
Xavier Cauquil: « Aux yeux de l’UE, toute exclusivité à caractère national doit être abolie, purement et simplement »
Docteur en philosophie et fin analyste de la mécanique bruxelloise, Xavier Cauquil démonte méthodiquement l’arsenal discret mais implacable de l’Union européenne pour grignoter la souveraineté des États. Entre « subsidiarité » détournée, gouvernance multi-niveaux, illusions démocratiques et centralisation numérique, il révèle une machine institutionnelle qui avance masquée derrière le vernis du progrès, pour mieux verrouiller le pouvoir à Bruxelles.
Vous ouvrez votre ouvrage en présentant la « boîte à outils » de l’Union (subsidiarité, gouvernance multi-niveaux, diversité/non-discrimination). Comment ces trois notions sont-elles conçues comme des leviers d’extension de l’emprise de Bruxelles au détriment des États-membres ?
C’est le fruit d’une longue expérience maintenant (le Traité de Rome va avoir 70 ans sous peu, ne l’oublions pas), bien rodée et polie par l’usage. Nous avons affaire à une panoplie de formules-clé qui visent chacune une cible ou un public précis :
– Les Etats-membres, qu’il faut maîtriser tout en leur donnant l’impression que l’intervention européenne est une nécessité et non une dépossession, c’est ce qui est visé par la notion emblématique de « subsidiarité » et l’acception toute personnelle et univoque qu’en a l’institution : l’Europe agit parce qu’elle peut mieux faire que les Etats individuellement, et parce que la bonne exécution des traités le justifie. C’est imparable.
– Les collectivités locales, qui dans l’esprit de l’UE constituent d’excellents auxiliaires de l’avancée européenne et du grignotage des prérogatives des Etats-membres ; des sortes de contre-pouvoirs issus des mouvements de décentralisation de la fin du siècle dernier et qui amoindrissent l’autorité exclusive et sans partage des Etats-nation traditionnels : l’UE en joue et c’est le rôle imparti à la notion de gouvernance « multi-niveaux », dont d’ailleurs les collectivités locales elles-mêmes sont les dupes en ayant l’impression de compter dans l’orientation et la prise de décision au niveau de l’UE, alors qu’elles n’en sont que les marionnettes.
« Les collectivités locales ont l’impression de compter dans l’orientation et la prise de décision au niveau de l’UE, alors qu’elles n’en sont que les marionnettes »
– Les ressortissants des Etats-membres enfin, les ressortissants …