(Vidéo) « Chers collègues policiers, ne soyez pas solidaires d’un pouvoir corrompu » L’appel solennel de l’ancien flic Jean-Pierre Colombiès
L’ancien policier Jean-Pierre Colombiès, devenu chroniqueur, lanceur d’alerte et porte-parole du Collectif national UPN (Actualité des Associations et Collectifs de Policiers regroupés dans l’UPNI), a lancé un appel solennel à ses anciens collègues policiers. Publiée le 26 août sur la page Facebook du collectif, sa déclaration prend des accents d’ultimatum : ne pas obéir aux ordres illégaux d’un pouvoir qu’il qualifie de « totalement corrompu ».
Cet avertissement intervient dans un contexte politique et social explosif. Le Premier ministre François Bayrou, affaibli, prévoit de solliciter la confiance de l’Assemblée nationale le 8 septembre prochain. Pour tenter de désamorcer la fronde, il a déjà reculé sur certains points de sa politique générale. Mais à l’horizon se profile une date que redoutent autant le gouvernement que les forces de l’ordre : le 10 septembre, journée pour laquelle syndicats, associations, et citoyens appellent à « bloquer le pays ». Selon plusieurs sondages, près de deux Français sur trois soutiendraient cette initiative.
Cette mobilisation pourrait déboucher sur des manifestations massives, voire sur des violences ou des actions de blocage coordonnées sur tout le territoire. Et c’est précisément sur ce point que Jean-Pierre Colombiès met en garde ses anciens collègues : ne pas devenir les instruments d’un exécutif acculé. « Chers anciens collègues policiers, ne vous laissez pas aller et ne perdez pas votre honneur, car les cadres de la police et les cadres des syndicats policiers l’ont fait. Il sera souhaitable que vous, policiers de la base, fassiez remonter à la hiérarchie que vous ne ferez pas n’importe quoi sur le terrain », a-t-il déclaré.
L’ancien policier oppose frontalement les policiers de terrain, qu’il exhorte à la retenue, aux élites politiques obsédées selon lui par leurs privilèges. « Ne soyez pas solidaires d’un pouvoir totalement corrompu. Ne soyez pas solidaires de ce bal des hypocrites au plus haut niveau de l’État qui s’en mettent plein les poches ! Leur seule obsession, c’est de se gaver alors qu’ils demandent aux Français de se serrer la ceinture », fustige-t-il.
À l’approche d’un automne qui s’annonce tendu, son discours trace une ligne rouge : « La police française doit retrouver son honneur et elle ne soutiendra pas les ordres illégaux qui lui seront donnés. Ne perdez pas votre honneur et ne salissez pas vos mains pour ce pouvoir. »
À quelques jours d’un vote de confiance qui pourrait fragiliser encore davantage Emmanuel Macron et François Bayrou, l’appel de Jean-Pierre Colombiès résonne comme un avertissement sans filtre : si les politiques jouent leur survie, les policiers, eux, devront choisir entre être les supplétifs d’un système chancelant ou redevenir les garants de leur propre déontologie.