Nous n’irons pas à Avignon

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Toujours pluridisciplinaire et éclectique, plus que jamais festif et décalé, « Nous n’irons pas à Avignon » fait peau neuve pour cette 11ème édition. NIP 2009 ouvre ses portes aux artistes de rue et propose une carte blanche d’une semaine à « la Fabrique », lieu de création implanté en Normandie. Rencontre avec Mustapha Aouar, le directeur de cette manifestation aussi surprenante qu’attirante.

Mustapha, d’où vous est venue l’idée de ce festival « Nous n’irons pas à Avignon » ?

En 1998, nous avons failli mettre la clef sous la porte.
En regardant par l’une des fenêtres de la grande halle, je me suis dit que les artistes étaient à Avignon. Je me suis alors promis que si nous sortions de ce mauvais pas, nous n’irions pas à Avignon et que désormais, nous fonctionnerions l’été !
Au début de la saison 98-99, j’ai parlé de ce projet à des artistes, metteurs en scènes et chorégraphes, a qui l’idée a tout de suite plu. Une dizaine de compagnies ont formé le noyau dur auquel se sont rajoutées une trentaine d’autres : cela nous a amené à la première édition de « Nous n’irons pas à Avignon », en juillet 1999.

Quels ont été vos premiers pas dans le théâtre ?

Je suis un autodidacte qui a eu de la chance.
Pour moi le Théâtre a été immédiatement une ouverture sur l’autre où j’ai rencontré des gens de tout horizon, de tout âge.
C’est un endroit rare où la rencontre se fait, et ce depuis toujours. C’est un endroit magique et presque sacré, où des gens viennent entendre une parole, et où d’autres ont la responsabilité de la donner à entendre : la connexion se fait in vivo.

Quelle est la portée de ce festival ?

La portée de ce festival est déjà internationale avec des articles et interviews dans des journaux japonais, sud-américains… mais d’une manière un peu décalée, souterraine. Des gens du théâtre sont heureux de savoir qu’il y a une bande d’irréductibles quelque part, et cela les rassure de savoir que certains ne vont pas à Avignon, mais ailleurs, dans le mouvement.
C’est presque poétique

Et son ambition à court et moyen terme ?

De continuer à exister.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce festival n’est aidé que par la région île de France.
Cette manifestation a su évoluer pour rester vivante: elle est donc à mon sens, utile et nécessaire.

Quelles compagnies peut-on y découvrir ?

Cette année il y a 28 compagnies de tout genre, de tous bords. C’est très hétéroclite. De ces choix découlent quatre thématiques, organisées en quatre sessions.
Festif et décalé,dehors et dedans,, ici, là-bas…théâtre de rue, théâtre performance, danse, cirque… quatres semaines à Vitry -sur -Seine ! Et une cinquième à Ivry -sur -Seine !

Y a-t-il une sélection des compagnies où ont-elles fait acte de candidatures spontanées ?

La programmation ne se fait pas seul mais avec une équipe qui travaille presque une saison sur celle-ci.
Cette manifestation est organisée par un lieu qui s’appelle Gare au Théâtre, qui fonctionne toute l’année et qui est un lieu alternatif ou a priori, on ne programme pas., sauf l’été.
Au mois de septembre nous organisons une réunion de bilan avec l’équipe et les Compagnies qui ont participé au festival. Nous informons la profession de la préparation d’une prochaine édition.
Le deuxième rendez-vous a lieu mi -décembre: nous informons toute la profession de cette offre d’appel. Il y a un certain nombre de critères objectifs pour le choix, et la programmation reçoit plus de 200 dossiers pour environ 30 places. La programmation est bouclée fin février.

On imagine aisément avec l’appellation de votre festival qu’il y a une volonté manifeste de contre-pied au festival très connu d’Avignon. Qu’en est-il ?

Oui sans aucun doute, et c’est peut être aussi à vous de nous le dire !
Ne pas aller à Avignon, c’est au sens premier du terme faire ailleurs, c’est à dire là où nous sommes, à Vitry sur Seine.

Cette année, vous abordez cette 11ème édition dans quel état d’esprit ?

C’est la première année des dix ans à venir. Nous sommes dans une sorte de tournant : la manifestation va se poser aussi ailleurs que dans Gare au Théâtre.
Cette année, il y a une initiative très jolie du syndicat des chorégraphes associés qui nous a demandé de démarrer une initiative itinérante à « Nous n’irons pas à Avignon ». Elle aurait pour but de se poser dans une région différente chaque année,en écho avec des chorégraphes associés de la région en question, et invitant ceux d’autres régions.

Quel est le secret selon vous de la réussite d’un tel événement ?

L’impertinence !

Propos recueillis par Nicolas Vidal
Consultez le site officiel (programme, présentation…) : http://www.gareautheatre.com/
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