Pourquoi ce nom, Big Drama ? Et quelle est sa genèse ?
Big Drama, c’est pour le côté spectaculaire ! Le théâtre immersif est un art total, qui fait appel à tous les sens, où nous introduisons toujours de la musique, du chant et de la danse. Et parce que Drama veut dire théâtre, pour ne jamais oublier que la narration est aussi essentielle pour nous.
Big Drama est une entreprise à but artistique. Elle est née en 2017 de l’envie de créer un modèle vertueux et innovant pour le spectacle vivant. Nous sommes 8 associés, tous artistes aux multiples casquettes.
Quel est le rapport de Big Drama avec les histoires? Que doivent-elles insuffler?
Les histoires sont le point de départ de notre démarche artistique. Notre équipe de 4 auteurs est la même depuis le premier jour, ce qui nous permet de développer notre signature collective: une place forte faite à la narration et une ambiance poétique de douce folie.
Aussi, même si nos histoires s’inscrivent dans des contextes souvent épiques et spectaculaires, nous disséminons des touches d’humour un peu partout. Dans les thèmes abordés, nous nous posons systématiquement la question du genre et de l’origine de nos personnages. De plus, nous avons un processus de création très collectif, où nous faisons participer les comédiens à la construction de leur personnage. L’écriture-plateau nous permet d’être au plus près de ce que les comédiens veulent exprimer, et nous laissons une grande place à l’improvisation.
Pourquoi ce choix de spectacle immersif ? Selon vous, quelle est la plus value artistique de ce format ?
L’immersif est un formidable vecteur pour faire entrer les spectateurs dans un univers. En étant engagés physiquement dans l’action, nous sortons du plan purement mental pour faire appel à leur spontanéité, leur empathie, leur instinct. Du point de vue créatif, en alliant tous nos pôles de création, nous avons la chance de pouvoir créer un monde dans toutes ses dimensions: ses valeurs, son ambiance, son rythme, ses odeurs…
L’immersif est un vecteur qui nous rend à la fois absolument libre et qui peut nous projeter si profondément dans une histoire. L’attention que nous portons à la scénographie et au détail, à la musique et la proximité avec les comédiens nous permet de propulser littéralement les spectateurs dans un monde à part entière, comme rentrer dans un film. C’est comme une machine à voyager dans le temps et l’espace, qui nous fait rencontrer des personnes et pas seulement des personnages.
« Pour nous, seule la réalité peut dépasser la réalité virtuelle », voilà ce qu’on peut lire sur votre site. Pouvez-vous nous en dire plus?
Alors que la technologie nous permet d’aller de plus en plus loin dans la représentation du réel, nous voulions simplement exprimer que rien ne remplacera la sensation d’être au coeur de la scène, de vivre un moment unique avec un personnage, de découvrir son parfum, d’avoir une réelle connexion avec lui; d’une présence humaine, tout simplement. Les avancées technologiques peuvent nous amener très loin, mais elles rendent encore plus rares et précieux tout ce qui est de l’ordre du physique, des énergies impalpables, et de l’humain.
« C’est important de savoir que personne ne se trouvera obligé de faire quoi que ce soit contre son gré, ni propulsé seul au milieu de la foule avec une lumière braquée sur lui ! Ici, le public entre en ayant déjà un rôle: ils sont les invités du mariage de Blanche »
Parlons maintenant de Close. Le présentation du spectacle est autant attirante qu’étrange. On a furieusement envie d’y assister mais on se demande à quelle sauce le spectateur va être mangé. Quelle est la place du spectateur chez Big Drama et quel est votre rapport à la scène?
D’abord, c’est important de savoir que personne ne se trouvera obligé de faire quoi que ce soit contre son gré, ni propulsé seul au milieu de la foule avec une lumière braquée sur lui ! Ici, le public entre en ayant déjà un rôle: ils sont les invités du mariage de Blanche, la petite protégée du cabaret Le Phénix. Certains d’entre eux tiendront la place privilégiée des témoins de la mariée. Lorsque vous aurez pénétré dans le cabaret, vous pourrez assister au spectacle sur scène, mais aussi vous faufiler dans les coulisses ou avoir une conversation plus intime avec un personnage près du bar. Nous ne pouvons pas trop en révéler sur la suite de l’expérience, mais il se peut que certains personnages aient besoin de votre aide au cours de la soirée…
D’où vous est venue cette idée pour Close?
Lorsque nous avons décidé de créer un spectacle immersif, l’univers d’une maison close au début du XXe siècle nous est venu comme une évidence. D’abord de l’envie de créer ce sentiment magique de voyage dans le temps. Mais aussi parce que nous voulions aborder le sujet du droit des femmes à disposer de leur corps, dans un espace dédié aux fantasmes. C’était l’occasion de travailler sur l’opposition entre la représentation publique et la réalité de l’intimité de ces femmes. Depuis l’histoire a beaucoup évolué mais ces sujets restent fortement ancrés.
Comment appréhende-t-on en tant que metteur en scène un projet comme celui-ci? Y-a-t-il des textes, des répliques, ou l’improvisation règne-t-elle en maître pour les comédiens ?
Au début du travail de répétition, l’équipe d’auteurs a une structure de scénario et une idée précise de chaque personnage, mais en travaillant avec les comédiens nous nourrissons et précisons l’histoire. Certaines parties du spectacles sont fixes, pour s’assurer que tous les spectateurs reçoivent les informations-clé, et d’autres parties sont entièrement improvisées en fonction de l’humeur du comédien et de ses interactions avec le public. Quoiqu’il arrive, même dans les moments les plus libres, ce n’est que l’aboutissement d’un long travail pour nourrir le personnage, sa façon de bouger, de s’exprimer, de réagir, pour qu’il puisse être sincère dans absolument toutes les situations.
En somme, comment immerge-t-on au mieux les spectateurs dans Close? Et quelles sont les règles?
Il faut toujours porter son masque, respecter la liberté de chacun et écouter son intuition!
Pourquoi ce choix historique et géographique; Paris, 1917 ?
En développant le travail d’écriture, nous avons voulu placer l’histoire pendant la guerre, pour faire du Phénix un huis-clos, où il devient urgent de s’aimer et de vivre tandis que la mort est tout autour de nous. La guerre pose la question de l’absence de hommes, tous enrôlés au front, donc nous avons imaginé que les filles de la maison avaient décidé de se libérer de la prostitution et de faire de la maison un cabaret anti-militariste, refuge pour les marginaux et les rejetés de la société. Une vraie maison pour tous ceux qui n’auraient pas survécu selon les normes, ce qui nous permet de nous poser la question de la normalité. 1917 marque également le plus grand souffle de mutineries de la première guerre mondiale, Faut-il aller se battre pour son pays? Fuir? Doit-on se cacher pour pouvoir être pleinement ce qu’on est?
« Le public français a une longue tradition de “culture légitime”, c’est-à-dire que nous faisons la distinction entre ce qui nous semble noble, souvent d’ordre intellectuel, et les pièces populaires, souvent purement récréatives »
Pensez-vous que l’immersif peut-il avoir autant de succès qu’en Angleterre ou à New York? Si oui, pourquoi?
Le public français a une longue tradition de “culture légitime”, c’est-à-dire que nous faisons la distinction entre ce qui nous semble noble, souvent d’ordre intellectuel, et les pièces populaires, souvent purement récréatives. Les anglo-saxons ne connaissent pas cette séparation et pratiquent à merveille l’art du divertissement grand public de qualité. Il n’y a qu’à se rendre à Broadway ou dans le West End, où le public est de toutes les origines. C’est cette exigence à tous les niveaux que nous cherchons à trouver avec Big Drama: une narration rythmée, du grand spectacle, et un vrai fond dans le propos.
Aujourd’hui, le public français brûle d’envie de vivre des expériences fortes, différentes, et de casser les barrières habituelles entre ceux qui créent l’art et ceux qui le reçoivent. A en juger par les réactions déjà très enthousiastes du public avant même le début du spectacle, cela ne fait que se confirmer ! Après avoir affiché complet, nous venons d’ouvrir 12 nouvelles dates jusqu’au 4 mai 2019.
Close
A partir du 12 Avril (avant première le 11 Avril) et jusqu’au 4 mai.
Les jeudis, vendredis et samedis à 19h30 et 21h30
Les dimanches à 16h30 et 18h30
Les 11, 12,13, 14, 18, 19, 20, 21, 25, 26, 27, 28 Avril
Paris XI
Billetterie : www.close.paris
Tarifs
Entrées Simples : de 38 à 50 euros
Entrées Membres VIP : de 58 à 70 euros
Déjà 14 représentations complètes
( Photos Close : Alessandro Clemenza )