L’année du rat : le thriller français de l’année

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Par Harold Cobert – bscnews.fr / Régis Descott fait partie de ces auteurs discrets mais au talent indéniable. Quelque que soit l’univers auquel il s’attaque, ses livres vous embarquent et ne vous lâchent jamais avant la dernière page refermée. Dès son deuxième opus, Pavillon 38, le succès est au rendez-vous. Pourtant, s’attaquer au thriller psychiatrique contemporain après des best-sellers planétaires tel que Le silence des agneaux relevait de la gageure. Pari réussi.

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Après avoir écrit la suite de ce premier succès, Adèle et Caïn, il reste dans l’univers psychiatrique avec un troisième et saisissant roman, Obscura, dont l’intrigue se déroule dans le Paris de la seconde moitié du XIXe siècle. Le thriller se conjugue alors avec le genre historique dans une fresque aussi fascinante que terrifiante – la fin, surtout, est d’une beauté inattendue et stupéfiante, à littéralement vous couper le souffle.
Dans L’année du rat, il conjugue le thriller avec l’anticipation et nous plonge dans les affres effrayantes des manipulations génétiques. Le lieutenant Chim’ de la BRT (Brigade de la Recherche et de la Traque) est envoyé sur une scène de crime dans la campagne normande. La sauvagerie de la tuerie et les analyses des prélèvements le laissent perplexes. Les hypothèses échafaudées dessinent plusieurs criminels, agissant vraisemblablement sous l’influence d’une drogue d’un genre nouveau. Suivant son instinct, Chim’ mène l’enquête malgré les multiples chausse-trappes que l’on sème sur la moindre de ses avancées. De plus en plus isolé, il va découvrir une machination dont l’horreur menace tant son équilibre mental – les premières amours de Régis Descott pour l’univers psychiatrique ne sont pas loin – que l’avenir de l’humanité.
Comme Henning Mankell, chez qui le polar n’est jamais qu’un cadre pour développer une pensée critique sur la violence d’une société à la dérive, les thrillers de Régis Decott ne sont jamais qu’une structure narrative à l’intérieure de laquelle se développe une réflexion sur les zones d’ombres de notre humanité, ses marges dangereuses dans lesquelles nous travaillons à notre propre destruction et construisons notre propre anéantissement. A cela s’ajoute une qualité de plume et d’écriture rare dans ce genre littéraire généralement représenté par de bons faiseurs d’histoires – des « page turner » en bon français – mais à la qualité stylistique indigente. Citons pour exemple le premier chapitre de cette Année du rat, bref, énigmatique, tracé avec un scalpel élégant :
« Cette année tu vas mourir.
L’annonce le surprit par sa brutalité. Puis elle perdit sa capacité de nuisance ; comme un refrain trop fredonné sa signification, une chanson d’amour jusqu’à en épuiser le désespoir. »
Dans le calendrier chinois, 2011 est désignée comme l’année du lièvre. Le calendrier littéraire en a décidé autrement : 2011 est bel et bien L’année du rat.

L’année du rat de Régis Descott, éditions JC Lattès, 20€.

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