Fleet Foxes, Richard Hawlez, The Beatles

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Fleet Foxes, Fleet Foxes

Bella Union Records

Je l’avoue, l’album des Fleet Foxes n’est pas une véritable nouveauté puisque ce disque est sorti en juin 2008. Huit mois durant lesquels ce petit bijou n’a pas effleuré mes oreilles. Il fallait réparer cette erreur grossière. Groupe de Seattle, aux Etats-Unis, Fleet Foxes est composé de cinq musiciens au look oscillant entre Kings of Leon première période et Creedence Clearwater Revival. Titulaire d’un premier EP (Sun Giant ) aux titres déjà prometteurs (Mykonos, English House), Fleet Foxes s’épanouit pleinement avec ce premier LP au titre éponyme, illustré étonnamment par une toile du peintre flamand Bruegel. Avec ce groupe lumineux, c’est le grand retour de la voix contrairement aux chants intimistes (trop parfois) ou garage rock en vogue sur la plupart des albums du moment. Fleet Foxes est un disque chorale, homogène dans sa structure, remettant au goût du jour les harmonies vocales des grandes heures sixties (Beach Boys, Jefferson Airplane, Simon and Garfunkel). Robin Pecknold, la voix principale du quintette, interprète magnifiquement ces onze titres baroques au folk incantatoire, habité, en droite lignée d’un Neil Young. Citons pêle-mêle le fédérateur White Winter Hymnal, le psychédélisme pastoral deTiger Mountain Peasant Song, de Blue Ridge Mountains, le lyrique Oliver James, le mystérieux Your Protector. Seul regret : le choix du groupe de placer le titre Isles en face B du single White Winter Hymnal et non sur l’album. Trois minutes de grâce entre un chanteur et sa guitare. Si ce groupe n’invente rien musicalement parlant, il remet, en revanche, une notion sur le devant de la scène avec talent : le féerique. A consommer sans modération.

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Richard Hawlez – Late night Final

Setanta Records

Une ville, Sheffield, et une bonne tasse de mélancolie, bienvenue dans l’univers de Richard Hawley. Ici, pas de paillettes, d’encombrements musicaux, la sophistication rime avec simplicité et ça lui va très bien. Ce songwriter élégamment discret a commencé sa carrière dans les années 1990 en tant que musicien de studio ; son principale fait d’arme étant sa collaboration avec le groupe britpop Pulp de Jarvis Cocker. Après un premier EP en 2000, ce Late Night Final débarque en 2001 avec son style délicieusement suranné tout en proposant une modernité dans ses sonorités. Multi-instrumentiste sur cet album, Hawley nous propose une production dépouillée qui va droit à l’essentiel. Schéma qu’il reproduira sur l’ensemble de ses disques (Lowedges, 2003 ; Coles Corner, 2006 ; Lady’s bridge, 2007). Avec sa voix à la Nick Cave, chaude et rauque, le natif de Sheffield finit d’habiller parfaitement les titres de cet opus : les croonesques Something is, Love of my life, Precious sight, le spleen à la sauce bruine anglaise Can you hear the rain, love ?, la noctambule Cry a tear for the man in the moon, la splendide ballade toute en retenue Long black train, l’instrumental lancinant The light at the end of the tunnel (was a train coming the other way). Certains artistes ne connaîtront pas une gloire planétaire, malgré leur authentique talent, mais c’est mieux comme ça. Il y en a que l’on préfère se garder jalousement ; Richard Hawley en fait partie.

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The Beatles – The Beatles

Apple – Emi Records

S’il ne devait en rester qu’un, ce serait celui-là. Une pochette immaculée comme remède à la gueule de bois provoquée par une folie qui dure depuis cinq ans et une heure et demie de musique pour s’offrir une nouvelle virginité. Car, en 1968, les Beatles ont tout connu, tout vécu et pourtant, une nouvelle fois, ils frappent fort, mais alors très fort. En toute simplicité, ils se réapproprient un siècle de musique populaire (blues, rock, folk, country, music-hall, expérimental, symphonie classique, hard rock, pastiche musical, ballade). Trente chansons et autant de recettes musicales pour les quarante années à venir et des générations de futurs musiciens. The Beatles (communément appelé le White Album) est autant un disque synthèse qu’un disque relais. Elaboré et enregistré dans la douleur entre mai et octobre 1968, après les œuvres psychédéliques et baroques de l’année 1967 (Sergeant Pepper, Magical mystery Tour), le dixième album des Fab Four révèle un groupe mentalement fatigué. De plus, ils ne communiquent plus beaucoup entre eux, chacun enregistrant dans plusieurs studios d’Abbey Road. On est proche et à la fois très loin de la période allant de Rubber Soul à Sergeant Pepper perçue comme l’apogée de la symbiose créatrice Lennon-McCartney. Et pourtant la magie opère comme jamais. Pour Lennon, c’est un album d’introspection, son chant et ses compositions sont très personnels. Il invoque les fantômes du passé (Julia), prend son pouls (I’m so tired, Yer blues), règle ses comptes (Sexie Sadie, Revolution), évoque sa nouvelle relation fusionnelle (Happiness is a Warm Gun, Everybody’s got something to hide except me and my monkey). Pour McCartney, il est temps de prouver définitivement qu’il est à la fois le digne hériter de Fred Astaire et de Little Richard (Martha my Dear, Why don’t we do it in the road ?, Honey Pie), et qu’aucun genre musical ne lui résiste (Back in the USSR, Blackbird, Rocky Racoon, Helter Skelter). Quant à Harrison, il parvient à placer au milieu des deux géants, quatre pépites (While my guitar gently weeps, Piggies, Long, Long, Long, Savoy Truffle). Même, Ringo Starr a droit à sa ritournelle personnelle (Don’t pass me by) tout en plaçant sa voix sur le splendide Good Night.
Pour John Lennon «le bonheur est un pistolet chaud». Il a bien raison, quarante ans après le White Album fume encore.

Sélection réalisée par Alexandre Roussel

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