Alors que la Pologne est accusée par Bruxelles et la France de ne pas respecter l’Etat de Droit, du côté de Varsovie, le choix de la vaccination est libre et aucun polonais n’est discriminé pour ses choix. Florian Marek, chroniqueur sur le site francophone de Tygodnik Solidarność, nous éclaire sur la situation politique et sanitaire chez nos amis polonais.
Quelle est la situation sanitaire en Pologne en ce mois de janvier ?
La situation sanitaire en Pologne n’est pas si différente qu’en France. Les 2 pays ont franchi la barre des 100 000 morts.
Nous apprenons dans votre média Tysol que 13 des 17 membres du Conseil scientifique polonais ont démissionné. Sur quels points portait le désaccord avec le gouvernement ?
Oui en effet, 13 des 17 membres du Conseil scientifique polonais ont démissionné car le gouvernement polonais refuse d’appliquer les mesures liberticides exigées. L’absurdie qui frappe la France et plus largement l’ouest de l’Europe n’a pas franchi l’Odra ( Oder en allemand).
Doit-on comprendre finalement que la Pologne, malgré les attaques répétées de la commission de Bruxelles sur la notion d’Etat de droit, n’a pas fait le choix du pass sanitaire et du pass vaccinal ?
C’est ça, la Pologne présentée comme anti démocratique, ilibérale et ennemie de l’Etat de droit n’a pas mis en place de pass sanitaire ou vaccinal. Il y a tout au plus des jauges pour les évènements publics tels que concerts, ou les rencontres sportives. Il y a des annonces gouvernementales rappelant les gestes barrières et incitant à la vaccination. Les gens sont bien plus libre en Pologne qu’en France. Il faut souligner que, paradoxalement, c’est l’opposition libérale et progressiste de la PO parti de Donald Tusk, qui demande plus de restrictions. Avec le pass ou sans le pass plus de 100 000 morts dans les deux cas, les mesures sanitaires liberticides françaises sont donc, injustifiées.
« La Pologne présentée comme anti démocratique, ilibérale et ennemie de l’Etat de droit n’a pas mis en place de pass sanitaire ou vaccinal. Il y a tout au plus des jauges pour les évènements publics tels que concerts, ou les rencontres sportives »
Quel est le rapport de la population avec la vaccination en Pologne ?
La population polonaise ne se presse pas pour se faire vacciner. Aujourd’hui, 58% de la population a reçu au moins 1 injection. Je ne saurais vous dire si c’est de la méfiance, mais je sais que la notion de consentement libre et éclairé est très importante pour les Polonais. L’article 39 de la constitution polonaise sacralise cette notion. Les Polonais ne sont pas plus bêtes que les Français, ils lisent, ils se renseignent et se font leur avis.
« La notion de consentement libre et éclairé est très importante pour les Polonais. L’article 39 de la constitution polonaise sacralise cette notion. Les Polonais ne sont pas plus bêtes que les Français, ils lisent, ils se renseignent et se font leur avis »
Que doit penser également des propos de Barbara Nowak rectrice du ministère de l’éducation, qui a parlé de « vaccins expérimentaux » dans la presse polonaise ? Quelle a été la réaction sur place ?
Barbara Nowak n’a dit que la vérité. Les vaccins sont en phase 3 des essais cliniques, au niveau européen ces vaccins disposent d’une autorisation de mise sur le marché jusqu’en 2023. La rectrice a reçu le soutien de certains parlementaires de la majorité et du gouvernement. Le Conseil scientifique polonais a demandé à ce qu’elle soit limogée, ce que le gouvernement a refusé. Ce soutien gouvernemental est l’une des raisons de la démission du Conseil scientifique.
En fin d’article, vous écrivez : « Dans un pays rompu au totalitarisme, on sait le prix de la liberté ». Est-ce finalement une donnée fondamentale pour mieux comprendre cette situation ?
C’est plus que fondamental, 6 ans d’occupation nazi et 45 ans de totalitarisme communiste, ça vaccine si je puis dire. Les chefs de l’exécutif polonais l’on vécu dans leur chair. En effet, le Premier ministre Mateusz Morawiecki est le fils de Kornel Morawiecki co-fondateur de Solidarność son père sera condamné à de la prison pour ses idées,Mateusz Morawiecki était le plus jeune adhérent au syndicat Solidarność.
Lech Kaczyński co-fondateur de Solidarność, ancien Président de Pologne et frère de Jarosław Kaczyński patron du parti présidentiel sera interné au camp pour opposants politique de Strzebielinek. Les grands parents du Président Andrzej Duda, ont été membres de la résistance au nazisme et sa femme est la petite-fille d’un juif survivant du camp de Płaszów. En bref, la liberté et chevillée au corps de l’exécutif polonais et plus largement du peuple polonais, ce qui explique les décisions du gouvernement de Varsovie.