En marge du 37e Marché de la Poésie, la famille des petits hommes-vers célèbre Pierre Seghers et Michel Baglin, deux poètes préoccupés autant par le souci de donner la parole aux autres que par le rayonnement de leur œuvre personnelle.

Deux rééditions viennent à point nommé leur rendre hommage. Pierre confie « Ce n’est pas facile d’être un homme, entre des parois verticales / qui montent indéfiniment et se renversent tout à coup ». Michel tend une main amie « A tous ceux qui, sachant qu’il est une même nuit derrière la parenthèse que devant,/n’ont renoncé ni à user de l’outil, de la guitare ou de l’encre, ni à soigner les corps,/ni à planter des arbres ».

Les éditions Bruno Doucey proposent, de Pierre Seghers, « Dis-moi, ma vie », suivi de « Qui sommes-nous ? », 14 euros

Qui sommes-nous ?
Des effarés, des aveugles courant sans cesse
Les escarbilles d’un brasier où nous nous jetons en hurlant
Une salive suicidaire
Des hors-la-loi de culs-de-sac, la purulente négation.
Nous étions pourtant faits pour rire
pour aimer et mourir, calmes dans un jardin
où jouaient les enfants. Nous voici livrés aux supplices
Furieux de bruits et de pouvoirs,
bouffons de grelots et d’erreurs

Rhubarbe a le bon goût de réimprimer « L’alcools des vents », de Michel Baglin. 12 euros.

Je suis d’ici, sans doute, mais ici est vaste et
comprend même un peu d’ailleurs, un peu d’hier,
des terres à déchiffrer autant qu’à défricher.
Ici n’est pas acquis, pas même à portée de main,
à peine à portée d’outil.
Ici est là-bas, surtout, sur l’écran où le langage le
projette.
Tenu à distance, je n’ai que les images du
poème pour l’approcher
et je leur rends grâce de m’aider parfois à le
rejoindre

Passant, découvre-toi. C’est la beauté qui fait l’aumône…

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