Tout d’abord, quelle est votre histoire musicale avec Nina Simone ?
Je l’ai découverte lorsque j’étais adolescente. Elle a eu un tel effet sur moi qu’elle m’a aidé à affirmer ma personnalité. À ce moment-là, je cherchais ma voie et Nina Simone a fait mon enseignement.
Qu’est-ce qui vous fascine chez Nina Simone ?
Elle est fascinante dans le sens où elle a brisé des tabous et repoussa des frontières que vous avez toujours cru comme la vérité. Elle a été importante dans ce sens. Comme quelques personnes dans le monde, elle a été choisie pour faire passer un message. Je le crois vraiment. Elle invite les gens à se réveiller, car il y a une mission pour chacun d’entre nous. On ne peut être heureux quand tant de gens souffrent. C’est en cela que Nina Simone vous dévoile à vous-même et vous redonne vie.
Comment avez-vous préparé un album comme celui-ci ?
Quand j’étais adolescente, je commençais déjà à chanter des morceaux de grands noms de la musique. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à préparer cet album sans le savoir. Pendant les vacances, Nina Simone, Billie Holiday et Ella Fitzgerald étaient mes professeurs. C’était très important pour moi de faire cet album, car ce sont ces morceaux par lesquels j’ai commencé à chanter dans les pubs de Londres comme chanteuse professionnelle.
Toutes ces chansons m’ont donné le courage et une perspective dans mon existence. Nina Simone a été l’une des chanteuses qui m’a fait découvrir « I Love Porgy» ou encore « Don’t explain». J’ai remercié Nina Simone qui m’a vraiment aidé à trouver le courage de le faire. Ce fut une expérience spirituelle. Il y a deux ans, j’ai été diagnostiquée d’un cancer du sein. Il n’y a rien de tel comme épreuve de confrontation à la mort pour vous donner envie d’avancer et faire les choses que l’on aime. Pour la préparation est d’abord émotionnelle.
Puis j’ai fait la connaissance des bonnes personnes que sont Jean Daniel Botta, Laurent Series, Alexander Saada et Daniel Yvnik et Jean-Paul Gonnod. En fait, les chansons que j’ai choisies m’ont choisi avant tout. L’idée était de guérir et de se taire. Je me suis investi dans cette vérité et j’ai signé un contrat avec Universal.
Comment avez-vous choisi les chansons que vous interprétez dans cet album ?
Comme je l’ai dit, les chansons m’ont choisi. Je les connaissais et les ai aimées pour leur pureté et leur puissance. Je sentais que j’avais à présent suffisamment de maturité pour pouvoir me lancer dans leur interprétation. Toutes les expériences de ces chansons, je les ai moi-même vécues donc je les ai comprises.
Quelle est votre touche musicale dans ses quatorze chansons de Nina Simone ?
Guérison, Guérison, Guérison, amour, amour, amour et vérité, vérité, vérité !
Est-ce que vous avez travaillé ces chansons indépendamment les unes des autres ?
Nous les avons enregistrés en direct et d’une seule traite dans le même studio et avec les mêmes musiciens.
Quels sont les points communs entre Nina Simone et Malia ?
Nous sommes des femmes. Nous sommes fortes. Nous sommes vulnérables et nous n’avons pas renoncé à l’espoir. Nous chantons, nous rions, nous pleurons. Nous sommes contradictoires et nous sommes femmes.
Avez-vous pris des libertés avec les chansons de Nina Simone dans cet album ?
Non, pourquoi l’aurais-je fait ? J’ai juste fait ce que je pensais bon. J’aime chanter ces chansons incroyables. Et aujourd’hui, je me sens tellement chanceuse d’avoir cette histoire d’amour avec la musique. Pour «Black Orchid», j’avais confiance dans ma voix et mon interprétation. Je me sentais bien et si confiante en studio avec toute mon équipe qui m’entourait.
Il y a une vraie intimité et des moments de mélancolie sur cet album. N’est-ce pas une part de vous Malia ?
Oui, je suis une grande mélancolique. Il n’y a pas si longtemps que cela, j’aurais pu être soigné pour ma mélancolie. Mais j’ai trouvé quelque chose dans cet état de la beauté que je ressens au plus profond de moi. C’est un état bénéfique pour chanter. Mais lorsque les choses vont mal, cela peut être très néfaste. Pour être honnête, quand je chante, je me sens plus détachée.
Sur cet album, on vous sent totalement libérée, Malia? Est-ce le cas ?
Mon cancer m’a totalement libéré musicalement. Il m’a donné le courage de m’affirmer et de prendre conscience de ma liberté. Je prends des petites mesures pour me sentir bien.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour faire cet album ?
Absolument rien ! Tout s’est mis en place et j’ai surfé sur une vague.
Dans une interview, vous avez dit « l’amour a toujours été un champ de bataille pour moi ». C’est toujours le cas aujourd’hui?
Cela est moins vrai aujourd’hui, car je vieillis et j’espère évoluer. Je suis plus consciente de moi-même plus maintenant. Je sais mieux naviguer. Je sais ce que je dis et j’ai conscience de ce que je fais. J’ai un impact sur ceux que j’aime comme ils ont une incidence sur moi. J’essaie d’être plus responsable en ce sens. Cela peut paraître naïf, mais je travaille encore là-dessus. Et je crois plus que jamais à ce dicton qui dit « aime en premier».
Votre histoire avec Nina Simone semble dépasser le cadre de l’admiration musicale. N’est-ce pas finalement l’histoire de votre existence et de votre intimité?
C’est une histoire à propos de l’être humain et je suis humaine. Oui, c’est mon histoire avec la musique et ma manière à moi d’exister et d’être libre.
Concerts
Le 21 octobre 2012 à l’église de Villars (42) dans le cadre du festival RHINO JAZZ FESTIVAL
Le 8 novembre au Parvis – Scène Nationale de Tarbes ( 65)
Le 12 février 2013 au Volcan – Scène Nationale du Havre ( 76)
Le 14 février 2013 au Hangar – Rouen (76)
Le 16 février 2013 à la Salle Paul-Fort – Nantes (44)
Le 28 mai 2013 au Sémaphore à Cébazat ( 63)
A lire aussi :
Stéphanie Lemoine : un talent jazz fait de joie et de douceur
Yaron Herman : » Je ne peux pas concevoir une vie sans improviser «
Baptiste Trotignon : » Song Song Song » ouvre une nouvelle voix dans le Jazz
Sarah Lenka : » Le jazz me donne la liberté de chanter ce qui me plaît «