La Chine resserre l’étau sur Hong Kong en réduisant l’autonomie et la liberté de l’enclave
La loi, très contestée, sur la « sécurité nationale » à Hong kong a été votée le 30 juin 2020. L’ex-colonie britannique perd ainsi un partie de son autonomie. Le gouvernement communiste de Pékin a donc décidé de ne pas écouter les appels en faveur du maintient du statut de l’enclave autonome, lancés par la communauté et la finance internationale.
Avec l’approbation de cette nouvelle loi, le gouvernement de Pékin peut désormais contourner le Conseil Législatif de Hong Kong. Cette institution était – depuis 1997 suite à la rétrocession du territoire hongkongais du Royaume-Uni à la Chine – la seule ayant le pouvoir de voter des lois pour cette ville.
Depuis plus d’un an, des milliers de partisans de l’autonomie de Hong Kong manifestent dans le rue de la ville pour ce statut ne soit pas modifié. Pékin accuse ces manifestants de faire du « terrorisme ». En ce sens, l’agence de presse officielle Chine nouvelle – contrôlée par le Parti Communiste Chinois – a déjà esquissé le contenu de la loi. Dans le courant du mois de juin, l’organe de presse étatique avait écrit que la norme votée il y a quelques jours visait à réprimer le «séparatisme», le «terrorisme», la «subversion» et la «collusion avec des forces extérieures et étrangères».
Mais, pour le manifestants, il n’a jamais été question de prétendre l’indépendance ou la séparation de Hong Kong de la Chine. Cela avait été confirmé à Putsch, en janvier 2020, par Joshua Wong l’un des leaders de la contestation. Dans une interview, le jeune activiste avait déclaré : « Je n’ai jamais évoqué l’indépendance de Hong Kong. Nous demandons simplement la démocratie, l’autonomie et des élections libres ».
Après le vote de la loi sur la sécurité nationale, Joshua Wong et d’autres figures de la contestation hongkongaise ont démissionné de leurs fonctions dans le parti pro démocratie Demosito. Parmi eux : Nathan Law (interviewé par Putsch en juillet 2019). Dans un tweet daté 30 juin 2020, Joshua Wong a déclaré : « avec des pouvoirs étendus et une loi mal définie, la ville (de Hong Kong, ndlr) deviendra un Etat de police secrète. Pour les manifestants de Hong Kong, les chances d’être extradé vers les tribunaux chinois pour être soumis à procès et être condamnés à perpétuité sont désormais élevées ».
3. With sweeping powers and ill-defined law, the city will turn into a #secretpolicestate. #HongKongProtesters now face high possibilities of being extradited to China’s courts for trials and life sentences.
— Joshua Wong 黃之鋒 😷 (@joshuawongcf) June 30, 2020
L’évolution de la situation à Hong Kong est suivie de près aussi depuis Taiwan, comme l’a confirmé à Putsch, François Wu, ambassadeur de Taïwan à Paris.
Comme rapporté par AFP, l’Union Européenne a critiqué la décision de Pékin. En répondant à l’agence de presse, Nicolas Chapuis – ambassadeur de l’UE en Chine – a estimé que la nouvelle loi « risque de miner sérieusement le principe ‘Un pays, deux systèmes’ et le haut degré d’autonomie ainsi que la prospérité de Hong Kong ». Les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ont également appelé la Chine à revenir sur ce projet.
Les Etats-Unis sont allés plus loin en annonçant l’arrêt de la vente d’équipements « sensibles » à Hong Kong. La décision vise à éviter que ces outils de maintien de l’ordre tombent dans de mauvaises mains. Washington a également décidé des réduire l’émission de visas pour les responsables chinois accusés de « remettre en cause » l’autonomie de Hong Kong.
En ce qui concerne le Royaume-Uni, Boris Johnson a annoncé, le 1er juillet, lors d’une intervention à la Chambre des Communes l’octroi du passeport des BN(O) – British Nationals Overseas (Citoyens britannique d’outremer, ndlr) aux hongkongais. Au total, il y aurait 2,9 millions de citoyens de l’ex colonie britannique, nés avant la rétrocession de 1997, étant éligibles à demander ce document. Ces citoyens s’ajoutent à quelques 350.000 personnes qui avaient un tel passeport en février (un chiffre qui a doublé depuis le début de la contestation sur place il y a un an). Pour le premier ministre britannique « la promulgation et l’application de cette loi constitue une violation claire et grave de la Déclaration conjointe » conclue par la Chine et le Royaume-Uni en 1984. Le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab a accusé la Chine d’avoir acté une « violation manifeste de l’autonomie de Hong Kong et de menace directe pour les libertés de sa population ».
Le monde financier regard aussi avec appréhension à l’ex-colonie britannique. Hong Kong est en effet l’une des places financières le plus importantes au monde.
(Photo à la une : le drapeau chinois photographié par Alejandro Luengo sur Unsplash)