
Jean-François Chemain: « l’homme de gauche est persuadé de sa supériorité morale face à l’homme de droite qui, lui, a bien conscience de ses limites ! »
Ancien haut cadre devenu enseignant en ZEP, historien et essayiste, Jean-François Chemain ausculte dans son dernier livre les racines théologiques et historiques de l’idéologie de gauche. Entre cléricature laïque, utopie inquisitoriale et victimisation permanente, il décrit la gauche comme une Église sans Dieu, mais avec dogmes, prêtres et inquisiteurs. Entretien au scalpel sur la fusion du politique et du religieux, et ses effets délétères sur nos libertés.
Vous décrivez la « cléricature » comme l’équivalent moderne du clergé d’Ancien Régime : selon vous, quels mécanismes historiques ont permis aux intellectuels de gauche de se muer en une véritable élite magistérielle, comparable aux religieux d’autrefois ?
L’évolution est très ancienne : on passe dès le Moyen Âge du clergé stricto sensu aux clercs, ces intellectuels qui peuvent être moines ou prêtres, mais pas forcément. Ils sont détenteurs de l’autorité, étymologiquement « force divine », qui prend le sens de supériorité intellectuelle et morale. Ils investissent les espaces qui font le lien entre le Politique et le Sacré : l’État, la Magistrature, l’Université, tous les métiers « de robe », héritière de la soutane. Ces clercs, religieux ou laïcs, ont été les principaux acteurs de la Révolution française, au cours de laquelle est apparue la notion de gauche.
Vous établissez une généalogie théologique liant l’esprit de gauche aux hérésies …