(Podcast) Reportage : Rhénanie-Palatinat, l’Allemagne romantique entre vignobles et culture

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Près de la frontière entre la France et l’Allemagne, il y a une région peu connue dans l’hexagone : le « bundesland » de la Rhénanie-Palatinat. Au cours de l’histoire, ce territoire a fait partie de l’Empire Romain, du Saint-Empire Romain-Germanique, de la Prusse, de la Bavière, mais aussi de la France. Pour cette raison, la région vante un important patrimoine culturel et monumental. Elle a aussi un autre atout : le vin. Partez, avec Putsch, à la découverte de cette terre.

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Entre 1798 et 1814, cette région était divisée en quatre départements : la Roer, la Sarre, le Rhin-et-Moselle et le Mont-Tonnerre. Les points commun avec le Grand-Est français restent nombreux. A commencer par les trois artères navigables : le Rhin, la Moselle et la Sarre. Ces trois fleuves jouent, depuis la nuit de temps, un rôle essentiel pour les habitants de la Rhénanie-Palatinat aussi bien dans les villes que dans les villages bâtis sur les rives de ces cours d’eau.

Le “Coin allemand”

Si Mayence – la ville natale de Johannes Gutenberg, l’inventeur du caractère mobile d’imprimerie typographique – est le chef lieu du bundesland, d’autres villes revêtent une importance particulière pour la Rhénanie-Palatinat. C’est le cas de Trêves, l’une des villes le plus grandes et importantes de l’antiquité et de Worms, où se déroule la Chanson des Nibelungen et où, en 1122, a été signé un concordat historique entre le Saint-Empire Romain-Germanique et les États Pontificaux, pour mettre fin à la guerre pour les investitures. Coblence est également une ville symbolique pour la Rhénanie-Palatinat et, plus en général, pour l’Allemagne.

Son nom dérive du latin confluentes, c’est-à-dire confluence. Les Romains avaient fondé un champs fortifié, vers l’an 20 avant J.-C., là où la Moselle se jette dans le Rhin. Cet endroit est très symbolique pour les Allemands, qui l’ont baptisé : Deutsche Eck, le coin allemand. En 1897 a été inauguré une statue équestre de l’empereur Guillaume II, détruite par les bombardements de la deuxième Guerre Mondiale et reconstruite en 1993. Aujourd’hui, à côté de la statue, flottent le drapeau national allemand et ceux des 16 bundesland, les états composant la République Fédérale d’Allemagne.

En 2002, Coblence a été inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. En 2011, à l’occasion de l’exposition floréal fédérale Bundesgartenschau, un téléphérique a été construit pour relier le Deutsche Eck et la forteresse d’Ehrenbreitstein, située sur un rocher sur l’autre rive du Rhin. Le téléphérique permet d’apprécier une vue magnifique sur la ville et ses alentours.

Coblence. Le monument à l’empéreur Guillaume II et le « Coin d’Allemagne » vu du téléphérique (© Ghisalberti/Putsch)


La “patrie” du vin allemand

Les collines autour de Coblence et le long des rives du Rhin et de la Moselle, sont largement recouvertes de vignobles. Ici on retrouve plusieurs cépages. Parmi les plus connus figurent des vins blancs tels que : le Riesling, le Pinot, le Chardonnay. Mais également des cépages plus typiques comme le Gewurztraminer ou le Müller-Thurgau. Pour le vin rouge, on retrouve, entre autre le Dornfelder et la Blauer Portugieser.

La production du vin a démarré en Rhénanie-Palatinat, avec l’arrivée des Romains il y a environ 2000 ans. Parmi les centres le plus connus figure Maikammer, un petit village situé sur la Südliche Weinstraße, la Route du vin du sud. Depuis des siècles, le vin représente un élément essentiel de l’économie du bourg comme le confirment les luxueuses et anciennes résidences des propriétaires de domaines viticoles. Les magnifiques façades en grès de ces maisons, ont été réalisées entre le 16ème le 19ème siècle. Dans le centre de Maikammer il est possible de visiter la « vinothèque » – où les vignerons locaux exposent leur produit. L’immeuble de la « vinothèque » abrite aussi un salon décoré en style du XIX siècle appelé Gute Stube.

Maikammer est aussi la “patrie” d’une curiosité liée, elle aussi, au vin. Ou, pour mieux dire, à la façon de le déguster. Ici on avait l’habitude de boire le fruit de la vigne avec un Pfälzer Schoppen. Il s’agit d’un grand verre dont la capacité (environ 0,5 litres) a été même gravée dans une pierre-monument, située au centre du village. C’est à deux pas de ce monument, que l’on peut visiter la cave du domaine Dengler-Seyler qui produit des vins blancs et rouges. La famille propriétaire de ce domaine réserve une particulière attention, entre autres, au développement des vins biologiques.

Maikammer – Allemagne. En haut l’une des places du village. Dans le carré, le rocher pour mesurer les verres de Riesling. En bas à droite, l’indication de la Route du vin du sud (© Ghisalberti/Putsch)

 

 

Deux anciennes villas de propriétaires des vignobles de Maikammer(© Ghisalberti/Putsch)

 

Châteaux, sport et dolce vita

En Rhénanie-Palatinat il est possible de s’offrir un retour dans le temps, jusqu’au haut Moyen-âge. C’est à cette époque-là qu’ont été bâtis de nombreux châteaux encore existants à ce jour. Certes, une bonne partie d’entre eux ont été détruits lors du premier et du deuxième “ravages du Palatinat”, perpétrés par les troupes de Louis XIV, sous les ordres d’Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne et de François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, dans la deuxième moitié du XVII siècle.
Le ruines de treize anciens châteaux, situés dans la partie sud-est de la Rhénanie-Palatinat à quelques kilomètres de la frontière avec la France, ont été reliés par plusieurs parcours de VTT. Les restes du château-fort de Neudahn sont parmi les mieux conservés. Ils émergent au sommet d’une colline couverte d’arbres, à quelques kilomètres de la ville de Dahn. Le long des parcours de VTT (tous parfaitement balisées) on retrouve aussi des maisons d’hôtes conviviales, où les cyclistes peuvent s’arrêter pour manger ou aussi dormir.

Les ruines du château-fort de Neudahn (© Ghisalberti/Putsch)

 

 

Les parcours de VTT sont parfaitement balisés et équipés avec des distributeurs de pièces de rechange (© Ghisalberti/Putsch)

 

Heureusement les troupes de Louis XIV ont épargné certains châteaux, qui sont donc ouverts au public. Le plus impressionnant est le château d’Eltz. Il appartient à la Maison d’Eltz, depuis 1157. Cela explique l’exceptionnel état de conservation du bâtiment. Une fois passé, le grand portail d’entrée du château, on peut visiter la cour, les nombreuses pièces et le trésor, où sont conservés des objets historiques remarquables. Les voitures ne sont pas admises dans l’enceinte du château, il est possible de le rejoindre à pied ou à l’aide d’ un bus-navette depuis le parking, situé en amont.

Le château d’Eltz(© Ghisalberti/ Putsch)

 

 

Château d'Elz, Allemagne 3 (© Ghisalberti/Putsch)
Des objets conservés dans le « Trésor » du Château d’Eltz (© Ghisalberti/Putsch)

 

 

Deux autres vues du Château d’Eltz : depuis la route d’accès et de l’entrée de la cour intérieure (© Ghisalberti/Putsch)

 

Un autre château exceptionnel est le Reichsburg, qui domine la ville de Cochem située entre le massif de l’Eifel (d’où provenait un ancêtre de Gustave Eiffel, ndlr) et la Moselle. Aux pieds de son donjon, on a une vue imprenable sur une anse du fleuve, dont les rives sont recouvertes de vignobles. Le château n’a pas toujours été dans l’état actuel. Construit vers l’an 1000, il a été, lui aussi, par la suite presque complètement détruit par les troupes de Louis XIV. Vers la fin du XIX siècle, il a été restauré par Louis Ravené : un industriel prussien qui l’a racheté. Au milieu du siècle passé, il est devenu propriété de l’État allemand. Aux pieds du château, la ville de Cochem, elle aussi fondée par les Romains, abrite des ruelles et des places bordées de maisons à colombages et des coins très caractéristiques.

Cochem. En haut, le Reichburg et une maison à colombage du centre ville. En bas, la vue depuis le château (© Ghisalberti/Putsch)

 

L’hôtel de ville de Cochem et, sur le fond, le clocher de l’église de Saint-Martin, Allemagne (© Ghisalberti/Putsch)

 

A Boppard aussi, il y a un château, le Alte Burg (vieux château, ndlr). Celui-ci se trouve directement sur le bord du Rhin et il abrite un musée de la ville. A quelques mètres du château, se trouvent les embarcadères d’où partent les bateau de croisière qui sillonnent le Rhin et la Moselle. L’église des Carmélites se trouve, elle aussi, sur la rive du Rhin. Les vitraux originaux de cet édifice religieux sont conservés dans le Met Cloisters, le “Musée des Cloîtres” qui fait partie du Metropolitan Museum de New York.
Les ruines situées aux portes du centre, près de l’église évangélique témoignent des origines romaines de Boppard.. Dans cette ville est né Michel Thonet, inventeur du procédé pour courber le bois qui a rendu possible la production des “chaises bistrot”, connues aussi sous le nom de “chaises Thonet”

Boppard. La place proche de l’église de Saint-Sévérin (© Ghisalberti/Putsch)

 

Boppard. En haut les ruines romaines. En bas à gauche, un détail du portail de l’église de Saint-Séverin et le musée dédié à M. Thonet (© Ghisalberti/Putsch)

 

Boppard. A gauche des maisons adossées aux ruines romaines. A droite l’intérieur de l’église de Saint Séverin (© Ghisalberti/Putsch)

 

Le soleil ne manque pas dans cette partie de l’Allemagne. S’installer aux terrasses des cafés et des restaurants donnant sur les promenades sur la Moselle ou le Rhin, permet de profiter d’une sorte de dolce vita. Cette douceur de vivre se ressent aussi bien à Cochem, à Boppard, mais aussi à Traben-Trarbach et à Bernkastel-Kues. Les deux villes sont très réputées pour sa production viticole et son commerce. De plus, à Traben-Trarbach on peut visiter plusieurs dizaines de caves sur plusieurs kilomètres au dessus de la ville. C’est ici que, à la période de Noël, on peut visiter un marché de Noël très suggestif.  A quelques kilomètres de Traben-Trarbach on retrouve la ville de Bernkastel-Kues. Ici aussi le vin occupe un place de premier plan dans la vie de la cité. On propose par exemple plusieurs types de vin y compris les vin de glace dans le domaine Dr. Pauly-Bergweiler,

Bernkastel, deux vues de la ville (© Ghisalberti/Putsch)

 

Pour prolonger la découverte de la Rhénanie-Palatinat, écoutez le podcast  ci-dessous qui est disponible sur Spotify, Anchor et d’autres plateformes.

 


Infos pratiques

On peut visiter la Rhénanie-Palatinat tout au long de l’année. Cependant pour participer aux fêtes du vin, il faut préférer la période allant du mois d’aout à début septembre. La période de Noël est également très intéressante car, dans plusieurs villes et villages, des marchés de Noël sont organisés. Pour profiter de la nature, préférez-y le printemps et l’été.

Des TGV relient Paris et d’autres villes françaises à Kaiserlautern, mais également à Mayence (correspondance depuis Francfort) et Mannheim situé dans le bundesland du Bade-Wurtemberg à quelques kilomètres de la ville de Worms. Depuis la Belgique on peut rejoindre Coblence en train depuis Liège (après un changement à Cologne). On peut également rejoindre Coblence (en passant par Trêves) depuis la ville de Luxembourg.

L’aéroport de Francfort-Hahn, se trouve au centre de la Rhénanie-Palatinat. Un service de navette assure des liaisons avec, par exemple, Trêves, Coblence, Mayence, Worms… D’autres escales situées juste à la frontière du bundesland comprennent Cologne-Bonn, au nord du land de Rhénanie-Palatinat, et celui de Francfort-sur-le-Main, à l’est de la Rhénanie-Palatinat.

Pour les voyages en voiture, l’autoroute A61 relie Speyer, au Sud de la Rhénanie-Palatinat, à Bad Neuenahr au Nord. Pour plus d’informations, visitez le site de l’Office du Tourisme de la Rhénanie-Palatinat.

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