celles qui n’ont rien à dire, ou pas grand-chose. « Ils devaient en parler des années après. Des années à reprendre la même conversation, à refaire l’histoire, à régler leurs comptes. Des années après, la femme répéterait : « Tu ne m’écoutais pas ; c’est toujours pareil. Je te l’avais dit ». Dans l’intervalle, l’inconnu aura commencé d’intriguer, séduit une femme, soufflé la chandelle d’une vie, perturbé le cours serein des choses, ridé la surface du lac d’indifférence. Et Dominique Barbéris aura montré à nouveau combien elle excelle à rendre les atmosphères de province, à ne pas trop en dire, à rendre le lecteur curieux de la suite. Entrée en littérature à 38 ans (1996) aux éditions Arléa, si habiles à dénicher les talents, elle est passée immédiatement chez Gallimard, où elle signe un septième livre, roman noir pour couverture ivoire, qui confirme une avancée lente mais sûre vers la qualité. Pour atteindre quoi ? La dernière phrase propose une réponse : « Après, je ne sais pas ».
La vie en marge
Dominique Barbéris
Editions Gallimard
Prix : 15,90 euros
( Photo D.R)
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