C’est une déclaration qui ne manque pas de surprendre. Invité jeudi 11 septembre sur France 2 dans L’Événement de Caroline Roux, Jordan Bardella a reconnu que « les sondages qui ont été faits montrent que deux tiers des Français souhaitent la démission du Président de la République ». Pourtant, contre toute attente, le patron du Rassemblement national n’a pas appelé à ce départ, préférant se retrancher derrière une justification étonnante.

« Le désamour entre les Français et leurs dirigeants est extrêmement profond », a concédé Bardella, avant de poser une limite claire : « Je ne ferai jamais le choix du désordre républicain. Je suis extrêmement attaché à l’ordre, à l’intégrité du pays, à l’unité de la nation. » En d’autres termes, même si l’opinion publique réclame massivement la tête d’Emmanuel Macron, lui se garde bien de franchir le pas.

Cette posture interroge : comment concilier la volonté affichée de représenter la majorité des Français avec un refus d’endosser sa revendication première ? Bardella tente ici un exercice d’équilibriste : profiter du rejet massif de Macron tout en apparaissant comme l’homme du « sérieux » et de la stabilité institutionnelle. Une manière de se présenter en présidentiable rassurant, là où ses adversaires aiment l’accuser de flirter avec l’aventure.

Il n’en reste pas moins que sa conclusion sonne comme une rupture assumée : « La seule solution pour que les Français reprennent espoir avec la politique, c’est de voter différemment de ce qui se pratique depuis 40 ans. » Bardella trace ainsi la ligne : pas de démission précipitée d’Emmanuel Macron – au risque de décevoir ses partisans les plus impatients –, mais l’idée d’un grand renversement par les urnes.

Dans un paysage politique en lambeaux, après l’échec cuisant de François Bayrou à l’Assemblée nationale le 8 septembre et la nomination expéditive de Sébastien Lecornu à Matignon, cette nuance bardellienne étonne. Elle pourrait être lue comme une tentative de se distinguer de la fièvre de la rue pour incarner une alternative « respectable », sans pour autant renoncer à surfer sur la colère populaire.

🔴🇫🇷 ALERTE INFO | Jordan Bardella refuse de demander la démission d’Emmanuel Macron, alors même que 2/3 des Français l’exigent selon les sondages.
Marine Le Pen, elle, s’est montrée beaucoup plus claire sur le sujet. pic.twitter.com/X3WklhViVt

— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) September 12, 2025