Robin des bois: une genèse délicieusement musclée

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Par Julie Cadilhacbscnews.fr / Reprendre une légende maintes fois ressassée par l’histoire cinématographique est un pari audacieux. Ridley Scott l’a réussi avec beaucoup de talent.
D’abord on apprécie sa pertinente décision d’écrire une genèse de Robin Hood , l’histoire d’un archer-soldat désobéissant et roublard qui, avant de devenir le roi des voleurs et le défenseur des opprimés, fait ripaille avec des voyous et pille des chevaliers tout juste éventrés. Le film évite ainsi les bis repetita et les naufrages possibles d’une narration poussive où l’on verrait encore et toujours le justicier en train d’éradiquer les méchants dans la forêt de Sherwood. Bien sûr, dans ce Robin des Bois aussi, on retrouve avec plaisir le frère Tuck et son hydromel, Petit Jean ou bien Will l’Ecarlate mais les caractères s’habillent de nuances: Richard Coeur de Lion n’a du lion que la crinière et le courage, sa clémence est toute relative et il se bat avec un panache…animal. Son frère, le prince Jean, est un voyou incapable, plus préoccupé par les fesses de la cousine du Roi de France que par la direction de son royaume.
On se rappelle la version plus romantique et sage de Kévin Reynolds avec Kevin Costner, Christian Slater, Morgan Freeman et Sean Connery. Non pas que l’on critique cette version plus sentimentale dont Bryan Adams avait coloré la bande-son de trémolos larmoyants et vibrants qui avaient affolé toutes les jeunes femmes d’une génération mais il faut avouer que ce nouveau Robin des Bois décoiffe davantage et surprend. Russell Crowe y incarne une version plus musclée qui n’est pas sans charme. Oui, Ridley Scott y a aiguisé les couteaux, dépenaillé les personnages, sali les mains de tous – que ce soit de terre, de mensonge ou de sang.
Il est vrai que dans cette épopée, Russell Crowe a du mal à se défaire de son image de gladiateur, Maximus, qu’il incarne si majestueusement dans Gladiator – ou alors c’est le spectateur qui conserve sur les sandales de l’acteur des reliquats de sable romain – mais peu importe! Maximus est un Robin Hood des plus crédibles. D’ailleurs c’est la distribution toute entière du film qui est à saluer car ce dernier n’est aucunement une exposition de vedettes en chausses mais bien une sélection de comédiens talentueux au service de leur personnage et ça, ça fait du bien. On est un peu las des films clés en main où un acteur est présupposé pour le rôle principal et éclabousse tout le film de sa présence insupportable. Télérama a ainsi dit que Marianne, incarnée par la touchante et superbe Cate Blanchett, était peut-être le véritable héros de ce Robin des Bois. Une autre façon d’abonder dans ce sens : ce film est simplement le tableau d’une époque, le récit d’une histoire d’amour et d’un roi qui trahit ses sujets qui se sont battus pour lui…et en second plan, on n’y voit que des visages investis et audacieux qui rendent honneur à un scénario brillant.
Bravo à ce film auquel nous souhaitons longue vie sur le grand et sur le petit écran!
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