Rentrée littéraire 2016 : entre actualité et valeurs sûres
Par Romain Rougé – Depuis mi-août et jusqu’à fin septembre, 560 nouveaux ouvrages prennent progressivement place chez les libraires : c’est la rentrée littéraire ! Si la production affiche une légère baisse en 2016, cette institution très française reste incontournable pour les auteurs, les éditeurs, les libraires et bien sûr, les lecteurs.
Produire moins pour lire plus ou, du moins, mieux. C’est un peu l’adage depuis quelques années chez les éditeurs. Il s’agit aussi, d’après Gilles Haéri, président de Flammarion interrogé par Les Echos, de « limiter la casse » en cas de réelles difficultés. La plupart des professionnels de l’édition sont formels, cette « réduction » de la production est nécessaire, même si elle reste progressive : 560 livres cette année contre 589 en 2015 et 646 en 2012… Dans le détail, ce sont tout de même 393 nouveautés françaises et 197 traductions qui s’amoncellent chez les libraires cette rentrée. Gageons qu’il y aura assurément de belles découvertes.
Beaucoup d’ouvrages résonneront toutefois avec la (triste) actualité : des problématiques identitaires à la montée des extrêmes en passant par Daech, le monde est troublé, la lecture sera donc anxiogène. Un aspect qui reflète le grand intérêt du public pour les sujets d’actualités, ceux-là même qui morcellent la société. Un besoin, aussi : comprendre pourquoi cette fracture est si profonde aujourd’hui. Rien d’étonnant au fond, après la succession d’événements funestes des derniers mois.
On pourra néanmoins s’évader en privilégiant l’exofiction, genre de plus en plus plébiscité, celui ou l’auteur s’empare d’une figure célèbre pour en faire un personnage romanesque. Heureusement souffleront certains. Cette année, les protagonistes de ces histoires originales sont : Jean-Luc Godard, Ayrton Senna, Christian Dior, Sharon Tate, Claude Monet ou encore Jim Morrison. Cinéma, mode, peinture, musique, loin des faits de société, chacun devrait trouver un exutoire.
Rentrée littéraire 2016 : ces livres qui sortent du lot
La rentrée littéraire est un marronnier durant lequel, aussi, les médias s’empressent d’établir leur liste de « favoris ». Dans le top 3 des « chouchous » des journalistes, on retrouve cette année Au commencement du septième jour de Luc Lang, Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo et Chanson Douce de Leïla Slimani.
Ces derniers repartiront peut-être avec un prix, qu’il soit Goncourt, Renaudot, Fémina, Médici ou Flore. Pour autant, d’autres sont sur les rangs. Il faudra aussi composer avec Yasmina Reza chez Flammarion, Laurent Gaudé chez Actes Sud, Karine Tuil chez Gallimard, Christophe Donner chez Grasset, Régis Jauffret chez Seuil ou l’indéboulonnable Amélie Nothomb chez Albin Michel. Des prix à ne pas négliger puisque auteurs comme éditeurs savent qu’une reconnaissance pareille, au-delà d’un certain « prestige », est un bon coup de pouce pour les ventes. D’ailleurs, à l’approche des fêtes de fin d’année, la hotte du Pére Noël en est la première bénéficiaire.
N’oublions pas non plus les premiers romans, tout de même au nombre de 66 cette année (68 en 2015). D’autant, évidemment, que certains d’entre eux émergent déjà de la sphère médiatique. C’est le cas de celui d’Elitza Gueorguieva. Les cosmonautes ne font que passer (Verticales) nous transporte dans la Bulgarie communiste sous le regard d’une petite fille qui rêve de devenir Iouri Gagarin, ce premier homme russe à avoir effectué un vol dans l’espace. Autre nom qui revient souvent, celui Line Papin pour L’Eveil (Stock), un roman polyphonique que beaucoup considèrent comme le digne successeur de L’Amant.
C’est donc la même ritournelle en 2016, un « véritable marathon de lecture » admettent les libraires. Pour ces derniers, l’objectif est bien sûr de conseiller au mieux les lecteurs selon leurs envies et, plus implicitement peut-être, de pérenniser le goût du public pour la lecture. Non, on ne peut pas tout lire. Oui, on peut dénicher LE livre qui nous fera vibrer ou réfléchir.
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