SomeWhere et AnyWhere ou l’histoire d’une fracture française 

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Nicolas Vidal est fondateur et directeur de publication de Putsch.Media

Un an que le mouvement des Gilets Jaunes a vu le jour en France. En 53 actes, il a déjoué tous les pronostics et toutes les prévisions. Il est parvenu dans une moindre mesure à ralentir la politique d’Emmanuel Macron, toute dévouée à la Commission européenne, sous l’oeil attentif du commissaire européen aux affaires économiques de l’époque, le Français Pierre Moscovici.
Nous pouvons être assurés à ce jour que ce stupéfiant mouvement populaire a marqué au fer rouge l’histoire de la 5ème République avec tout autant de puissance que le rôle du peuple dans l’inclinaison de son destin national.

Mais au-delà de la contestation sociale, de cette soif de justice fiscale et cette quête de démocratie, autre chose a émergé de ces territoires relégués aux confins d’une France, qui, depuis Paris, et des grandes métropoles, discute, échange, commerce avec le monde entier.

 

« Autre chose a émergé de ces territoires relégués aux confins d’une France, qui, depuis Paris, et des grandes métropoles, discute, échange, commerce avec le monde entier »

 

Les « Somewhere » (ceux de quelque part), expression chère au journaliste et économiste David Goodhart ont été cruellement déclassés, sans ménagement, humiliés et méprisés par l’élite kérosène. Mais ce qui sous-tend la révolte de cette France charnelle, amoureuse de son passé, amarrée à ses traditions et à ses valeurs se retranscrit merveilleusement bien dans cette citation de Simone Weil : «l’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine ». Et les Gilets Jaunes ne l’ont pas oublié parce qu’ils sont la réalité humaine de cet enracinement. »

Alors que la minorité française, dit élitaire, qui vit dans les grandes agglomérations, dans les quartiers huppés, qui occupent des emplois très qualifiés, nomades, et hautement rémunérées, a fait sécession avec la permanence du destin national au profit d’un progressisme incandescent. Ils sont les soutiens indéfectibles du Chef de l’Etat et adversaires féroces de la France périphérique et des autochtones qui la constituent, la façonnent et qui la caractérisent.

 

« Alors que la minorité française, dit élitaire, qui vit dans les grandes agglomérations, dans les quartiers huppés, qui occupent des emplois très qualifiés, nomades, et hautement rémunérées, a fait sécession avec la permanence du destin national au profit d’un progressisme incandescent »

 

L’enracinement est profondément antinomique à la globalisation effrénée qui appelle de ses voeux l’élite progressiste, elle-même désincarnée car elle-même mondialisée et offerte à une vertigineuse mobilité.
Cette classe considère que l’attachement a la nation et à tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une forme de patriotisme, taxé de rétrograde, de moisi et de repli sur soi. Alors qu’elle doit son succès, en grande partie, aux institutions françaises et bien souvent à sa méritocratie républicaine, aujourd’hui, disparue.

 

« L’enracinement est profondément antinomique à la globalisation effrénée qui appelle de ses voeux l’élite progressiste, elle-même désincarnée car elle-même mondialisée et offerte à une vertigineuse mobilité »

 

Et même si le Gaullisme n’est plus qu’un souvenir qui a totalement disparu des valeurs de notre monde politique, Charles de Gaulle savait parler de la France et avait déjà compris ce qu’il allait advenir de cette fracture profonde entre les Somewhere et les Anywhere  : « Heureusement, le peuple a la tripe nationale. Le peuple est patriote. Les bourgeois ne le sont plus ; c’est une classe abâtardie. Ils ont poussé à la collaboration il y a vingt ans, à la CED il y a dix ans. Nous avons failli disparaître en tant que pays. Il n’y aurait plus de France à l’heure actuelle. »

Pour les enracinés, ils se sont mis, à nouveau, à défendre la pérennité d’une France d’avant et de son précieux leg alors que l’hyper classe mondialisée a décidé de passer à la France d’après, celle qui a excommunié son héritage, son patrimoine, qui renie son histoire et qui ne vit plus avec ses morts.

 

 

Photo by Mahkeo on Unsplash

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