La Folk Therapy de William Fitzsimmons
Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ William Fitzsimmons était à Paris le 14 décembre dernier. En concert à la Loge, il effectuait la seule date française de sa tournée européenne. Pour sa première partie, il avait invité Dennis Witmer, un autre natif de Pennsylvanie. Ensemble, les deux folkmen nous ont concocté une soirée planante des plus « cosy ».
Avec ses ballades à la Garfunkel, Dennis Witmer a offert au public une introduction pleine de quiétude. Accompagné de ses trois guitares, il a multiplié les arpèges et les mélodies douces refusant même de brancher ses amplis pour conserver le côté intimiste de sa prestation. À travers une voix évanescente et fragile, il a évoqué ses doutes de l’entre-deux-âges, chanté pour son fils Asa et rendu un hommage personnel à Bob Marley. Entre folk et lullaby, il nous a conviés à une parenthèse suave et réconfortante avant de céder la place à son compatriote, William Fitzsimmons. Cela fait près de dix ans que Fitzsimmons mène en parallèle une carrière de chanteur et de psychothérapeute. Sa folkmusic n’est pas vraiment connue du public français et cela est réellement regrettable car elle possède un caractère à la fois poétique et thaumaturge. Soudé à sa guitare acoustique, ce ménestrel du XXIe siècle sait parfaitement en chatouiller les cordes pour faire sortir d’envoûtantes spirales de recueillement. Dès que sa voix s’élève, on a l’impression qu’il se confesse ou qu’il nous chuchote d’intimes secrets à l’oreille car Fitzsimmons entonne comme il pense, sans mensonge ni fioriture. Ses écrits parlent d’amour, bien sûr, mais aussi du divorce de ses parents, de sa trop longue solitude ou même de son propre couple qui s’est lui aussi fragilisé avec le temps… Soulignés par les mélopées de sa guitare, ses refrains ressemblent à des prières que l’on récite pour trouver la paix et faire le vide en soi. Semblable à de douces incantations, ils ont un effet thérapeutique et emportent les auditeurs vers d’apaisants chemins de traverse. Lorsque Fitzsimmons nous raconte ses souvenirs et ses errances, on a le sentiment de marcher à ses côtés, de partir pour une promenade solitaire bercée par la chute ouatée de doux flocons blancs. Nos yeux se ferment, nos autres sens s’éveillent et l’on se laisse porter comme un enfant qui dévale un vallon pour embrasser le monde. C’est enivrant, grisant et pourtant si proche de notre réalité qui peut passer d’un bonheur extrême à la tristesse la plus sombre. William Fitzsimmons a justement le talent d’évoquer sa douleur en la maitrisant : avec ses yeux clos qu’il serre jusqu’à la grimace, ce messager chantant nous fait parfois penser à un drôle de Christ Dolorosa. On se rend cependant vite compte qu’il adore user de ces mimiques théâtrales pour se jouer de son public. La sérénité et le calme apparent de cet américain rustique cachent, en effet, beaucoup d’humour et d’autodérision, ne serait-ce que dans l’image qu’il donne à voir de lui-même : avec ses cheveux aussi courts que sa barbe est longue, il cultive une allure à mi-chemin entre celle d’un pionnier débarquant dans le Nouveau Monde et celle d’un Prophète des Seventies. Proche de ses fans qui le lui rendent bien, il n’hésite pas à entrer en communion avec eux en délaissant souvent sa scène pour chanter parmi son public.
Si vous ne connaissez pas encore Fitzsimmons et que le monde actuel va vraiment trop vite pour vous, prenez le temps de découvrir sa musique itinérante. Ce folkman a déjà plus de cinq CD à son actif ! De quoi vous faire patienter jusqu’à sa prochaine visite de l’Hexagone, au printemps 2014. A titre indicatif, commencez par écouter les titres suivants : « Beautiful Girl » vous fera frissonner de douceur, « Passion » vous envoutera comme la pluie rouge de Peter Gabriel, « Everything has changed » vous fera décoller, et son dernier morceau « Centralia » vous convertira définitivement … Fitzsimmons ? Un messager thaumaturge, vous dit-on !
Les albums de Fitzsimmons:
“Lions”: sortie prévue en 2014
“Gold in the shadow” (2011)
“The sparrow and the crow” (2008)
“Goodnight” (2006)
“Until when we are ghosts” (2005)
http://www.williamfitzsimmons.com/index.php
http://denisonwitmer.com/
William Fitzsimmons et Dennis Witmer étaient à la Loge le 14 décembre 2013 , 77, rue de Charonne – Paris 11e
Crédit-photo : Erin Brown
A découvrir aussi:
Albin de la Simone : dandy jusqu’au bout de l’homme
Please Kill Me : le bel hommage de Mathieu Bauer au Punk
La face cachée de la lune : un hommage de passionnés aux Pink Floyds