
Gaspard Koenig: « Aujourd’hui, Internet a été récupéré par des oligopoles, nous ne sommes plus souverains sur nos propres données numériques »
A l’occasion de la parution en début d’année de « L’Enfer », un conte philosophique fascinant qui interroge notre époque, ses dérives et ses menaces avec brio, nous avons souhaité poser quelques questions à son auteur, Gaspard Koenig, philosophe, romancier et essayiste, pour en savoir un peu plus sur le regard qu’il porte sur le monde tel qu’il va. Propos recueillis par Anaïs Lefaucheux
Avant d’aborder le roman en lui-même, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre projet appelé « Simple » ?
C’est un mouvement citoyen, plus politique qu’un simple think tank et qui a pour ambition de faire naître une force militante autour du sujet de la simplification et de faire émerger des propositions concrètes sur ce thème. Nous avons mis en place une plateforme qui recueille tous les témoignages qui attestent de la « bureaucratisation de la société », pour reprendre les mots de David Graeber.
Nous avons constaté que s’il existait un dénominateur commun entre tous les citoyens, une « identité nationale » qui met tout le monde sur le même pied d’égalité, c’est bien le formulaire CERFA. La difficulté de notre système, c’est que tout y est encadré par des normes mais que nul ne rentre jamais tout à fait dans une case précise. En raison de sa complexité, le système administratif en devient excluant : rappelons qu’1/3 des citoyens éligibles au RSA ne le touchent pas justement car les démarches sont trop compliquées. Lorsque j’ai parcouru la France l’année dernière, la question de la « paperasse administrative » est souvent revenue dans la bouche des Français, mais c’est un thème peu vendeur qui est donc peu traité. La simplification administrative nécessite toutefois une volonté …