Nicolas d’Estienne d’Orves : le dico d’un amoureux de Paris
Par Marc Emile Baronheid – A quoi bon une littérature hédoniste par temps de barbarie? Pour faire pièce à la violence, à l’aveuglement, pour réaffirmer que Paris n’a plus rien à prouver, sinon qu’elle demeure insubmersible,
quand bien même on y croiserait « au détour d’un sentier une charogne infâme » (Baudelaire). Dernier en date de ses soupirants, Nicolas d’Estienne d’Orves ne pouvait deviner, début octobre, à quel point sa déclaration d’amour trouverait une démonstration par l’absurde et même par l’infâme : « Si je suis amoureux de Paris ? Et comment ! Amoureux partial, amoureux nostalgique, amoureux terroriste » …
Nouveau fleuron d’une collection qui les accumule comme à la parade, son Dictionnaire illustre et revendique une subjectivité à saute-mouton. Il est constitué d’arpentages intimes, de rappels historiques, de sensations fortes, d’odeurs, d’impatiences, d’apologies maîtrisées autant que possible. Tout avait commencé dans la vastitude minuscule de deux chambres de bonne : « J’ai beau n’y avoir passé qu’une année, ces douze mois sont gravés dans ma mémoire comme le lent déroulement d’un immense dépucelage. Une sorte d’âge d’or où je découvrais la vie, en bloc, tout à trac ».
« Dictionnaire amoureux de Paris », Nicolas d’Estienne d’Orves, Plon, 25 euros
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