Pourquoi avez-vous décidé d’investir dans la production d’un vin « hors des sentiers battus », tel que le Jurançon sec, alors que vous pouviez rester dans le confort du Jurançon ?
Parce que je me suis dit que, tout en restant fidèle aux fondamentaux du Jurançon, on pouvait améliorer une variété de ce vin. Le Jurançon sec existe déjà depuis les années 1950, mais il n’avait jamais été développé et éventuellement amélioré. Ainsi, dès 2011, avec le maître de chai de notre domaine, nous avons essayé d’innover sur ce produit. Cela s’est fait en commençant par le travail de la vigne et par le choix de la date de la vendange. Cela nous a permis de commencer à travailler des raisins mûrs mais moins sucrés et plus aromatiques.
« Je pense qu’il faut prendre conscience des changements climatiques, mais pas de façon imposée »
Quel accueil reçoit le Jurançon sec ?
Il est reçu comme un bonheur par le public. Nous sommes dans un métier où il y a un élément personnel significatif. Par exemple quand, pendant un salon du vin, on voit des centaines de personnes qui sursautent littéralement lors de la dégustation de ce vin, et dont les yeux brillent de plaisir, alors on comprend que nous ne sommes plus en mesure d’influencer leurs choix.
Parlons d’environnement. En tant que producteur de vin, avez-vous constaté des changements climatiques ?
C’est indéniable qu’il est en train de se passer quelque chose. Mais je ne suis pas en mesure de dire de quoi il s’agit. De façon générale, je pense qu’il faut prendre conscience de ces changements, mais pas de façon imposée. Il faut plutôt une prise de conscience raisonnable et applicable.
« Les décisions radicales en matière d’écologie, desservent la cause environnementale »
C’est-à-dire ?
Je pense que les décisions radicales en matière d’écologie, desservent la cause environnementale. Je me considère un « écologiste par éducation », parce que je suis né à une époque où on ne gaspillait pas l’eau, on se déplaçait en vélo et on utilisait des moyens de traction animale. On pourrait donc penser que le processus productif viticole était plus éco-compatible de celui d’aujourd’hui. Mais ce que je constate sur notre domaine c’est aussi une augmentation de la présence d’animaux sauvages et d’ oiseaux par rapport au passé. Je pense que cela veut dire qu’ils se sentent bien, dans un milieu naturel.
« Je crois qu’il faut emprunter le chemin du » bio », en particulier par la recherche de plantes résistantes aux maladies »
Donc, selon vous, vue depuis une vigne, la situation de l’environnement n’est pas si négative ?
Je répète. Il se passe quelque chose. Mais à mon avis certains donneurs de leçons, qui souhaiteraient imposer des pratiques draconiennes aux producteurs de vin et aux agriculteurs de façon plus générale, ne sont pas conscients de notre implication dans le domaine environnemental. Je pense que lorsqu’on exige l’application de mesures impossibles, on risque de devoir gérer des scandales comme celui du dieselgate, qui a touché le secteur automobile, il y a quelques années.
Et que pensez-vous du développement de la filière « bio » dans le domaine viticole ?
Je crois qu’il faut emprunter ce chemin, en particulier par la recherche de plantes résistantes aux maladies comme du temps du phylloxéra. Ce sera le meilleur moyen de supprimer des traitements.
Avez-vous l’impression que l’Etat écoute et comprend votre secteur ?
Les chercheurs et les personnes qui travaillent dans notre secteur, envoient régulièrement des informations à ceux qui sont en charge de gouverner le pays. Les gouvernements sont donc plus informés sur la situation du secteur viticole, par rapport au passé. Les citoyens aussi disposent de plus d’informations. Ainsi ils peuvent exercer une pression importantes sur les membre de tel ou tel gouvernement. Entre temps, il faut continuer à produire le meilleur vin possible.
(L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération)