
Mathilde Chapuis : « Les attaques qui sont portées par les gouvernements européens contre SOS Méditerranée et d’autres ONG, sont très dures »
Ce roman retrace le chemin de nombreux migrants syriens qui tentent de traverser le Mériç, le fleuve-frontière qui sépare la Turquie et la Grèce. Une histoire comme mille autres, invitant à porter le regard sur un autre lieu de passage des réfugiés, aussi dangereux que la Méditerranée. Rencontre avec Mathilde Chapuis.
Le choix de situer le point de départ de votre livre sur les rives du fleuve-frontière entre la Turquie, la Grèce et la Bulgarie, sert à rappeler que la crise des migrants ne se déroule pas que en Méditerranée ?
Disons plutôt que, pour l’intrigue de mon récit, le fleuve m’intéressait davantage que la mer. Le fleuve circule, chemine, relie des villes à d’autres, et en même temps délimite et sépare. C’est un élément symbolique fort. Et puis je voulais plonger le lecteur dans la solitude d’un homme qui tente le passage et se confronte seul, à l’insu de tous, à des conditions de traversée hostiles. Ce qui n’aurait pas été possible en racontant une traversée en mer où les passages se font collectivement. Mais mon intérêt pour le fleuve Meriç-Evros ne signifie pas que je hiérarchise l’importance des différents lieux de trafics migratoires. Les médias mettent l’accent sur ce qu’il se passe en Méditerranée et c’est parfaitement compréhensible : elle est la voie maritime la plus meurtrière au monde pour ceux qui doivent voyager …