Claudia Solal

Jazz: Room Service

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Partagez l'article !Par Guillaume Lagrée– BSCNEWS.FR/ Démarrage au clavier. Roulement de tambour grave, étrange. La voix de Claudia s’élève. Benjamin lance une boucle rythmique au son humide. Sax baryton tout en douceur. Changement d’ambiance avec le sax soprano et des claviers dans l’aigu. « Suffer me to kiss thy mouth « chante t-elle. Retour au […]

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Par Guillaume LagréeBSCNEWS.FR/

Démarrage au clavier. Roulement de tambour grave, étrange. La voix de Claudia s’élève. Benjamin lance une boucle rythmique au son humide. Sax baryton tout en douceur. Changement d’ambiance avec le sax soprano et des claviers dans l’aigu. « Suffer me to kiss thy mouth « chante t-elle. Retour au baryton. Le groupe appuie. Phrases brèves saccadées du baryton alors que le groupe s’élance. Oui, la plainte du soprano vient danser autour de la voix de Claudia. C’était la « Salomé » d’Oscar Wilde.
Claudia Solal Spoonbox Quartet Room Service Paris. Le Sunside. Vendredi 1er octobre 2010. 21h30 Claudia Solal: chant / Benjamin Moussay: piano, claviers, ordinateur portable / Joe Quitzke: batterie / Jean Charles Richard: saxophones baryton, soprano
Benjamin commence en grattant les cordes du piano main droite, en tapotant le clavier main gauche. Ca sonne comme la pluie l’automne, le temps qu’il fait dehors, triste et doux. DJ Benji ajoute des effets électroniques. La voix de Claudia s’élève sur cette nappe de sons, majestueuse, mystérieuse. Benjamin se rassoit au piano, ajoute une ligne de basse avec un clavier. J’ai beau connaître les trucs, la magie fonctionne toujours. D’ailleurs ça marche. Le public est captivé, capturé. C’était une composition sur un poème d’Emily Dickinson, poétesse américaine bien connue des fans de Claudia Solal. « Blocks » (JC Richard). Un morceau inspiré par la ville, son mouvement, ses bruits. New York City a priori. En bruit de fond les voitures, les klaxons. Le groupe tisse sa trame par-dessus. Jean Charles est au soprano. Ca groove, grogne, crache, bouge comme la ville qui ne dort jamais, New York. Benjamin est assis en équerre : main gauche sur un clavier, main droite sur l’autre. Ca envoie, nom de Zeus ! Jean Charles fait fumer le soprano.
Retour au calme avec une intro au piano. Joe prend les balais et glisse. Claudia étire sa voix en volutes bleues. JC met le baryton à l’unisson avec le piano. Ca monte, monte, devient extra-terrestre, stratosphérique. La voix de Claudia ondule, vole, zigzague. C’est à la fois sensuel, profond, pur, ailé. Bref, tout simplement merveilleux. Improvisation sur des poèmes d’Emily Dickinson. Cela fait des années que j‘entends Claudia improviser sur cette poétesse américaine du XIXe siècle et c’est chaque fois différent. Claviers et batterie s’amusent comme des petits fous dans des bruitages étranges et ludiques. Claudia ne se laisse pas perturber et chante les poèmes. Ca se calme avec l’entrée en scène du grand-père baryton. Puis ça s’énerve. Retour aux claviers électriques. Le sax baryton devient cinglant. Le son devient technoïde. Finie la ballade. Bruitages bizarres. L’hôtel du « Double Rabbit » offre un accueil très spécial. Benjamin lance une boucle sombre, menaçante. Joe fouette ses cymbales. Ca se transforme en polka folle. Puis retour au tic tac du réveil, à la boucle, aux bruitages du clavier. Le sax baryon ajoute ses couinements graves. Il se déploie par-dessus le martèlement de la batterie, les nappes de claviers. La voix de Claudia vient s’y mélanger. Retour à la polka folle. Ca repart sur un autre genre de danse, plus funky, avec le soprano. Discrètement Joe impulse, mélange les ingrédients de la sauce.


PAUSE « Y a Michel Strogoff qui arrive » disent mes blondes voisines en voyant revenir le brun barbu et chevelu Benjamin Moussay. Benjamin tapote ses claviers alors que les deux autres musiciens discutent avec des spectateurs et que la chanteuse n’est pas revenue. DJ Benji lances des notes aiguës en triangle. Ca monte, descend, revient au point de départ bref en triangle. Claudia étire sa voix, son souffle. Ca plane pour nous. La musique devient plus sombre, plus dense, toujours avec ces petites notes aiguës en triangle. Duo chant/claviers comme sur le précédent album de Claudia Solal « Porridge days ». « The winter of my discontent » ( monologue d’ouverture du Richard III de William Shakespeare). Des cloches, des corbeaux, le sax baryon; un friselis de cymbales, des notes de piano choisies et la voix de Claudia impérieuse, majestueuse, royale. Dialogue piano/baryton d’un bout à l’autre de la scène. Raffiné, élégant, puissant. Le groupe repart, la colère royale éclate. Joe fait gronder les tambours sous les maillets. Benjamin traverse le piano de part en part. Solo de batterie aux maillets sur des tambours. Ca gronde, vibre dans le ventre. Le groupe repart plutôt rock’n roll mais en acoustique. Le sax baryton grogne. Benjamin fait fumer les claviers. Joe impulse mais sans forcer. La lamentation du chant s’élève au dessus de ce maelström sonore. Claudia se lance dans une séance de vocalise dont elle a le secret remplaçant avantageusement la guitare électrique. Retour brutal au calme avec un duo piano/voix. Le baryton reprend la mélodie de départ. Les cymbales vibrent sous les balais. Le piano chante en medium.

Petits bruitages de claviers, batterie, percussion. Claudia pousse des petits cris d’oiseaux, de griffons, de chimères. Benjamin est en équerre main gauche sur le piano, main droite sur le Rhodes. Bruit de boîte à musique. Claudia joue à la petite fille. Ca repart en danse avec le soprano, les claviers. Joe est toujours là pour faire le lien. Claudia nous emmène dans son monde. Il est plein de surprises délicieuses. Voilà qu’elle s’amuse à nouveau avec des cris de petite souris mais toujours en mesure. Fin surprise. C’était « Jelly bird pie ».

« Tara’s room » chanson sur une chambre de fillette remplie d’air et de rêves. Poèmes d’Emily Dickinson. Jean Charles passe à la flûte turque en bois. Claudia chante le vent. Benjamin lance une vibration avec son clavier électrique. Travail sur la mélodie, la voix, le chant. Joe ne joue pas dans cette partie. Puis Benjamin relance le jeu avec piano et Rhodes. Joe fait péter les maillets. Petits cris du soprano. Jean Charles Richard est le digne successeur de David Liebman. Benjamin saute de joie en jouant. Ca déménage. Benjamin fait vibrer son Rhodes comme une guitare électrique. Joe balaie tout sur son passage, avec des baguettes. Claudia monte encore un cran au dessus. Ca retombe en solo de voix. Le piano enchaîne tout en douceur. Le baryton se fait tout chaud, tout doux. Les cymbales grincent doucement sous le frottement des baguettes. La voix de Claudia devient douce, grave, profonde. Elle finit dans un souffle. Silence puis applaudissements mérités.

« Room Service ». Ca part vite et sec avec le soprano. Je bats la mesure du pied droit. Pas sûr que je sois en rythme mais cela ne gêne pas le groupe. Petit dialogue piano/soprano. Le batteur vient s’y ajouter sans fracas, sans perte. Claudia laisse jouer ses hommes puis chante. Elle jette tout dehors depuis ce matin. « Since this morning I throw everything out ». Les musiciens aussi. Pour finir, Claudia jette ses partitions.

PAUSE

Mlle F et moi avons adoré ce concert. La preuve nous sommes restés les deux premiers sets après une dure semaine de labeur. Quant au troisième, je ne doute pas qu’ils ont su rester au même niveau. Comme disaient les antifascistes italiens,

 » Non mollare mai « .

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