(Vidéo) Marion: « J’en ai marre de payer… Je quitte la France, je montre une structure à l’étranger et je me rémunérerai en dividendes à l’étranger! »
Depuis plusieurs mois, un climat d’exaspération larvée semble monter au sein de la classe moyenne française. Entre des prélèvements toujours plus élevés, des services publics en dégradation constante et une dette publique qui tutoie désormais les 3 400 milliards d’euros, le ras-le-bol fiscal ne se confine plus aux marges politiques ou économiques. Il s’exprime désormais à visage découvert, dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans les foyers.
Le 17 avril dernier, une auditrice nommée Marion, intervenant sur les ondes de RMC dans l’émission d’Estelle Denis, a résumé en quelques phrases le sentiment d’abandon partagé par une frange croissante de Français :
« J’en ai marre de payer… Je vais prendre un minimum en France, je monte une structure à l’étranger et je me rémunérerai en dividendes à l’étranger. J’arrêterai de payer ! Je paie 7 000 € d’impôt sur le revenu ! »
Un témoignage frontal, brutal, mais symptomatique d’un divorce latent entre une partie active de la population et un État perçu comme de plus en plus dispendieux, inefficace, et sourd à la réalité des contribuables.
Des impôts toujours plus lourds, pour quels résultats ?
Sous les quinquennats successifs, et singulièrement depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, la pression fiscale n’a cessé de croître. Malgré quelques baisses symboliques (comme la suppression de la taxe d’habitation pour la majorité des ménages), le taux de prélèvements obligatoires reste parmi les plus élevés au monde, culminant à près de 45 % du PIB. Dans le même temps, l’efficacité des services publics – santé, éducation, sécurité, justice – s’érode inexorablement. Urgences saturées, classes surchargées, lenteurs administratives chroniques : la promesse républicaine d’un État-protecteur se fissure. Nombreux sont ceux qui, comme Marion, s’interrogent : pourquoi payer autant, si c’est pour obtenir si peu ?
La réponse de François Bayrou : « Les Français ne travaillent pas assez »
Dans ce contexte tendu, les récentes déclarations de François Bayrou n’ont fait qu’attiser la colère. L’ancien Haut-Commissaire au Plan, et aujourd’hui Premier ministre lors d’une conférence sur les finances publiques le 15 avril, a estimé que « la France a un problème majeur : nous ne travaillons pas assez ». Une phrase qui, dans l’opinion, a souvent été perçue comme une insulte déguisée aux millions de travailleurs qui peinent à boucler leurs fins de mois malgré des semaines bien remplies. Pour certains, ces propos traduisent une déconnexion totale des élites politiques face aux réalités de terrain.
Une dette qui s’emballe, une classe moyenne qui décroche
La dette publique française atteint désormais plus de 110 % du PIB. Loin de se résorber, elle continue de s’aggraver, portée par des dépenses publiques incontrôlées et une croissance anémique. Or, ce sont les classes moyennes – salariés, entrepreneurs, professions libérales – qui supportent l’essentiel du financement de cette dette par l’impôt.
Ce paradoxe alimente une tension croissante : comment justifier une telle charge fiscale quand les fruits de cet effort collectif semblent se diluer dans un système à bout de souffle ?
Vers une révolte fiscale silencieuse ?
Sans fracas, sans pancartes, une forme de contestation discrète mais redoutablement efficace prend forme. Elle s’incarne dans les stratégies d’optimisation, dans l’exil fiscal des micro-entrepreneurs, dans le refus croissant de s’investir dans un système perçu comme spoliateur. Ce n’est plus uniquement l’élite économique qui s’installe à l’étranger ; ce sont désormais des indépendants, des commerçants, des cadres moyens qui songent à contourner l’impôt légalement, à défaut de pouvoir y échapper autrement.
Marion, l’auditrice de RMC, ne fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Une classe moyenne à bout de souffle
Si l’on devait résumer l’état d’esprit ambiant, c’est celui d’une fracture morale entre le citoyen-contribuable et l’État. Non pas un rejet de l’impôt en soi – qui demeure un outil de solidarité – mais une remise en question de son usage, de sa finalité et de sa justice.
À force d’exiger toujours plus sans offrir davantage, le pouvoir politique risque de s’aliéner définitivement ceux qui forment encore le socle fiscal du pays. Une alerte que les gouvernants, Emmanuel Macron et François Bayrou en tête, feraient bien de prendre au sérieux. Avant que l’exaspération ne se mue en rupture et en point de non retour.