Festival Premiers Plans : deux longs métrages à l’honneur

par
Partagez l'article !

Par Anaïs Marshall – bscnews.fr / Chaque année depuis 23 ans, Angers accueille le Festival Premier Plan… De jeunes réalisateurs européens sont invités à présenter leur premier long ou court métrage. Les travaux en compétition sont regroupés en cinq catégories : les longs métrages et courts métrages européens et français, les films d’écoles, les plans animés, les films en 3D et en relief et la lecture de scénarios. Durant les dix jours du festival de 2011 sont également projetés des films hors compétitions, des rétrospectives, des rencontres… www.premiersplans.org

Attenberg
Athina Rachel Tsangari présente son 2e long métrage. Grecque, elle vit aux Etats-Unis. Elle a étudié la philosophie, l’art du spectacle et la réalisation, ce qui donne un ton particulier à ce long métrage. Pour le rôle principal, c’est Ariane Labed, actrice française, qui a finalement été choisie. La réalisatrice explique que dans un premier temps elle pensait à une actrice grecque, mais en voyant Ariane, le choix s’est imposé. Les deux femmes émues sont venues ensemble au festival présenter Attenberg.

On plonge dans le quotidien de Marina, 23 ans, qui travaille dans une zone industrielle glauque et habite dans une ville vide. Elle vit entre l’accompagnement de son père malade et mourant, et sa meilleure amie Bella. La première scène esquisse la relation qui lie les deux filles : Bella l’expérimentée apprend à Marina à embrasser avec la langue, mais elles finissent par se cracher dessus et par mimer une séance d’intimidation animale. Ces mimes animaliers, que Marina pratique aussi avec son père, viennent de son admiration pour les documentaires de D. Attenborough, qu’elle passe des nuits entières à visionner. Son quotidien à trois, est remis en question avec la mort proche de son père. Les marches insensées et ridicules que les deux amies réalisent et qui reviennent tout au long du film, contrastent avec les expériences et l’évolution du mode de vie de la jeune femme. Un homme de passage partage une partie de baby-foot avec elle. C’est avec lui qu’elle décide de s’initier aux relations amoureuses.
On est rapidement transporté dans ce quotidien maussade, grâce aux ambiances froides, aux images sombres et aux choix de cadrage. Des longueurs dans ce film qui transporte dans un univers dépressif et mystérieux entre trois puis à nouveau trois personnages.
Ce long métrage obtient le prix mademoiselle Ladubay du Festival premier plan d’Angers.

Attenberg
Athina Rachel Tsangari
2010 – Grèce – 95mn

Morgen.
Premier long métrage pour Marian Crisan, cinéaste roumain, qui a reçu la Palme d’Or du court métrage en 2008 pour Megatron. Avant la projection, il nous souhaite d’avoir autant de plaisir à regarder le film que lui en a eu à le faire… et c’est réussi.
Un homme à moto arrive à un poste frontière. On lui demande ses papiers et ce qu’il transporte. Rien. Enfin si, un poisson fraichement pêché. La carpe ne peut pas entrer en Hongrie. Après discussion, l’homme repart sur la moto après avoir déposé le poisson sur le bitume devant la barrière frontalière.
Cette première scène pose le décor de ce film puissant et touchant.
Nelu, quadragénaire roumain, est vigile dans un supermarché. Son quotidien maussade est partagé entre sa passion pour la pêche, son travail inintéressant et sa femme avec laquelle il vit dans une ferme isolée, près de la frontière roumano-hongroise.
Un jour, alors qu’il pêche, un homme se cache près d’un pont pour ne pas être vu de la police frontalière. Nelu ramène chez lui l’homme trempé et gelé.
Une relation étrange et forte se crée entre ces deux hommes qui ne parlent pas la même langue. Nelu partage son quotidien avec le migrant – malgré les réticences de sa femme qui ne veut pas chez elle de migrants étrangers dont on parle à la télé, de son beau frère et des policiers qui sillonnent incessamment les zones frontalières – en attendant de trouver une solution pour l’aider à rejoindre l’Allemagne.

Marian Crisan favorise les plans-séquences filmés caméra à l’épaule avec des images superbes, simples et fortes. Il aborde avec habileté et intelligence l’immigration clandestine dans une zone en marge de la société urbaine mais au cœur des réalités géopolitiques européennes.
Un film touchant aux propos graves tout simplement réussi.

Marian Crisan
2009 – Roumanie / France / Hongrie – 100mn

Laissez votre commentaire

Il vous reste

3 articles à lire

M'abonner à