Martin Rocca: « Une partie des abstentionnistes ne s’occupent sincèrement pas de politique et préfèrent s’occuper de leurs jardins »

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Alors qu’il n’a que 21 ans, Martin Rocca souhaite se présenter à la Présidentielle de 2022 avec son projet « Constituante pour 2022 ». Pour cela, il a déjà établi les grandes lignes politiques de sa candidature et a entrepris de faire un tour de France afin d’aller à la rencontre des maires. Pour redonner de la vigueur démocratique à la France et faire revenir des millions de Français au coeur des décisions de la nation, Martin Rocca milite pour une assemblée constituante. Entretien avec le plus jeune candidat à l’élection présidentielle.

propos recueillis par

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Comment avez-vous basculé dans l’engagement citoyen ?

Par un certain contexte familial, des lectures, des rencontres… Je me suis toujours intéressé à la question de notre vie en société mais c’est en discutant avec des militants d’Extinction Rebellion que j’ai compris que, malgré mes prises de positions politiques, non seulement je n’agissais en rien pour le changement que j’appelais de mes vœux mais, pire que ça, je les critiquais, eux, qui agissaient. Alors je me suis demandé comment je pourrai être plus utile et j’ai commencé à imaginer le projet qu’est aujourd’hui Constituante 2022.

D’où vous est venue cette idée de réaliser ce Tour de France l’été dernier et quels étaient vos objectifs?
Au printemps 2020 j’avais finalisé mon projet sur le papier : une candidature à l’élection présidentielle, sans programme de gouvernement mais visant uniquement à défendre la rénovation démocratique de nos institutions. Mais tout cela restait trop théorique et j’avais besoin d’une confirmation du réel.
Je suis donc parti à la rencontre des maires en France avec deux objectifs : évaluer la faisabilité de mon projet auprès de ceux sans qui il ne pourrait pas exister et commencer à faire parler de cette initiative partout en France, notamment par le biais de la presse régionale (Ouest-France, La Provence, France Bleu, BFM D !CI…)

Aujourd’hui vous vous présentez à l’élection présidentielle. De façon pratique, où en êtes vous au niveau des parrainages, du financement et des moyens de communication?
Au niveau des parrainages on procède par étape.
On a déjà été en relation avec des dizaines de maires et d’élus, notamment cet été, mais notre objectif à court terme c’est d’obtenir plus de visibilité médiatique.
Pour le financement, même si je continue à travailler en parallèle comme traducteur, j’ai fait en septembre un prêt personnel pour lancer la structure qui nous permettra de mener campagne jusqu’au bout. On va également entamer une grande campagne de don d’ici la fin de l’année.
Et pour ce qui est de la communication, on est aujourd’hui présents sur presque tous les réseaux sociaux et on travaille notamment à développer notre chaîne YouTube sur laquelle on publie maintenant une vidéo chaque semaine.

Pourquoi faire de l’assemblée constituante votre discours de campagne ?
Si la constitution de la Ve République n’a jamais été la plus démocratique, elle a néanmoins permis à la France de sortir de la guerre d’Algérie et de retrouver une certaine stabilité qui a favorisé de nombreuses avancées économiques, sociétales et diplomatiques.
Cependant, la pratique du pouvoir s’est peu à peu dévoyée, la présidentialisation s’est renforcée, notamment avec l’inversion du calendrier électoral en 2001, et les institutions n’ont pas su s’adapter aux dernières évolutions technologiques et sociétales. Résultat : la légitimité démocratique de notre gouvernement s’est peu à peu érodée, réduisant ainsi sa capacité à appliquer un programme face à une opposition populaire grandissante.
Aujourd’hui, si le constat de l’inefficacité de nos institutions est très largement partagé, les solutions à mettre en place sont beaucoup moins consensuelles. Une assemblée constituante représentative de l’ensemble de la société française permettrait de faire s’affronter ces différentes solutions et de débattre dans un cadre rationnel et apaisé. Ce moment de souveraineté extraordinaire assurerait l’élaboration d’une nouvelle constitution, plus démocratique, plus efficace.

Dans quelle mesure la constitution actuelle ne convient plus aux exigences d’une nouvelle démocratie?
Il suffit aujourd’hui d’être soutenu par une minorité fortement mobilisée pour accéder au second tour de l’élection présidentielle et d’être moins détesté que son adversaire pour remporter le pouvoir. Il suffit également du soutien bien réparti de 15% des citoyens pour obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Résultat, notre gouvernement est désigné par un président et soutenu par une assemblée très peu représentatifs.
Tout ce système tient par conservatisme et par la légitimité symbolique qui l’entoure. Mais à mesure que les crises vont se multiplier et les blocages s’accumuler, la responsabilité de la constitution actuelle sera de plus en plus évidente.

 

Pensez-vous qu’une majorité de français appréhendent le manque de légitimité démocratique?
Je pense qu’une large majorité ressent le malaise institutionnel croissant dans lequel on s’enfonce. On a encore pu le voir dans les demandes de réformes institutionnelles portées par certains Gilets jaunes, autour du RIC notamment, mais cela ne date pas d’hier. Déjà les suites du référendum de 2005 avaient profondément choqué une partie de l’opinion publique.
Conséquence paradoxale de cela, une partie minoritaire mais grandissante de la population semble vouloir s’affranchir du concept même de légitimité démocratique et s’en remettre à un pouvoir plus autoritaire, perçu comme antidote efficace aux promesses non-tenues de la démocratie.
Il faut combattre cette tentation tant qu’il en est encore temps. La solution autoritaire n’a jamais été synonyme d’efficacité, de stabilité ou d’avancée. La seule manière de sortir de l’impasse institutionnelle dans laquelle nous nous enfonçons, c’est de reforger le cadre constitutionnel qui confère sa légitimité démocratique à notre gouvernement.

Refaire démocratie en France avec les citoyens est une chose. Mais comment voyez-vous le transfert d’une partie de souveraineté à l’Union européenne?
Depuis maintenant bientôt 30 ans, nous sommes tous officiellement citoyens européens. Je suis bien évidemment influencé par mon âge et mon parcours mais je considère aujourd’hui l’existence de l’Union Européenne comme une évidence.
Cela dit, l’UE sous sa forme actuelle présente un énorme problème de légitimité démocratique. Les règles de son fonctionnement et de ses attributions de souveraineté doivent être rediscutées. Refaire démocratie en France est, ici encore, un préalable indispensable à la conduite d’un débat essentiel sur l’Union.

 

 

Comment pensez-vous parvenir à toucher la majorité de Français qui s’abstiennent?
Une partie des abstentionnistes ne s’occupent sincèrement pas de politique et préfèrent s’occuper de leurs jardins. Ces abstentionnistes « positifs » pourraient même être considérés comme une preuve du relatif bon fonctionnement de notre société.
En revanche, une autre partie, probablement majoritaire, se sont écartés des urnes par scepticisme, par méfiance, par dégoût même. Cet abstentionnisme « négatif » participe au cercle vicieux de perte de légitimité démocratique de notre gouvernement en étant à la fois sa cause et sa conséquence.
Notre proposition de création d’une assemblée constituante se veut être une sorte d’électrochoc démocratique. Tous ces abstentionnistes ne reviendront pas voter du jour au lendemain sur une promesse, mais l’objectif de cette proposition est d’inverser la tendance et d’enclencher un cercle vertueux de démocratisation et de participation politique.

On sent cette présidentielle prend le chemin d’une violence inouïe. Qu’en pensez-vous ?
Cela me fait peur. L’hystérisation du paysage politico-médiatique nous rappelle tous les jours l’urgence de changer notre système politique qui favorise l’accentuation des clivages et décourage la recherche du consensus.
Nos institutions vont changer. La question aujourd’hui est de savoir comment : dans la violence vers l’autoritarisme, ou dans l’apaisement vers la démocratie ?

 

https://www.constituante2022.fr/

 
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