Mecanhumanimal : Partez en exploration avec Enki Bilal
Par Florence Gopikian Yeremian – bscnews.fr/ La nouvelle exposition du Musée des arts et métiers à des allures post-cataclysmiques. En parcourant les nombreuses salles mises à la disposition du dessinateur Enki Bilal, le visiteur a l’impression d’être projeté dans un futur indéterminé et d’y retrouver les traces d’une civilisation perdue : un voyage à mi-chemin entre les dessins visionnaires de Bilal et les inventions scientifiques du CNAM.
L’exposition s’ouvre sur un immense index de cuivre provenant de la main de la Statue de la liberté. Ce morceau de carcasse métallique conçu par Bartholdi nous invite froidement à pénétrer dans une sorte de vaisseau spatial regorgeant d’images et d’objets rescapés d’un autre temps. Dans une ambiance sombre et sourde, on traverse des sas aux murs tapissés de créatures étranges et hybrides : qui sont ces êtres bleus au crane rasé ? Ces femmes pièges aux cheveux azur ou ces Kuanos dénudés connectés à des matrices ? Derrière ces personnages fantasmagoriques se dressent également des dessins de villes sans âme et des métropoles post apocalyptiques où errent des silhouettes silencieuses et robotisées. (Photo 3 – 32 décembre) Au fil des salles apparaissent peu à peu des carcasses préhistoriques de limules à sang bleu ainsi que de grandes vitrines semblant protéger des « objets-reliques ». Telles des capsules transparentes, ces grands reliquaires de verre nous laissent découvrir des inventions biscornues et rétro futuristes : quelle est donc la fonction de ce Robot Varape ou l’usage de ce ballon stratosphérique ? A quoi peuvent bien servir ce Dinodondoyeur à vent et ces machines à découdre ? Et que dire de ce moulineur de verbe ou de ce morbide distributeur de radium destiné aux ablutions quotidiennes ?
Parmi cette foule de machines abracadabrantes, soigneusement sélectionnées par Bilal, transparait une réflexion lucide sur l’évolution des liens entre l’homme, l’animal et la machine. En effet, ces objets habituellement conservés dans les réserves baroques du Musée des arts et métiers ne sont nullement anodins: ils reflètent tous une facette de l’inventivité humaine.
Par delà son titre, le néologisme, Mécanhumanimal est une exposition-installation qui nous offre non seulement une revisite de la sublime œuvre picturale de Bilal mais également une mise en parallèle des mécaniques ancestrales et des technologies futuristes. A ce propos, ne ratez pas le Script Walker qui se situe parmi les miroirs de la salle des planètes. Cet objet imaginé par Bilal dans son album « La femme piège » a été conçu en 3D par Dassault Systèmes afin de compléter cette exposition: via une borne interactive en accès libre, il vous permet d’expérimenter une petite séquence de réalité augmentée.
Si malgré la richesse de cette aventure spatiotemporelle, vous n’êtes pas rassasié, surtout n’hésitez pas à parcourir les autres pièces du Musée des arts et métiers : dans ce lieu fourmillant de sciences et d’inventions sont conservés plus de 2500 objets reflétant l’histoire des techniques ! Vous y dénicherez, entre autres, la véritable caméra des frères Lumière, la machine arithmétique de Pascal, l’avion révolutionnaire de Clément Ader (photo 11 – Superposition – Avion) ou le fameux pendule de Foucault qui ne cesse de nous démontrer que la terre tourne !
Mécanhumanimal : Enki Bilal au Musée des arts et métiers
Musée des arts et métiers
60, rue Réaumur – Paris 3e
Métro : Arts et métiers ou Réaumur Sébastopol
Jusqu’au 5 janvier 2014
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h30
Fermé le 25 décembre 2013
Visite guidée du mardi au vendredi à 15h30
Samedi et dimanche à 14h et 15h30
http://www.arts-et-metiers.net/
Le catalogue de l’exposition a été édité chez Casterman : Mécanhumanimal – Enki Bilal – 168p – 27€
A lire aussi:
Art : les croquis d’Edward Hopper
Yousuf Karsh : un très grand portraitiste à redécouvrir
De l’expo au livre: un hymne vivant à la civilisation étrusque
Masculin / Masculin : Où est le Mal(e) ?
Fan des Sixties : l’exposition de Roger Kasparian est pour vous!
Musée d’Orsay : La collection américaine des Hays ? Une passion française !