Marylin Maeso : « Twitter n’a rien inventé : il accentue, il favorise des comportements agressifs et irrespectueux »

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Marylin Maeso enseigne au lycée avec une agrégation de philosophie en poche. Passionnée et portée intellectuellement par Albert Camus, elle vient de faire paraître un premier essai «  Les conspirateurs du Silence » où elle analyse les formes du débat d’aujourd’hui et dans lequel elle met en exergue la primauté des procès d’intentions ( déversés notamment sur Twitter) sur les discussions de fond, argument contre argument. La question se pose plus que jamais : peut-on encore débattre en France ? Éléments de réponses dans cet entretien avec Marylin Maeso dans Putsch.

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Qu’est ce qui vous rapproche de Camus? Et comment s’est fait cette rencontre?
J’ai rencontré Camus à 17 ans, par hasard (mon professeur de philosophie avait distribué à la classe un extrait du Mythe de Sisyphe), ou plutôt par chance, car j’y ai trouvé non pas des réponses, mais des échos à mes questions. Camus est celui qui, le premier, m’a appris que les interrogations qui me hantaient n’étaient pas seulement mon lot mais aussi (et d’abord), fondamentalement, celui de l’humanité. Que nous étions tous solidaires dans cette solitude existentielle, et que le monde, vidé de tout espoir, de toute échappatoire illusoire, rendu à sa tendre indifférence, n’en était que plus beau. Cela suffit à ma joie.
En lisant ses Carnets, je ne me suis jamais sentie aussi proche de quelqu’un que je n’ai pas connu. Comme lui, j’ai le doute indécrottable pour garde-fou, la mesure pour boussole, la liberté pour oxygène et le besoin de justice pour moteur.

Quel est le cadre de pensée d’Albert Camus qu’il vous semble pertinent d’acquérir pour réfléchir sur notre époque?
Camus est l’incarnation de l’anti-manichéisme à l’époque de la bipolarisation des débats. Celui qui pense (au sens arendtien du terme), qui refuse de simplifier le réel pour le plier à un cahier des charges politique ou idéologique, là où tout nous pousse à voir, à adhérer et à s’indigner en noir et blanc. La nuance camusienne, cette capacité à comprendre que l’adversaire n’est pas forcément un ennemi, que des méthodes injustifiables ne cessent pas de l’être quand celui qui les subit nous est antipathique, que le monde n’est pas composé de parfaits anges et d’absolus salauds, et qu’admettre qu’il puisse y avoir du vrai dans la position adverse est une preuve non de faiblesse mais de hauteur d’esprit, est ce dont nous avons, à mes yeux, désespérément besoin aujourd’hui. La guerre froide est derrière nous, mais nous ne …

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