Elizabeth May : « Le CETA ne règle pas les inégalités sociales, les atteintes aux droits de la personne et risque d’aggraver les changements climatiques »

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Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada a accordé une interview à Putsch à quelques heures de l’étude du Ceta, traité de libre-échange, par les parlementaires français à l’Assemblée nationale. Elle dénonce un traité dangereux pour les deux pays, notamment pour les filières agricoles, son impact sur le climat et également sur la perte de souveraineté des Etats qui pourront se voir attaquer par des grandes entreprises si celles-ci estiment que le droit national va à l’encontre de leurs intérêts.

propos recueillis par

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Avec 6 autres députés du Parlement canadien,Elizabeth May a co-signé une tribune, publiée hier sur France Info où elle appelle les députés français à ne pas ratifier le CETA voulu par Emmanuel Macron. Elle explique à Putsch les raisons de ces craintes et ce qu’elle prévoit comme conséquences de ce traité au Canada.

 

Elizabeth May, vous avez voté contre la ratification du CETA au Parlement canadien. Qu’est ce qui vous a incité à ce refus pour ce traité de libre-échange?
Ce traité va nuire à notre système de gestion de l’offre dans le domaine de la production laitière qui a permis à nos producteurs de vivre de l’agriculture. De plus, ce traité permettra à des investisseurs européens d’attaquer nos lois environnementales et de droit de travail quand celles-ci iront contre leurs intérêts.

 

« Le CETA permettra à des investisseurs européens d’attaquer nos lois environnementales et de droit de travail quand celles-ci iront contre leurs intérêts »

 

Vous avez co-signé une Tribune parue hier matin en France dans laquelle vous déplorez une limitation du temps de débat sur ce traité au Parlement canadien, pourtant ratifié. Pensez-vous que le fait de ne pas pouvoir débattre sur ce traité pendant un temps plus long au Québec était volontaire?
Le débat a duré trois jours à la Chambre des communes sans entendre la voix des groupes et des associations de notre société civile. Le biais pro-traité du gouvernement majoritaire à la veille d’une élection fédérale en est la cause.

Votre inquiétude est palpable concernant les agriculteurs de deux pays après la signature de ce traité. Quelles sont vos craintes à leur sujet?
La production artisanale de fromage locale va souffrir. Au Québec, notre crainte est que certaines fromageries locales ayant des produits de grandes qualités risquent de faire faillite. Une production locale pour une consommation locale est une des valeurs fondamentales du Parti vert du Canada. Ce traité va nuire à cette valeur.

Vous soulevez également un point important concernant la possibilité par les grandes entreprises de contester la décision des Etats. Pensez-vous que c’est un recul de la souveraineté de ces mêmes Etats qui perdraient leurs prérogatives?
Absolument. De plus, les différents entre entreprises et les États seront traité par des simili-tribunaux privés, dont les règles de procédures ne sont pas équitables qui se démarquent des tribunaux civils de notre pays.

En somme, pensez-vous qu’il est possible de renégocier le traité ou carrément de ne pas le ratifier et l’abandonner?
Ce traité n’offre rien de bon. Sa ratification permettra aux grandes sociétés industrielles de contester nos politiques et lois de protection de l’environnement. Ce traité va nuire à nos agriculteurs.

« Sa ratification permettra aux grandes sociétés industrielles de contester nos politiques et lois de protection de l’environnement »

 

Pensez-vous que les parlementaires français suivront votre appel?
Nous l’espérons de tout cœur! Le commerce entre nos pays et nos continents est important et va continuer. Mais ce type d’accord commercial apporte plus de problèmes que de solutions. Ce traité ne règle en rien les inégalités sociales, les atteintes aux droits de la personne et risque même d’aggraver les changements climatiques.

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