Visuels © Dorothy Circus Gallery
Est-ce que « Popaganda » est un art de vivre, une façon de penser, une forme de subversion ou les trois à la fois ?
Oui, elle est les trois à la fois. Je trouve que cela va bien ensemble car ce n’est pas sain de les séparer.
Qu’est ce qui vous a poussé à détourner les affiches publicitaires depuis toutes ces années ?
J’ai juste donné plus d’attention aux autres choses que je faisais.
Qu’est ce qu’apporte pour vous le réalisme dans cette volonté de subversion ?
Il y a toujours deux faces dans l’histoire et je sens que j’ai cette responsabilité de raconter l’autre coté.
Vous déclarez que vous faites partie des pirates médiatiques. Pouvez-vous nous en dire plus à sujet ? Qu’entendez-vous par là ?
C’est dans cette façon d’utiliser les mêmes espaces et les mêmes stratégies utilisés par les publicitaires afin de raconter une histoire plus ou moins vraie. Souvent pour exister dans ce même espace, on doit être un pirate. Dans la plupart des cas, on ne me donnerait pas la permission de faire ce que je fais. Alors je m’arroge le droit de le faire.
Considérez-vous que votre art est une forme athéisme face à la commercialisation du monde occidental que vous dénoncez ?
C’est de l’agnosticisme. Je regarde tout d’un point de vue critique. Ce que je fais est sans doute pris comme un système de croyance plus engagé que les standards adoptés par un si grand nombre.
Qu’est ce qui vous plaît dans le travail artistique d’icônes comme Batman, Elvis Presley ou Maryline Monroe ? Qu’est ce que cela remet en cause?
Si j’avais vécu 2000 ans en arrière, Apollon, Zeus et Aphrodite auraient occupé très certainement une place importante dans mon vocabulaire visuel. Les fondements culturels élargissent la portée et l’acceptation du message.
Quelle est la différence artistique entre l’école «LowBrow » et celle des « Culture Jammers » ?
L’école Lowbrow est une culture développée en Californie dans les années 50 et 60, largement centrée autour de « hotrods » avec des rayures, des bandes dessinées et des tatouages. Ils constituaient des formes d’art de la classe inférieure. Plus tard, le mouvement LowBrow a influencé le mouvement Pop Surréalisme. La « Culture Jammers » est plus axée sur l’humour, avec le détournement de la culture de la publicité commerciale en tant que méthode critique de la société.
Quelle est selon vous l’oeuvre la plus subversive que vous ayez réalisée ?
Très certainement MC Supersized. Il est devenu pratiquement aussi gros que Ronald McDonald. En Chine, les magasins vendent MC dans les chaînes Mc Donald, laissant croire aux gens que Ronald McDonald est gros. C’est plus difficile de vendre de la nourriture grasse quand la mascotte montre les dommages et les effets néfastes de ce genre de nourriture.
De nombreux artistes se sont inspirés de votre art ces dernières années. Comment expliquez-vous cela, Ron English ?
J’ai eu la chance de faire partie de trois grands mouvements de l’art à leur création: Pop Surréalisme, Culture Jamming et Street Art. J’ai ouvert la porte à une multitude d’artistes qui sont entrés dans ces sphères au fil des années. La Pop Surréalisme a ouvert un espace pour une nouvelle culture de l’extase visuelle débridée, la culture Jamming a insufflé au discours politique de nouvelles stratégies de diffusion. Enfin, le Street Art a fait connaître une nouvelle génération d’artistes au plus grand nombre. Il a inspiré des millions de convertis à apprécier l’art.
Vous souhaitez éveiller la conscience populaire avec votre art face à la commercialisation et à la marchandisation systématique de la société. Quelle place accordez-vous à la responsabilité de chacun à résister à cette commercialisation massive de la société ?
Nous permettons tout. Cela passe par l’engagement infini d’une forme d’acquiescement passif dans un système explosif qui requiert notre respect répété, ce qui signifie aussi que nous sommes confrontés à une multitude de moments où nous pouvons résister. Les gens doivent prendre du plaisir à décider de leur vie à chaque minute.
Propaganda
Ron English
Le site officiel:
www.popaganda.com
Ron English expose ses travaux et ses dessins à la Dorothy Circus Gallery de Rome du 20 février au 31 mars 2016.
www.dorothycircusgallery.it
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