Ce mercredi 11 décembre, une action symbolique menée par les agriculteurs de la Coordination Rurale (CR) dans un magasin Auchan a une nouvelle fois mis en lumière un problème criant : la concurrence déloyale étrangère qui détruit peu à peu l’agriculture française. Cette démonstration illustre l’exaspération d’un secteur en péril, pris en étau entre des accords internationaux, des réglementations européennes et une absence de soutien clair au niveau national.

« Vous n’avez pas honte ?!! Des magrets polonais congelés en août 2023 !! Vous êtes la honte de la France! » :  Lionel Calendon, figure de la révolte agricole et président de la coordination rurale du Gers a fait part de sa vive indignation auprès du responsable de cette grande surface, dans une vidéo tournée par la Dépêche du Midi.

Les agriculteurs dénoncent plusieurs phénomènes, qu’ils estiment être les conséquences directes des choix politiques et économiques. Les rayons regorgent de produits issus de pays comme la Pologne, l’Espagne ou simplement étiquetés « origine UE », ce qui, selon les agriculteurs, est une conséquence directe de la politique européenne interdisant tout protectionnisme économique ou agricole et contraignant la France à accepter des produits étrangers sans possibilité de privilégier les siens. À cela s’ajoute la présence de tomates marocaines, cultivées avec des pesticides interdits en France, situation rendue possible par l’accord de libre-échange UE-Maroc signé en 2000, qui facilite l’entrée massive de ces produits sur le marché européen. Par ailleurs, l’arrivée de produits venus d’Uruguay inquiète les producteurs locaux, car l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, récemment signé par Ursula von der Leyen, pourrait provoquer une invasion de marchandises à bas coût, produites dans des conditions non comparables aux normes françaises. Enfin, les règles européennes interdisant largement la valorisation des productions nationales sur les étiquettes compliquent le choix des consommateurs désireux de soutenir l’agriculture française, contribuant ainsi à un système favorisant les importations massives au détriment de la production locale. Les agriculteurs réclament une régulation accrue des importations, une révision des accords commerciaux et une politique proactive de valorisation des produits français pour éviter une crise agricole majeure.

Cette action dans un hypermarché n’est pas qu’un simple coup d’éclat : elle reflète une crise profonde qui pourrait, si rien n’est fait, entraîner la disparition d’une partie de l’agriculture française. Le cri d’alarme des agriculteurs résonne, mais reste-t-il encore des oreilles pour l’entendre ?

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