Les cofondateurs de HowToBitcoin : « Il est assez simple d’imaginer que l’avenir du Bitcoin semble bien plus radieux que celui de l’Euro »

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Dans cette longue interview, les cofondateurs de « HowToBitcoin” partagent une vision engagée sur l’adoption du Bitcoin en France, évoquant les obstacles culturels et institutionnels qui freinent son développement. Ils pointent notamment du doigt le manque d’éducation financière des Français, un tabou autour de l’argent et une aversion généralisée pour le risque. À leurs yeux, cette méfiance contraste fortement avec la culture anglo-saxonne, où l’échec est perçu comme un tremplin vers la réussite.

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L’interview aborde également la perception souvent négative de Bitcoin en France, alimentée par des discours associant cette cryptomonnaie à des activités illicites ou à une menace écologique. Il est expliqué comment cette perception limite l’acceptation d’un outil qu’il considère comme un rempart pour la liberté économique individuelle. Face à l’incertitude économique mondiale, notamment liée aux récentes élections américaines, « Bitcoin se profile comme un potentiel “refuge” en cas de crise ». Les co-fondateurs de « HowToBitcoin »  voient dans le Bitcoin une alternative aux monnaies traditionnelles, qui sont de plus en plus sujettes à l’inflation et à la manipulation des banques centrales.  Les co-fondateurs de HowToBitcoin rappellent cependant que cette analyse n’est pas  un conseil en investissement, mais une invitation à réfléchir aux options face aux défis économiques contemporains.

 

 

Selon vous, quel est le principal frein au développement de l’adoption du Bitcoin en France, et en quoi la relation des Français aux cryptomonnaies diffère-t-elle de celle d’autres pays ?
Nous pensons que cela s’articule autour de deux principaux points. Le premier est l’absence évidente d’éducation financière et économique des Français. L’argent est un sujet tabou. Le gain est donc diabolisé. Nous entretenons un culte malsain de la redistribution forcée via l’impôt et la glorification de ceux qui gagnent peu, au nom de l’égalité. Au-delà de l’aspect presque “culturel” de ce manque d’éducation, favorisée par l’incompétence de l’éducation nationale en la matière, cela se traduit par une aversion au risque très faible où l’échec est pointé du doigt et doit être à tout prix évité. À l’inverse de la culture anglo-saxonne, où l’échec est un passage obligatoire vers la réussite.
Ensuite, comme l’a parfaitement rappelé le dernier papier écrit par Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf, tous deux travaillant à la Banque Centrale Européenne, le Bitcoin est sale, réservé aux criminels comme sources d’accroissement des inégalités. Bien entendu, cela est faux comme l’a parfaitement expliqué Alexandre Stachtchenko dans cet article. Mais cela n’empêche que, pour une bonne partie des Français, Bitcoin résonne avec Trump, réchauffement climatique, argent de la drogue et argent rapide. Autant de termes connotés négativement qui participent à associer une image peu reluisante à cet outil qui profite pourtant à la liberté de son utilisateur.

 

« Pour une bonne partie des Français, Bitcoin résonne avec Trump, réchauffement climatique, argent de la drogue et argent rapide. Autant de termes connotés négativement qui participent à associer une image peu reluisante à cet outil qui profite pourtant à la liberté de son utilisateur »

 

Vous avez évoqué l’impact des élections américaines sur le Bitcoin et l’économie mondiale. Selon vous, comment l’incertitude politique et les changements de leadership influencent-ils la perception du Bitcoin comme valeur refuge ? Doit-on être confiant avec l’élection de Donald Trump ?
À court terme, Bitcoin peut effectivement être influencé par des changements de leadership tel que nous venons de le connaître. Un président non hostile au développement de Bitcoin envoie forcément un signal aux investisseurs que l’avenir est potentiellement plus radieux qu’avec son prédécesseur. Cependant, bien que Bitcoin soit encore considéré comme un actif risqué, du fait de sa volatilité élevée, on peut également l’envisager comme une valeur refuge en cas d’incident. La souveraineté qu’il offre par son caractère incensurable et sa quantité limitée lui permet d’être l’actif à détenir par excellence en cas de crise, au même titre que l’or. Ainsi Bitcoin, peut également performer et remplir son rôle en cas d’incertitude, comme dans le cas où Kamala Harris aurait remporté l’élection.
Mais si l’on se concentre sur le long terme, Bitcoin conserve toujours la même proposition de valeur : une monnaie ne nécessitant aucun intermédiaire et limitée à 21 millions d’unités. Cela fait donc de lui un outil formidable pour toute personne souhaitant échapper à l’inflation de nos monnaies FIAT à cours forcé.

 

« Cela fait de Bitcoin un outil formidable pour toute personne souhaitant échapper à l’inflation de nos monnaies FIAT à cours forcé »

 

Vous faites souvent référence au concept de la “Grande Réinitialisation” (Great Reset) et à une possible transition vers un modèle économique alternatif. En quoi le Bitcoin peut-il, selon vous, s’intégrer dans cette vision et même en devenir un pilier ?
Le modèle mis en avant par Klaus Schwab dans son livre et via son institution, le World Economic Forum, est très proche de la vision rêvée par Trotsky : l’International Communisme. Le génie de son approche est d’inclure les multinationales dans son plan pour construire ce qu’il appelle le capitalisme inclusif, ou encore le capitalisme de partie prenante. Ce qui se cache derrière ces termes charmants est une frontière de plus en plus fine entre le gouvernement et l’entreprise. : ingérence de l’état d’un côté dans l’activité de l’entreprise pour forcer l’entreprise à la mise en place du moindre de ses souhaits, et de l’autre côté, lobbyisme autour d’un verre et de prostituées de luxe, car oui, chaque année, nous constatons étrangement une arrivée massive de jeunes filles vers Davos.
Mais dans cette situation, quel est le problème me direz-vous ? C’est assez simple, les entreprises ne prospèrent plus en produisant des produits ou des services de meilleure qualité, mais en négociant en amont des contrats, ou plutôt des passe-droits avec l’État. Des lois sont par la même occasion érigées comme barrières à l’entrée pour bloquer la concurrence et capturer le marché, créant les fameux monopoles que l’État à lui-même créé, qu’il nationalisera quelques années après car devenu des fleurons nationaux trop précieux pour être perdus…
Dans cette mascarade, Bitcoin offre la possibilité de quitter la prison économique qu’ils sont en train de bâtir en vous permettant de vous affranchir des banques et de leurs investissements garantis sans risque qui financent l’État et ses amies entreprises de connivence. Bitcoin représente également la possibilité de reprendre le pouvoir sur notre monnaie et d’en avoir la pleine possession. Au revoir la promesse du WEF d’être “heureux sans rien posséder” comme l’aurait promis le parti communiste du siècle dernier.

 

« Avec Bitcoin, au revoir la promesse du WEF d’être “heureux sans rien posséder” comme l’aurait promis le parti communiste du siècle dernier »

 

La loi française de 1936, que vous mentionnez, suscite des inquiétudes quant aux restrictions imposées aux critiques sur l’état des finances publiques. Pensez-vous que cette loi pourrait limiter la liberté d’expression sur la gestion économique du pays et freiner le débat public autour de la situation financière de la France ?
En effet, la loi de 1936 est préoccupante pour la liberté d’expression et le débat public sur l’économie française. En interdisant la diffusion d’informations pouvant « nuire au crédit de l’État », elle offre un outil potentiel de censure au gouvernement sur des sujets économiques cruciaux.
D’un point de vue légal, cette restriction pourrait empêcher toute discussion sur des questions essentielles comme la dette publique, l’inflation ou les politiques monétaires. Dans un contexte économique complexe comme le nôtre, il nous semble primordial que les citoyens puissent s’informer et débattre librement des choix qui impactent leur vie quotidienne. De plus, cette loi semble particulièrement anachronique à l’ère numérique, où l’information circule rapidement et où des alternatives financières comme Bitcoin émergent.

« La loi de 1936 est préoccupante pour la liberté d’expression et le débat public sur l’économie française. En interdisant la diffusion d’informations pouvant « nuire au crédit de l’État », elle offre un outil potentiel de censure au gouvernement sur des sujets économiques cruciaux »

 

La Banque centrale européenne (BCE) a souvent pris des positions hostiles envers le Bitcoin surtout dansle contexte des crises économiques actuelles. Que pensez-vous de cette position et en quoi la croissance de Bitcoin pourrait-elle, selon vous, représenter une alternative crédible à l’euro ?
Bitcoin désigne l’infrastructure du réseau monétaire et bitcoin (avec un “b” minuscule), le jeton qui s’échange sur ce réseau. De ce constat, nous constatons que Bitcoin s’impose comme une alternative évidente aux banques centrales. Il est donc tout à fait normal que cette institution s’y oppose, celle-ci profitant aujourd’hui du monopole monétaire sur tous les pays de la Zone Euro. Année après année, Bitcoin s’affirme comme une alternative qui prend en valeur à moyen/long terme. La création d’un Euro ne nécessite aucune ressource et aucun travail, ils peuvent être créés en quantité illimité comme en témoigne la masse monétaire qui ne cesse d’augmenter. Bien que les performances passées ne préjugent pas des performances futures, il est malgré tout assez simple d’imaginer qu’à partir de ce constat quant à la difficulté de production qui leur est propre, l’avenir s’annonce bien plus radieux pour le Bitcoin que l’Euro.

 

« Nous constatons que Bitcoin s’impose comme une alternative évidente aux banques centrales. Il est donc tout à fait normal que cette institution s’y oppose, celle-ci profitant aujourd’hui du monopole monétaire sur tous les pays de la Zone Euro »

 

 

Les Français semblent ressentir un décalage entre les chiffres officiels de l’inflation et la réalité de leurs dépenses quotidiennes. Dans ce contexte, quel rôle pourrait jouer le Bitcoin pour protéger le pouvoir d’achat et comment communiquez-vous cette idée à vos utilisateurs ?

Tout d’abord nous voulons rassurer les Français en leur disant que non, ils ne sont pas fous. Il y a bien une inflation supérieure à celle annoncée par l’INSEE, organisme chargé de la mesurer. Les chiffres de l’inflation sont construits en calculant l’évolution du coût d’un panier de produits. Mais ce panier varie en fonction de ce que l’organisme pense qu’un consommateur devrait consommer. Et même s’il suit l’évolution du comportement d’achat, chaque individu s’adapte justement aux changements des prix, en diminuant par exemple la consommation de viande pour se reporter vers des substituts moins onéreux. Or, si le panier a changé pour cette même raison, que mesure-t-il vraiment ?
Face au problème de l’inflation monétaire, qui réduit la valeur de chaque unité de monnaie à mesure que davantage sont produites, il devient nécessaire de placer son argent dans un ou des actifs qui ne peuvent être produits ex nihilo.
Bitcoin est donc aujourd’hui une solution simple pour se protéger contre la destruction de votre épargne. Et ne vous y trompez pas, si vous ne le faites pas, d’autre le feront, comme le dit si bien l’économiste Saifedean Ammous auteur de l’Étalon Bitcoin : “L’histoire montre qu’il n’est pas possible de s’isoler des conséquences de la détention par d’autres d’une monnaie plus dure que la sienne.”. Posez-vous la question : avez-vous envie de finir par vendre vos objets les plus précieux, que vous avez durement obtenus, contre une monnaie de singe qui ne demande qu’un simple clic à certains pour être créée ?

Enfin, la dette croissante des États-Unis et d’autres pays pourrait représenter un risque pour le système monétaire actuel. Comment envisagez-vous l’avenir de Bitcoin comme potentiel rempart pour les épargnants face à ces crises de la dette ?
La crise de la dette est particulièrement dangereuse pour les épargnants car cela représente une fuite en avant de nos États socialistes qui ont décidé de se passer de l’impôt pour se financer, bien que déjà très élevé. En effet, nos Etats Providences dépensent chaque année plus qu’ils ne sont capables de ponctionner à leur population, ils ont donc recours à la monétisation de leur dette, qui est une autre expression pour signifier qu’ils impriment de la monnaie. Au-delà du danger de la perte de notre épargne, il est important de noter que cela accroît le contrôle que l’État va devoir mettre en place pour forcer sa population à utiliser leur monnaie fiat. N’oublions pas que leur financement ne fonctionne uniquement car nous continuons à utiliser la monnaie qu’ils impriment, sans cela ils se trouveraient ruinés.
Ceci n’est pas un conseil en investissement, mais selon nous la meilleure option qui s’offre à chacun d’entre nous est de progressivement épargner en Bitcoin pour protéger le fruit de son travail des manipulations de nos États au bord de la faillite. Leur unique solution pour alléger la charge de la dette est de recourir à l’inflation, et nous serons les premiers à en payer le prix.

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