Bruno Bisaro : le roman musical engagé

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Bruno Bisaro est un auteur-compositeur-interprète, personnage singulier se revendiquant de la culture alternative francophone. Bruno Bisaro & Les Ouragans Gris est son deuxième album, conçu comme un roman musical qui mélange savamment les sons et les mots. Rafraichissant !

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Un cheval noir à l’œil rouge infernal plane comme une menace sur une plage ou la vie semble imperturbable. Le visuel de l’album. A l’écoute, les styles cohabitent : pop, électro, un brin de country, du spoken word… On virevolte dans une réalité vacillante, on peut à la fois y émerger, s’y lover ou s’y noyer.

Car ce « roman musical » s’écoute bel et bien comme un livre audio. Au gré de ses pérégrinations, Bruno Bisaro chante ses joies, ses doutes, ses amis disparus, le monde qui l’entoure, errant de villes en continents, mais toujours à la rencontre de l’autre. Et donc de nous.

Comme dans les chapitres d’un livre, on plonge dans une histoire où la légèreté s’estompe au fil des chapitres. Dans « J’ai paradé », on déambule à Marseille sur un son pop chaleureux : « (…) jusqu’à cet astre qui décline, dans le soir brûlant je m’étire », hymne à l’errance qui sent bon les embruns méditerranéens. On est déjà plus mélancolique quand on arrive à « Vitry », plus électro, où « derrière le bleu des vitrines les anges de la nuit bavardent ».

Artiste engagé, Bruno Bisaro sème le vent pour contourner (peut-être ?) la tempête. Celle du vieux continent, par exemple. Dans « Europe », il est question de quête identitaire. « As-tu croisé la vieille Europe toi qui te poses au bord de l’eau comme un homme seul ? Je n’ai croisé ni lord anglais, ni vieille lady, mais un mannequin en Bikini. »
Et au milieu coule la Méditerranée, écume d’espoir ou vague de mort. Sur un rythme entrainant, « Je viens » évoque la fraternité perdue. « J’ai traversé l’océan à pied, et toi mon frère, je t’ai cherché », chante-t-il.

De la poésie sonore du théâtre protestataire et des interludes discursifs, une vision du capitalisme comme « processus global d’extermination », rien de moins. « Nos jours meilleurs » sont-ils comptés ? « Nous avons écouté les adultes au sexe rabougri, les théoriciens du complot, les philosophes du déclin, les exégètes de l’ingrandeur. Nous sommes devenus nationalistes autant par narcissisme que pour ne pas avoir à nous dénoncer nous-mêmes au procès des alliés que nous ne serions jamais pour l’autre. »

Entre légèreté de l’être et dureté du monde, Bruno Bisaro sait trouver les mots.

Clip :


Bruno Bisaro & Les Ouragans Gris

CD 13 titres
Bruno Bisaro Productions
Edition : Bruitage
Disponible depuis le 13 mai 2020 sur les plateformes de streaming et de téléchargements

 

 


(Les Ouragans Gris – Photo © Thomas Bartel)

 

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