Sylvie Dutot : « Si des historiens rechignent encore à ne pas appeler un chat un chat, c’est pour ne pas subir les foudres de certains confrères adorateurs de Robespierre, encore très influents »
Sylvie Dutot a co-fondé avec son mari (aujourd’hui décédé), Histoire Magazine alors que le secteur a déjà de nombreux titres. Mais sa ligne éditoriale et le choix de ces sujets sortent délibéremment des sentiers battus. Déjà de grandes plumes participent à sa densité et aux réflexions menées sur des pages de l’Histoire parfois oubliés ou souvent méprisées. Sylvie Dutout, dans cet entretien, revient sur la création de ce magazine et décrypte pour nous la place de l’Histoire dans un pays comme la France, son enseignements et ses choix éditoriaux.
Quel est votre rapport à l’histoire et à quand remonte-t-il ?
Cela remonte à 2004 et ma rencontre avec mon mari Christian, décédé il y a deux ans. Il était historien, et les circonstances de la vie, sa maladie découverte six mois après notre mariage, nous ont amenés à abandonner tous les deux nos carrières respectives, lui dans l’enseignement, moi dans la gestion du patrimoine. Nous voulions profiter de chaque instant ensemble et nous avons créé une activité d’édition dans le domaine de l’histoire. Mais à y réfléchir, j’ai toujours été attirée par la dimension historique dans toutes mes activités professionnelles auparavant, que ce soit dans la musique ou dans l’immobilier des biens d’exception.
Vous faites un lien entre l’apprentissage de l’Histoire et l’identité d’un peuple. Pouvez-vous détailler pour nous cette passerelle ?
Alexandre Soljenitsyne disait : « quand on veut tuer un peuple, il faut d’abord détruire ses racines ». L’identité d’un peuple se forge dans le temps, de génération en génération, par une histoire commune, dans laquelle chacun se reconnaît et s’identifie. Il faut avoir envie de s’y reconnaître. La philosophe Simone Weil disait : « Pour aimer la France, il faut sentir qu’elle a un passé ». C’est la raison pour laquelle il faut connaître l’Histoire de France pour prendre conscience de la richesse de cet héritage, et de nos racines. C’est par …