Nicolas Pradier (Ttilika) : « Nous avons un nouvel objectif. Revisiter toute la culture basque et parler de chez nous d’une manière différente »

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Crée en 1999, cette marque de vêtements s’est donnée comme objectif de véhiculer une nouvelle image de la culture basque. Depuis son atelier créatif basé dans le village de Bidart (64), ces designers créent des modèles poussés par une priorité esthétique. Avec deux boutiques, à Biarritz et Saint-Jean de Luz, et son site internet, Ttilika exporte un peu de Pays Basque à travers le monde. Putsch a rencontré Nicolas Pradier, son directeur général.

propos recueillis par

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D’abord parlez-nous de votre entreprise , d’où vient Ttilika, et que signifie son nom ?Ttilika

signifie « La petite goutte d’eau » en basque, la société a été créée en 1999. Après des hauts et des bas, nous avons aujourd’hui un nouvel objectif : revisiter toute la culture basque et parler de chez nous d’une manière différente.

Vous misez beaucoup sur l’ancrage dans votre région. Pensez-vous que les producteurs locaux tous secteurs confondus sont suffisamment pris en considération par les décideurs locaux, les administrations publiques ou les investisseurs au niveau local ou national?

Non absolument pas ! De toute façon, on joue sur un ancrage de par notre lieu de naissance mais aujourd’hui, on veut se caractériser surtout par nos créations.

 

« Aujourd’hui, nous sommes capables de contourner les clichés, et de remettre ces codes au goût du jour, de les moderniser, et de les internationaliser « 

 

Le facteur local a-t-il une réelle valeur ajoutée à vos yeux?

Oui, parce que sans facteur local pour nous, il n’y a pas d’histoire de marque. Et une marque, c’est avant tout une histoire. Aujourd’hui, nous sommes capables de contourner les clichés, et de remettre ces codes au goût du jour, de les moderniser, et de les internationaliser si possible, et à travers ce prisme-là, de faire parler de chez nous.

Aux yeux des décideurs locaux, est-ce que ce facteur local a de l’importance?

Non aucune. Non seulement il n’y en a pas, mais aucun effort n’est fait pour inciter les acteurs locaux à créer de l’emploi, ce que nous sommes en train de faire. On se retrouve seul, et heureusement que nous avons la volonté farouche de développer de l’activité sur le territoire. En résumé, c’est aide-toi, le ciel t’aidera.

 

« Aucun effort n’est fait pour inciter les acteurs locaux à créer de l’emploi, ce que nous sommes en train de faire. On se retrouve seul »

 

Selon votre expérience, qu’est ce qui est essentiel dans le business plan d’un producteur local?

La même chose que dans un business plan quelconque. La situation géographique ne fait pas de différence.

Est-il plus facile de vendre vos produits en Aquitaine, en France ou à l’étranger?

Ce n’est pas une question de facilité, mais une question de notoriété, si la notoriété est là, on vendra à l’étranger. C’est ce qui se passe grâce à notre site internet, car les gens qui viennent chez nous une première fois, commandent à nouveau, et on se rend compte qu’on livre aujourd’hui en Californie, en Allemagne, à Mulhouse à des gens sont venus d’abord dans nos boutiques du Pays Basque. Le travail, pour nous maintenant, consiste à aller chercher ces gens-là.

Revenons à votre marque, quelles sont les sources qui inspirent votre créativité. Ne craignez-vous pas les clichés liés à votre région?

Surtout pas. Aujourd’hui le cliché il est facile, et pour résumer cela avec un exemple, je vais vous parler d’un modèle qu’on a pu faire pour la collection «Summer 2020 ». C’est le fameux piment d’Espelette. Là, on est dans le cliché absolu, que je m’étais d’ailleurs refusé de traiter. Au final, on sort un tee-shirt avec des inspirations qui sont à des années-lumière des champs d’Espelette et je vous invite à le découvrir sur notre site internet ou dans notre collection de l’été prochain.

 

« Si ça ne tenait qu’à moi, j’habillerais évidemment une personne comme Pharell Williams »

 

Quels sont les succès de votre collection?

Ça a tellement évolué. S’il y a un modèle qui pouvait faire le lien entre l’ancien Ttilika et le nouveau ce serait notre modèle « Jo », qui est un joueur de pelote basque en squelette. Et aujourd’hui ce qui représenterait la nouvelle image de Ttilika, ce serait notre modèle « Ttilikalifornia » , qui est un mashup entre Ttilika et la Californie et aussi un jeu de mots avec la Petite Californie, car c’est ainsi que le Pays Basque est souvent qualifié dans les médias.

 

Si vous pouviez offrir l’un de vos produits à une personnalité célèbre, qui choisiriez-vous pour incarner au mieux votre marque et qu’est-ce que vous lui offririez?

Si ça ne tenait qu’à moi, j’habillerais évidemment une personne comme Pharell Williams parce qu’un de nos vêtements portés par lui pour nous signifierait énormément de ventes. Sinon dans l’absolu, j’aurais adoré le faire porter par Elvis, car c’est le rock n’roll, les paillettes, les costumes, la légende, le mythe…

Et que porterait-il ?

Le modèle du piment pour tout ce que ça représente par rapport aux clichés. Qu’il soit porté par des personnes à Mulhouse, à Honolulu ou Madrid. Les gens n’y verront pas le Pays Basque mais Andy Warhol et le Velvet Underground. Il représente nos influences, en mélangeant pop art et musique.

Quels sont vos projets pour 2020 ?

Continuer d’installer la marque dans la direction qu’on a fixé et la faire évoluer avec l’arrivée très vraisemblablement d’un nouveau logo qui sera plus en adéquation avec nos valeurs. Et bien sûr, continuer la transformation de Ttilika, cette vieille dame autrefois portée sur la pelote basque et les gros clichés locaux. Nous sommes d’ici et on veut continuer à parler de chez nous mais sans que les gens s’en rendent compte, dans la subtilité.

 

https://www.ttilika.com/fr/


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(crédit image à la une : Nicolas Pradet – ©Ttilika)

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