
Sami Biasoni: « La langue, en tant que bien commun, ne doit pas être confisquée par des minorités militantes »
Antispécisme, bienveillance, écriture inclusive… Derrière ces mots faussement anodins se cache une véritable bataille culturelle. Dans son Encyclopédie des euphémismes contemporains, Sami Biasoni réunit quarante et un intellectuels pour dénoncer la manipulation du langage, ce cheval de Troie idéologique qui infiltre nos institutions, nos médias et nos consciences. Un plaidoyer pour retrouver nuance, esprit critique et liberté de penser face à la dictature du politiquement correct.
Votre ouvrage dénonce la prolifération des « euphémismes idéologiques » : selon vous, comment ces mots apparemment inoffensifs transforment-ils en profondeur notre rapport au réel et à la vérité ?
Parce que la langue est la materia prima de notre pensée. Elle ne se contente pas de désigner le réel : elle façonne la manière dont nous le percevons. Quand un mot change de sens, quand une expression est édulcorée, ce n’est pas une simple question de style, mais un déplacement du regard collectif. Préférer dire « GPA éthique » plutôt que « marchandisation du corps », parler de « diversité » pour masquer des logiques communautaristes, invoquer la « bienveillance » comme substitut managérial à toute exigence de justice : autant de glissements qui brouillent notre rapport au vrai. L’euphémisme n’adoucit pas seulement, il travestit.
Vous avez réuni quarante et un intellectuels venus d’horizons …