Nicolas Otero : confessions d’un enragé en BD
Par Boris Henry – Nicolas Otero signe un récit atypique, foisonnant et inégal, mais d’une énergie et d’une force rares. Prêts à vivre une expérience décoiffante ? Âgé de quatre ans, Liam se fait mordre au visage par un chat.
L’animal meurt mais une certitude s’impose : il avait la rage. Si tout est entrepris pour que l’enfant ne soit pas contaminé, celui-ci change au fil des jours et les troubles s’accentuent avec l’âge. Le chat enragé ne vivrait-il pas désormais au cœur de Liam ?
Voilà une bande dessinée intéressante à plus d’un titre. Le récit part dans tous les sens mais il apporte aussi des informations scientifiques et historiques sur la rage ainsi que sur le cannabis. Le dessin de Nicolas Otero, gorgé d’énergie, paraît parfois dépassé par celle-ci, et parfois un peu maladroit.
Confessions d’un enragé est loin d’être exempt de défauts, mais cela fait sa force et son charme. À l’instar du personnage principal, il se dégage de cette bande dessinée une certaine sauvagerie, à vouloir sortir du cadre, en débordant sans cesse, voire le dynamitant. Cette force du récit est impressionnante et emporte le lecteur, y compris lorsqu’il est gêné, agacé et/ou troublé par certains éléments. Il se produit ainsi un effet intense et rare : avec cet album, le lecteur est véritablement invité à s’immerger dans le personnage, de son histoire, de ses tourments et de ses quelques joies, adoptant son point de vue singulier sur la vie et, en particulier, sur son existence.
Un album certes imparfait, mais percutant.
Confessions d’un enragé
Éditions Glénat, collection « 1 000 Feuilles »
Scénario et dessins de Nicolas Otero, couleurs de Vérane Otero
128 pages en couleurs – 25,00 euros
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