
Sophia Hocini: « Emmanuel Macron doit voir en face et dans le fond des yeux la misère à laquelle est en proie Marseille et les Marseillais »
Alors qu’Emmanuel Macron doit se rendre à Marseille, Sophia Hocini, autrice, militante associative engagée pour les droits humains, a accordé à Putsch un grand entretien. Arrivée d’Algérie très jeune, sans aucune maîtrise de la langue, elle est aujourd’hui une citoyenne française portée par la méritocratie ainsi que par sa passion de la lecture et de l’écriture. Engagée, militante associative et politique, Sophia Hocini dresse un constat sans appel des quartiers notamment à Marseille et met la classe politique face à ses errances et à ses renoncements.
Elle a d’ailleurs publié une vidéo sur les réseaux sociaux où elle interpelle Emmanuel Macron à la rejoindre pour faire un tour avec elle afin de découvrir les quartiers de Marseille en transports en commun. Un grand entretien sans concession et très vivifiant sur la réalité sociale cachée des quartiers marseillais.
Sophia, tout d’abord comment avez vous découvert l’engagement politique et le militantisme ? Vous écrivez même sur votre compte twitter « Hyperactive de l’engagement »!
Ce qui s’est passé le soir du 21 avril 2002 a été un vrai traumatisme. Après l’émotion, je crois que quelque chose de très fort s’est inscrit en moi et m’a portée naturellement dans cette voie. Je venais d’arriver en France après avoir fui les années noires en Algérie avec ma famille et tout à coup, la menace de la violence d’Etat, du racisme et d’extrémisme planaient de nouveau. Les années qui ont suivi, il a fallu se débattre pour sortir de l’extrême précarité, pour survivre.
Après la difficulté des hôtels sociaux et du non-logement, il s’agit aujourd’hui de la réalité très éprouvante de la vie dans une cité, avec tout ce que ça implique… et surtout celle du mal-logement. Je voyais bien que je n’étais pas la seule à subir cette pauvreté, les scénarios étaient et les décors étaient simplement différents.
C’est lorsque le centre social de la cité qui m’a vue grandir a fermé que j’ai vraiment décidé de m’engager il y a 12 ans pour demander à la Mairie de poursuivre les activités pour les familles du quartier, en vain.
Chaque pauvre culpabilise d’être pauvre, s’interdit d’en parler, cependant, éluder la …