On the Road again – Bonus BSC NEWS

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Par Sophie Sendra – BSCNEWS.FR / Il y a plusieurs façons de « prendre la route », et tous « les chemins ne mènent pas à Rome ».

Quand on pense à La Route, on ne peut s’empêcher de nommer Jack Kerouac (1). Son Épopée, retracée dans son roman Sur La Route (2), évoque bien entendu les États Unis, les Roads interminables longues et droites, la musique également et, sans plus de mystère, les voitures. Ces vieilles bagnoles des années 50. Nous ne connaissons pas, nous « pauvres français », cette route mythique s’étendant à perte de vue. Ce chemin, sortit de nulle part, qui semble ne s’arrêter qu’à l’horizon n’est pas chose commune ici bas, et c’est certainement pour cela que cette Route nous fait tant rêver. Mais il semble y avoir une multitude d’Images consacrées à ce sujet. Dans cette multitude, il existe deux représentations bien distinctes séparées par un océan.

Cultures et différences

Deux cultures s’affrontent. D’un côté nous avons La Route dépeuplée, droite, bordée par le désert et de l’autre la route, nationale de préférence, symbole des congés payés, du soleil et des embouteillages, peuplée à souhait. La culture de « l’oiseau libre » versus la culture de la « sardine en boîte ». Toutes deux ont un charme, une histoire, mais n’évoquent pas les mêmes rêves.
C’est certainement pour ces différences que nos deux cultures ne considèrent pas la « conduite intérieure » de la même façon. Spacieuse d’un côté, fonctionnelle de l’autre. La Route n’est sans doute pas la même non plus selon l’endroit où l’on se trouve. L’ Image mentale est aussi affaire de représentation(s).
En parlant d’Images, on ne peut oublier les Ponts qui apparaissent Sur la Route de Madison (3), Les aventures de Thelma et Louise (4). Ces Road Movies nous incitent à regarder la Route comme la forme concrète d’un concept. C’est la liberté se matérialisant.
En cette période de 7ème Art (et de fin du Festival de Cannes) il était évident de faire un parallèle avec le cinéma.
Cette conquête de l’ouest qui nous a fait tant rêver étant enfant, cette autre conquête de l’ouest toute littéraire avec Kerouac et enfin un retour à l’image avec Into The Wild (5).

La route est une figure emblématique de nos fantasmes, un retour anthropologique aux sources du nomadisme. C’est notre cerveau reptilien se battant contre une sédentarité créée par notre cortex frontal. C’est la raison contre l’instinct. On en rêve mais peu prennent la décision de la « chevaucher ».
Il y avait Les Anges Vagabonds (6), il y en a un de Céleste (7) qui nous chante, lancinant et hypnotique On The Road Again (8), un certain Bernard Lavilliers. Ses chansons sont des évocations de voyages et de découvertes, de routes, de bagages, d’hôtels.
Non pas errer sans but, mais avoir comme but d’errer pour mieux faire découvrir le monde. Cuba, Amérique Latine, Beyrouth (9). De grands écarts pour une seule route, ou devrions-nous dire « Routs ». Non plus des « chemins » désormais, mais des origines, des racines.
Cette recherche propre aux poètes de tous les Arts qui tentent d’atteindre une Génèse bien plus humaine que Biblique, bien plus Transcendantale que Divine. Une élévation de soi, et sans doute même de l’âme, cette « chose » qui nous anime.
Les Arts ont célébrés cette Route comme autant de peintures. Les Routes poétiques faites de prose nous emmenant ici et ailleurs, peut-être au Sénégal grâce à un Richard Bohringer, qui nous livre (ou se livre) une prose mise sur pellicule dans C’est beau une ville la nuit (10).

S’il fallait conclure

En fait il faudrait cumuler pour voir se profiler, se prolonger cette part de mythe qui est en nous : une voiture des années 50, une route qui mène vers l’ouest, une musique celle de Lavilliers, une voix celle de Bohringer, des lunettes et un bob, ceux de Las Vegas Parano (11), et des autostoppeurs, Jack Kerouac, Neal Cassidy (12) et Burroughs (13). La photographie serait complète.

Sophie Sendra

1. Si vous désirez connaître un peu mieux Jack Kerouac, vous pouvez lire un de mes articles intitulé Les états de conscience non ordinaire d’une littérature de la perception :Jack Kerouac, les voyages en perspectives. (à l’adresse suivante http://www.accedit.com/auteur.php?id=73.)
2 . Gallimard, Paris, 1995.
3 . Clint Eastwood, The Bridges of Madison County (1995).
4 . Ridley Scott (1991).
5 . Sean Penn, (2007). Adaptation de Voyage au bout de la solitude de Jon Krakauer (1996).
6 .Gallimard, Paris, 1992.
7 . Référence à un autre chef d’œuvre de Jack Kerouac, Les Clochards célestes, Gallimard, Paris, 1993.
8 . Bernard Lavilliers, 1988.
9 . Bernard Lavilliers, Samedi Soir à Beyrouth, 2008.
10 . Gallimard, 1989. Le film éponyme 11 . Terry Gilliam, 1998. Adapté du Livre de Hunter Thompson, 1971.
12 . Fils de Clochards, L’Harmattan, Paris, 1977.
13 . William Burroughs, Le Festin nu, Gallimard, Paris, 1998

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