« Le beaux étés, le repos du guerrier » est le dernier ouvrage de cette série, paru en juin 2018. Avec cette BD, on rentre dans les années ’80… C’est un signe pour les lecteurs comme pour leur dire « ça y est… On va grandir », « on investit dans la pierre » ?Un pas en avant, un pas en arrière. Cette série s’amuse avec la chronologie. Et attendez d’avoir vu le tome suivant qui sortira en octobre prochain !Ne craignez-vous pas qu’on puisse perdre un peu du « rêve » de ces années ’70 et ’80, quand les smartphones et internet n’existaient pas ?( Rires ) On est encore loin des smartphones, rassurez-vous ! Et moi, en 2018, je continue de rêver ! Je puis même ajouter qu’internet et le smartphone m’aident aussi à rêver. Il suffit de savoir en user avec sagesse. C’est comme tout.De quels modèles vous vous êtes inspiré pour définir le profil de vos personnages ?
Les anecdotes qui ont inspiré les débuts de vacances des Faldérault sont, d’une part, Peyo le créateur des Schtroumpfs qui, dans les années 50, 60, mettait toute sa famille dans sa voiture et partait vers le sud depuis Bruxelles. Quant à celle des enfants qui doivent attendre assis sur les valises des heures, l’histoire est inspirée de la vie familiale de Godi, le dessinateur de l’élève Ducobu. Avec le temps, cependant, il me semble trouver chaque fois un peu de Jordi Lafebre dans Pierre alias Pif. Pour ma part, je rêve d’être Pépète!
En choisissant ce titre, avez-vous voulu transmettre un quelconque message ?
Aucun message ! Si ce n’est peut-être un message que Jordi et moi nous nous dirions à nous-mêmes: « Ah! Si nous aussi, nous pouvions partir comme nos personnages en vacances, des semaines durant, à l’aventure ! « . J’arrête, sinon, je vais pleurer sur mon clavier d’ordinateur!
A quoi doit s’attendre pour le prochain album. Sera-til dédié… À Noël ?
Ils meurent tous dans une avalanche. Houps ! Spoiler !
Le prochain album ramènera les lecteurs dans les années 1970. Un retour en arrière temporaire ou pas ?
Pas trop cependant, car je crois me rappeler qu’on y sera … en décembre 1979. Quant au 6, Jordi et moi, nous n’avons pas encore décidé de sa situation chronologique. Pas en 2097, c’est certain !
Sur quels projets travaillez-vous actuellement?
Je travaille sur un projet de vacances personnelles mais comme on ne m’y autorise pas, je travaille dès lors sur le Léonard 51 et Ric Hochet 4. Puis, j’attaquerai le Ducobu 24 et le SHI 4. Puis… Maintenant, vous savez pourquoi les vacances sont, à ce stade, un doux rêve pour moi. Mais, tel Gargamel, je me vengerai !
Passons à « L’obsolescence programmée des sentiments ». Vous avez choisi de traiter la vieillesse dans cet album. Pourquoi choisir un thème qui peut « faire peur » ?
Pourquoi avoir peur de ce qui est inéluctable ? Je n’ai pas choisi le thème. Comme toujours, c’est lui qui m’a choisi. Ça me vient tout seul. Je précise que ce thème me passionnait déjà alors que j’étais adolescent, voire enfant et, par voie de conséquence, n’était pas vraiment encore concerné par les conséquences de la gravité sur mes fesses.
Vous avez également parlé de l’intimité à l’âge de la retraite. Pensez-vous qu’il y a trop de « pudeur » autour des sentiments des seniors ?
Il y a trop de (fausse) pudeur autour de tout ce qui vraiment est important. On parle toujours, par exemple, de la première fois qu’on a fait l’amour. Mais la dernière fois, ce doit être aussi quelque chose de fort, non ?
Avoir un enfant à 62 ans, comme la protagoniste de la BD, c’est quelque chose qui peut faire « crier au scandale » quand on lit des histoires similaires dans les médias. Que vouliez-vous dire avec cette surprise qui attend les lecteurs ?
Cela m’est venu tout seul aussi. Je voulais d’un miracle (n’y voyez aucune connotation religieuse), d’une métaphore absolue de l’amour retrouvé, fusse sur le tard. Je suis belge et nous, les Belges, on aime bien que le merveilleux s’immisce ainsi dans le quotidien.
Pour le dire clairement : qui va remporter la bataille ? Le corps ou l’esprit ?
À chacun son chemin ! Il suffit de regarder autour de soi pour comprendre que cela dépend d’une personne à l’autre. Regardez les photos de Charles Aznavour, 90 ans : ses yeux n’ont jamais dégagé une telle force, une telle joie de vivre. Je suppose que c’est le fruit d’un long cheminement, d’épreuve aussi. La plus dure, sans doute, quand on devient vraiment très vieux, étant de voir disparaître les êtres qu’on aime.
Pensez-vous de revenir sur les thématiques de « L’obsolescence programmée des sentiments » dans vous futurs travaux ?
Ce n’est pas mon intention… à ce stade. Peut-être que les années accumulées m’y ramèneront ? Pour autant que ma créativité n’ait pas, elle aussi, une date de péremption !
« Les Beaux Etés. Le repos du guerrier »
Dargaud
Scénario : Zidrou. Dessins : Jordi Lafebre
Format 241×318. 52 pages. 14 Euros / 22,30 CHF
« L’obsolescence programmée de nos sentiments »
Dargaud Bénélux
Scénario : Zidrou. Dessins : Jongh Aimée
Format 190×260. 144 pages. 19,99 Euros / 30,00 CHF
(Crédit photo Zidrou et images des planches de « Les Beaux Étés » et de « L’obsolescence programmée de nos sentiments » ©Dargaud)