En République française, certains ont l’art de brouiller les frontières entre service public et service privé. Et cela n’a pas échappé à nos confrères du Canard Enchaîné. Ainsi, avant de s’élancer sur son vélo électrique pour « échanger avec les Français à bâtons rompus », Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale — 15 900 € bruts mensuels, voiture avec chauffeur, logement de fonction et autres douceurs — a laissé aux CRS chargés de sa protection une consigne simple : nourrir ses poules pendant les vacances. Ses poules. Chez elle. Au Vésinet.

Les valeureux gardiens de l’ordre, rompus aux missions de protection rapprochée, se retrouvent à remplir la mangeoire de gallinacés sous le soleil estival. Pas de manifestation à contenir, pas de ministre à escorter : juste veiller sur un poulailler républicain. La prestigieuse CRS 1, qui escorte présidents et chefs d’État, recyclée en intendance avicole.

Dans un pays où les forces de l’ordre tirent la langue, où les menaces réelles ne manquent pas, voir une unité d’élite assignée à la logistique domestique d’une élue résume à merveille le fossé entre caste dirigeante et quotidien des citoyens. Pendant que le peuple rame, les poules de Madame sont sous bonne garde. La République, elle, picore ce qui lui reste de dignité.

Pourtant, il y a quelques mois, Yaël Braun-Pivet déclarait chez Sud Radio qu’elle refusait de vivre aux crochets de l’Etat.

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Yaël Braun Pivet : « Je ne vis pas aux crochets de l’État et de la collectivité […]
Je fais ma vaisselle comme tout le monde »

Dans le monde réel :
Réquisitionne des CRS pour nourrir ses poules. pic.twitter.com/n0kWPKhf1w

— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) August 13, 2025