Par Albine Dufouleur – bscnews.fr /Faire ses marques. Rentrer en contact avec l’œuvre.

L’arpenter d’un bout à l’autre selon son propre itinéraire. C’est dans cette optique que s’inscrit l’installation labyrinthique de Markus Schinwald dans la nef centrale du CAPC de Bordeaux. Le pari est osé. Faire déambuler des centaines de spectateurs dans cet espace imposant, à l’allure de trompe-l’œil géant avec ses hautes barres de laiton coruscant qui fractionnent l’espace d’un bout à l’autre. La musique inquiétante qui tapisse le fond du décor ne peut que confirmer ce parcours initiatique et onirique introduit par l’artiste autrichien. Le résultat est prodigieux : l’atmosphère créée parvient à cet équilibre de contraires : elle berce, interroge et oppresse chacun dans un cocon singulier, celui de l’univers mental de l’artiste. A quelle échelle se positionner ? A quel espace se mesurer ? Une vision terre-à-terre pourrait bien vous figer en marionnettes lugubres aux mouvements mécaniques… Un regard vers le haut, vous faire trébucher, glisser vers un ailleurs : celui du néant ou de la création ? Droit devant, la poésie et l’échappée impossible des rêves s’offrent au spectateur par des peintures de ciels agités suspendus dans les airs. Si chacune des directions que le regard emprunte offre une vision partielle de la réalité, où se tourner ? Quel point de vue adopter ? On dit qu’un observateur invisible situé au sommet de l’escalier métallique à la spirale ascendante aurait la réponse… La présence de l’escalier est certaine, celle de l’observateur, seulement prétendue. Alors, qui croire ? Si l’œuvre ne fournit aucune réponse, elle incite tout au moins à gravir ces étages mentaux. Avancer, rester en mouvement, se questionner et renverser son regard, l’exercice n’est pas gagné mais les dés sont jetés.

Du 16 mai 2013 au 15 septembre 2013

A voir également à Bordeaux :
La Sentinelle (Jusqu’au 8 décembre 2013)
Sylvia Sleigh (Jusqu’au 1er septembre)

Plus d’informations sur : http://www.capcbordeaux.fr/en/actuellement-en