putsch-mag

Anne-Laure Bovéron

Partagez l'article !

Partagez l'article !Anne-Laure, vous travaillez pour plusieurs médias web et papier. Qu’est ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? Etre journaliste culturel, et plus particulièrement littéraire, est une formidable porte ouverte vers la découverte. Ce n’est certes pas un scoop, mais cette profession est d’une réelle richesse. La lecture éveille les émotions, […]

propos recueillis par

Partagez l'article !
Anne-Laure, vous travaillez pour plusieurs médias web et papier. Qu’est ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
Etre journaliste culturel, et plus particulièrement littéraire, est une formidable porte ouverte vers la découverte. Ce n’est certes pas un scoop, mais cette profession est d’une réelle richesse. La lecture éveille les émotions, engendre des réflexions, des connaissances, permet l’évasion ou des échanges passionnants … J’aime particulièrement discuter d’un ouvrage avec d’autres personnes qui l’ont lu, partager mes coups de coeur ou conseiller un titre. Autre plaisir : rencontrer des auteurs et les écouter, évoquer leurs romans publiés, en cours d’écriture ou ceux qu’ils rêvent d’écrire, de terminer, lever ensuite le voile sur leurs habitudes d’écriture, connaître leurs avis sur d’autres livres qu’ils jugent avec leurs sensibilités de romanciers. Il est vraiment impossible de s’ennuyer en étant journaliste !

D’après vous, quelles sont les prédispositions qu’il faut avoir pour pratiquer ce métier ?
La réponse est banale et tellement évidente : la curiosité. Curieux de tout, de tous et sans préjugé sur les différentes littératures, sur un auteur ou une maison d’édition. Il faut aussi savoir converser sa liberté pour parler des livres qui nous semblent le mériter, ne céder ni pressions ni rumeurs, savoir défendre un roman s’il nous a séduit même s’il ne s’agit pas du titre le plus médiatisé du moment. Posséder une certaine sensibilité ou dose d’instinct pour se laisser toucher, porter par un livre est également essentiel. Il faut enfin être résistant. Le journalisme, qui jouit d’une renommée justifiée, est une profession convoitée. Les places sont chères.

En tant que journaliste littéraire, qu’est ce qui fait que vous décidiez de chroniquer un livre plutôt qu’un autre ?
Le plaisir pris à la lecture compte beaucoup. Ce plaisir peut prendre différentes formes. Si un livre me touche quitte à bousculer ou anéantir ma tranquillité de lectrice, alors il a atteint son but. J’attends des écrivains qu’ils me secouent, me fassent réfléchir ou envisager le monde, les époques autrement, qu’ils me parlent de ce que je ne connais pas, qu’ils mettent des mots sur des sentiments, des silences, qu’ils mettent en lumière les zones d’ombres de l’Histoire par exemple, qu’ils saluent les petits riens qui font des vies, qu’ils consolent, soutiennent ou bercent. Ou plus simplement, mais cela est aussi important, qu’ils me fassent passer un bon moment. Si un livre ouvre une parenthèse dans la course du quotidien et que l’écriture a du corps et du cœur, alors j’estime que ce roman est réussi, qu’il vaut la peine d’être soutenu. Bien sûr je ne chronique pas tous les livres que j’ai lu. Il faut prendre en considération le lectorat et savoir conseiller un livre plutôt qu’un autre, en fonction des préférences, âges, attentes voire besoins des lecteurs.

Que vous apportent toutes ces découvertes au beau milieu de ce foisonnement de livres ?

Evidemment, il y a énormément de livres en circulation. Il est bien difficile de lire tout ce qui sort, malgré les envies. Et c’est rageant ! Cela dit, il est courant qu’un roman se différencie de la foule des publications, par son impact, par l’originalité du style ou le regard de l’auteur, par les réponses que le livre apporte, l’issue de secours ou les moyens de saisir un sentiment jusqu’alors indicible qu’il dessine. Je suis persuadée qu’à chaque âge, à chaque situation de vie correspond au moins un livre. Il suffit de trouver le bon, au bon moment. Un de mes grandes satisfactions c’est lire un premier roman de qualité. Assister à l’émergence de nouveaux écrivains me passionne. Parce qu’ensuite, il est possible de suivre ces auteurs, de voir leurs styles s’affirmer au fil des parutions, quand il y en a après un premier coup d’éclat…

Quel est votre dernier coup de coeur en librairie ?

Il y a en plusieurs ! Mais pour ne parler que de ceux déjà en librairie Amanda Sthers et son « Keith Me » aux éditions Stock pour la singularité du récit où s’entremêlent les voix de Keith Richards et Andrea Stein qui incarnent finalement des souffrances universelles, pour la virulence des sentiments, des mots. « Dans la tête de Shéhérazade » de Stéphanie Janicot, chez Albin Michel pour l’ancrage du récit dans notre époque, les complexes de l’héroïne, le regard sur l’adolescence et ses rêves qui conditionnent en partie les lendemains, l’impact des amitiés adolescentes, le traitement de la double culture (ici française et marocaine) qui donne à Shéhérazade le sentiment de n’être nulle part à sa place et enfin pour l’écriture vive, acérée et sensible. Au rayon poche, le premier roman de la New-Yorkaise Lisa Ward, « Outside Valentine », aux éditions 10/18 pour la maîtrise et l’originalité de la construction du récit à trois voix, la finesse de chaque regard posé à trois époques différentes sur une même histoire. Dans cet ambitieux roman, la romancière revient sur les tueries de l’hiver 1957/1958, fruits du couple d’adolescents, Charlie Starkweather et Caril Ann Fugate. Et comme toujours, la rentrée de janvier apportera, à coup sûr, son lot de bonnes surprises.

Des envies et des rêves pour cette nouvelle année ?

Que les journées passent moins vite, pour pouvoir lire toujours plus.

Il vous reste

3 articles à lire

M'abonner à