Comment êtes-vous « entrée dans le cirque »?
J’ai lu « Martine au Cirque » quand j’étais petite et je rêvais d’être bohémienne. Ensuite j’ai fait beaucoup de danse, gym, dessin, arts plastiques et poésie à l’école Decroly de Bruxelles et un master en psychologie des pratiques corporelles à Montpellier. Entre ces deux périodes j’ai été artiste de cirque et j’ai voyagé sur les routes avant d’être formatrice, conseillère artistique et metteuse en piste. L’été 1978 j’ai rencontré le « Cirque Bidon » en roulottes à cheval et je suis partie avec eux…Avec Pierrot Bidon, mon compagnon, nous avons énormément joué en voyageant en France et en Italie pendant 6 ans, à la suite de quoi nous avons fondé « Archaos, cirque de caractère » arrivé à Alès en 1986, accueilli par Marie Claire Gely sur la Verrerie de Rochebelle.
Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots, puisque vous en la directrice des formations professionnelles, quelles sont les spécificités du centre des arts du cirque Balthazar?
A Alès, j’ai créé l’école du Salto et la Compagnie Balthazar, qui en migrant à Montpellier est devenu le centre des arts du Cirque Balthazar, il est donc issu de cette épopée. C’est avant tout une école d’art, elle est constituée de trois volets interactifs : la pratique amateur, la formation professionnelle et le centre de ressources artistiques et pédagogiques. Chaque domaine génère une multitude de projets qui sont reliés les uns aux autres.
Comment peut-on postuler? quels sont les critères et les dates-clé à retenir?
Nos formations professionnelles sont différentes selon le public qu’elles forment : soit des pédagogues, soit des artistes, soit des professionnels d’autres domaines. Celle qui forme de jeunes artistes est importante, elle sert un programme régional d’expérimentation, recherche et innovation sur un ou deux ans, selon les candidats, certains peuvent même rester une troisième année. Les candidats postulent en remplissant un dossier (avril) puis passent des tests de présélections (juin) et au vu des prérequis ils seront sélectionnés pour la formation débutant en octobre.Toutes les informations figurent sur le site . Il faut bien sûr une très bonne condition physique, des bases d’acrobatie, danse ou théâtre et une réelle motivation.
Le partenariat avec le Printemps des Comédiens dure depuis plusieurs années… pouvez-vous nous expliquer l’histoire de ce partenariat, sa durée exacte et ses enjeux? y-a-t-il d’autres festivals où ces jeunes circassiens exposent leur travail?
Le partenariat avec le Printemps des comédiens dure depuis très longtemps, il a commencé il y a environ 15 ans et s’est poursuivi avec le spectacle de fin de promotion de la formation professionnelle chaque année. Il est important car il fonde véritablement la carrière de jeunes artistes, c’est une aventure extrêmement riche pour eux comme pour moi qui les met en piste depuis 7 Printemps ! Bien qu’il soit reconduit chaque année cet événement constitue une expérience artistique et pédagogique absolument unique puisque les stagiaires mettent leurs projets personnels au service d’une recherche collective que nous choisissons, que je stimule et dont je suis garante. Ils commencent la formation par des expériences en petits groupes au festival de Circa à Auch dans le cadre de la fédération française ou de la fédération européenne, ils poursuivent en préparant un travail collectif pour l’agglomération à Noël, ils préparent ensuite des soli et enfin la création du Printemps. A travers ces recherches-créations qui ne seront jouées que 6 fois, le centre des arts du cirque Balthazar expose une fois par an son travail et ses préoccupations, ainsi on peut suivre également une action pédagogique longitudinale et une démarche artistique en évolution. Pour ma part, c’est un véritable laboratoire créatif qui me permet de poursuivre un cheminement artistique commencé depuis longtemps : poésie corporelle, accumulation et récupération de matières diverses, collage, émergence et condensation des sensations, des images et des propos, explorations, contrastes et hybridations, découvertes de résonnances en amenant toujours d’autres….
Dans Instables Oui Monsieur! , quelles disciplines de cirque seront représentées?
Les différentes disciplines de cirque que sont mât chinois, fil de fer, corde lisse, trapèze, cadre aérien, acrobatie, jonglerie, équilibres, roue cyr interagissent avec hip hop, danse, jeu d’acteur et autres arts.
Lors de la formation des élèves de l’école ( qui se déroule en deux ans il me semble), les élèves ont-ils des spécialités et font-ils des choix de formation…ou suivent-ils tous le même enseignement généraliste?
La formation est fondée sur la résonnance entre formation et création artistiques, c’est pourquoi les stagiaires ont des cours réguliers -qu’ils soient théoriques ou pratiques- et des ateliers ponctuels en commun mais également des travaux de recherches personnelles dans leur spécialité ainsi que des aménagements permettant un positionnement selon le niveau et le projet de chacun tout comme différents stages en alternance. De plus, le programme s’individualise petit à petit sur les deux ou trois ans.
Enfin, dans Instables Oui Monsieur! , vous avez travaillé sur le thème de l’instabilité…quelle ont été vos sources d’inspiration et vos pistes de travail ?
La première source est un ressenti général de ce groupe de jeunes, exprimé d’abord différemment par chacun lors d’un atelier d’écriture et trouvant son expression commune dans le titre choisi tous ensemble. « Instables ? … Oui Monsieur ! » : Vous nous trouvez instables, nous l’assumons. Pour certains, il s’agissait de leur choix, ou de leur futur métier, pour d’autres de la vision des adultes sur la jeunesse, pour d’autres encore de la prise de risque, ou bien du voyage, ou de la crise, ou du monde, ou de nos rapports à la folie….Ensuite le travail du thème « instabilité » a permis d’élargir l’horizon en l’interrogeant dans différents domaines : la mécanique, la physique, la chimie, la biologie, la météo, l’économie politique, la psychologie, la physiologie, la philosophie, la littérature, les arts plastiques…Nous avons réuni énormément de matière en commun, puis chacun a travaillé depuis son point de vue sur la question, physiquement, à partir des sensations et du mouvement, psychologiquement, à partir des émotions et de l’imaginaire, intellectuellement, à partir de pensées et de textes. Un texte de Prigogine nous a semblé particulièrement intéressant car il traitait de l’organisation innovante générée par l’instabilité. Elle était donc positive et même nécessaire…
> Du 6 au 11 juin 2013 à 20h30 et Le 12 juin 2013 à 20h30 et 22h30 au Printemps des Comédiens (Montpellier)
> Le site du Centre des Arts du Cirque Région Languedoc-Roussillon
http://www.balthazar.asso.fr
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