
Michel Fize: « Emmanuel Macron en effet n’a pas besoin d’« entrer en dictature », la Constitution de la Vème République lui donne quasiment les « pleins pouvoirs »
Michel Fize sociologue et politologue, décrypte dans ce grand entretien accordé à Putsch la mégalomanie d’Emmanuel Macron et son rapport autoritaire au pouvoir. Il est également question des Gilets Jaunes et d’une révolte sociale probable et de grande intensité dans les mois à venir.
Vous avez suivi de près le mouvement des Gilets Jaunes. 5 ans après, quel est votre regard sur ce mouvement alors que la France connait une situation économique inquiétante ?
Ce mouvement, qui a été un formidable élan populaire, qui avait suscité tant d’espoir, à la fois de renouveau démocratique et d’améliorations économiques et sociales, notamment dans les catégories les plus modestes : ouvriers, employés, petits patrons et artisans en difficultés, retraités, chômeurs, étudiants, a échoué devant l’attitude intransigeante du pouvoir en place.
Cinq ans après son démarrage, la situation économique, loin de s’améliorer, s’est considérablement dégradée : les taux de chômage, de précarité et de pauvreté, sont à des taux élevés, la dette publique est abyssale et les réformes dans des secteurs-clés comme l’hôpital, l’école, la justice, les prisons n’ont pas été faites.
Le mouvement des Gilets jaunes, enfin, a échoué sur un second plan, celui de la convergence des luttes qu’il n’a jamais réussi à réaliser. Il n’y a donc toujours pas de révolte globale en France.
Comment jugez-vous le rapport à la démocratie d’Emmanuel Macron depuis 2018 ? Certains parlent à présent d’autoritarisme. Qu’en pensez-vous ?
Emmanuel Macron a une vision « représentative », c’est-à-dire élective, de la démocratie. Elu de la République, il se juge donc fort démocrate … même s’il admet l’existence d’une « fatigue démocratique » et reconnaît …