Luīze Pastore : “Dans mes livres, j’essaie de faire comprendre aux enfants que le passé est intéressant”

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Auteur lettone de livres pour enfant très prolifique, Luize Pastore a connu un grand succès avec une série d’enquêtes autour d’œuvres d’art de son pays. Elle a expliqué à Putsch, pourquoi il est important d’intéresser les plus petits à l’art, à l’histoire et aux traditions.

propos recueillis par

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Pourquoi avez vous choisi d’écrire une histoire autour de ce tableau ?

D’abord parce que je trouvais que ce style artistique était facilement compréhensible par les enfants. Après, en continuant l’histoire, on arrive à toucher des styles artistiques plus compliqués. Pour moi, le style Art Nouveau, c’était la façon la plus facile pour attirer l’attention des enfants, de leur raconter l’histoire de ce tableau. Puis, aussi, de les intéresser à d’autres œuvres d’art.

En effet “A la recherche du singe perdu” n’est pas le seul livre pour enfants autour de l’art que vous avez écrit…

Oui, celui-ci est, pour l’instant, le seul traduit en français. J’ai écris cinq autres livres qui ont été traduits en anglais et dans d’autres langues.

 

« Ma “grande” mission est d’écrire sur des choses lettones »

 

En tant qu’auteur jeunesse, pensez-vous avoir une sorte de “mission”, vis-à-vis des jeunes générations ?

Mes livres s’adressent à des lecteurs âgés de 7 à 12 ans. Je pense que ma “grande” mission est d’écrire sur des choses lettones, sur les enfants lettons de la ville de Riga en particulier ou encore sur les artistes lettons. Cependant je ne veux pas jouer le rôle d’un enseignant.

Peut-on dire que vous vous limitez à ouvrir une fenêtre ?

Oui, j’ai simplement offert l’opportunité de jeter un coup d’oeil sur une oeuvre d’art. Ensuite, si les enfants apprécient, ils peuvent peut-être avoir envie d’aller visiter un musée. Donc mon but principal est d’intéresser les enfants à l’art. Mais je ne dois pas les éduquer.

 

« C’est plus facile d’écrire des livres pour enfants parce qu’ils n’ont pas vécu l’époque soviétique et ils n’en ont pas souvenir »

 

Dans ce livre vous avez également abordé le thème du passage du temps. Ceci a été pour vous un moyen pour parler aussi de l’histoire ?

J’ai essayé de faire comprendre aux enfants que le passé est  intéressant. Les personnes avaient des vies passionnante même avant l’arrivée des téléphones portables ou des tablettes. Par exemple, l’un de mes livres raconte l’histoire d’un artiste qui a vécu pendant la période soviétique. Mon intention était de faire comprendre aux enfants comment était la vie de leurs parents quand, ces derniers, avaient leur âge.

Couverture « A la recherche du singe perdu » (copyright Ed. Courtes et Longues)

 

Pensez-vous qu’il soit possible de parler, de nos jours, de la période soviétique aux enfants ?

C’est possible d’en parler avec les enfants mais pas avec les adultes (rires). On peut avoir des discussions animées sur cette époque-là. C’est plus facile d’écrire des livres pour enfants parce qu’ils n’ont pas vécu pendant l’époque soviétique et ils n’en ont pas de souvenirs. Bien sûr, je choisis les faits dont je vais parler.

On approche du trentième anniversaire de la fin du communisme. Il y a des jeunes adultes qui sont nés après la chute du Mur de Berlin ou de l’indépendance de la Lettonie. Même avec ces personnes est-il difficile parler de l’époque soviétique ?

Oui parce que l’histoire occupe une bonne partie de nos conversations quotidiennes. Par exemple, je suis née quelques années avant ces événements mais j’ai des souvenirs bien précis. Même si j’étais petite, à l’époque, je me rappelle ce qu’était vivre dans l’Union Soviétique.

 

« Je crois que je pourrais écrire sur des artistes lettons qui se sont installés à Paris, ou en France »

 

Dans votre travail, vous inspirez-vous d’expériences de littérature pour enfants, faites en France ou dans des pays francophones pour les inviter à découvrir l’art ? Par exemple les livres publiées par les musées, destinés à l’enfance ?

Je suis anglophone, donc c’est plus facile pour moi de lire l’anglais. Je parle également danois et suédois. Je trouve très intéressant ce qui est fait dans ce Pays. Cependant au début de mon activité, je me suis renseignée sur ce qui avait été fait dans le domaine des livres d’arts pour enfants. En France, il y a beaucoup de publications de ce type, que j’ai trouvé très intéressantes. Ce que j’ai voulu faire, c’était quelque chose de différent par rapport à l’offre disponible dans le monde francophone ou anglophone. En général, il y a des livres qui résument l’histoire ou qui sont une sorte de mini biographie d’un artiste mais il n’y a pas de volumes qui parlent d’enfants découvrant l’art. Des éditeurs m’ont aussi demandé d’écrire au sujet de la Mona Lisa, ou sur Van Gogh par exemple. Je ne l’ai pas fait parce qu’il y a déjà beaucoup de livres dédiés à ces sujets. En revanche il n’y avait rien sur les artistes d’ici comme, par exemple Mark Rothko, qui est né et a grandi en Lettonie avant de partir aux USA avec sa famille.

Si vous deviez écrire un livre pour enfants sur l’art ou les artistes français ou des pays francophones, quel choix feriez-vous?

Il y a beaucoup de sujets possibles. Je crois que je pourrais écrire sur des artistes lettons qui se sont installés à Paris, ou en France, pour exprimer leur talent. Quelqu’un qui parle aussi de son regard sur la France avec un regard letton.

 

 

 


“A la recherche du singe perdu”

de Luize Pastore
(Illustrations : Elisa Braslina. Traduction : Nicolas Auzanneau)
Editions Courtes et Longues
68 pages – 15 euros
ISBN : 978-2-35290-200-3

 


D’autres livres du même auteur traduits en d’autres langues :

« Dog Town » (disponible en anglais et en estonien)

 


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(crédit images. A la une : Luize Pastore, © Gatis Gierts. Dans l’article : la couverture de « A la recherche du singe perdu », © Editions Courtes et Longues et le portrait de l’auteur réalisé par Elina Braslina, © Elina Braslina)

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